Le secrétaire national FSU des inspecteurs du travail se suicide dans les locaux de son ministère

mardi 10 mai 2011.
 

1) Luc BEAL-RAINALDY a brutalement mis fin à ses jours dans les locaux du ministère du travail

Communiqué de presse du SNU TEFE-FSU

Pourfendeurs de toutes les formes d’injustice, militants syndicaux opiniâtres, Luc et Tassadit ont longtemps milité dans les rangs de la CFDT, participant activement à la construction de l’opposition à la ligne confédérale ; puis ils ont rejoint le SNUTEFI et la FSU au début des années 2000 et ont pris une part prépondérante à la construction du SNU TEFE, secteur du ministère du travail.

Fidèle compagnon de route, Luc, conjointement avec Tassadit, aura mené jusqu’au bout le combat tant au sein du ministère du travail (où il avait été promu récemment Inspecteur) qu’à l’extérieur en s’investissant – entre autres - dans nombre de luttes aux côtés des « sans » ; il représenta le SNU TEFI et la fédération dans la longue bataille des travailleurs sans papiers dans les rassemblements, manifestations et dans les négociations avec les ministères de tutelle. Luc était également présent dans les actions menées par les chômeurs en lutte. Il avait faite sienne la devise « tout ce qui est humain est nôtre » et insufflait cet esprit dans le SNU TEFE dont il était secrétaire national. Luc était un homme de convictions, dévoué et sincère dans ses engagements ; c’était aussi un camarade et un inspecteur du travail avec une sensibilité à fleur de peau, chaleureux et accueillant, avec toujours cet œil malicieux qui vous guettait derrière ses lunettes…

Il est difficile d’imaginer la permanence du SNU TEFE et ses réunions sans cette tignasse blanche cachée derrière son écran d’ordinateur ou menant les débats d’un Conseil National ! Et pourtant…

Luc BEAL RAINALDY a « brutalement » mis fin à ses jours ce mercredi 4 Mai 2011, nous laissant désemparés, abasourdis et profondément tristes ; sa disparition est une grande perte pour le syndicalisme, une grande perte tout court. Il était le genre d’homme que l’on souhaiterait pouvoir côtoyer sans fin parce que tout simplement humainement précieux.

Au-delà de l’immense peine et de l’incompréhension ressenties, ce geste intervient dans un contexte où le rouleau compresseur de la RGPP déstabilise les individus et les missions du Ministère du Travail.

La dureté des relations sociales au sein de ce Ministère (suprême paradoxe !), ainsi que celle des relations intersyndicales l’affectaient profondément. Le rythme effréné des réformes, qui broient les services de l’Etat et leurs agents et détruisent les valeurs du service public, et l’incessant simulacre de dialogue social auront conduit Luc à l’épuisement et à une impasse, lui qui cherchait constamment l’unité syndicale et était en colère devant l’injustice.

En ce jour pénible, toutes nos pensées vont à Tassadit, sa compagne, et à ses enfants, Naïma et Samuel et à leurs proches.

Elles vont aussi à tous les camarades qui viennent de perdre un militant exemplaire et pour certaines ou certains un véritable ami, ainsi qu’à nombre de militants du SNUTEFI (et particulièrement du SNU Pôle Emploi) qui ont bien connu Luc pour avoir mené avec lui nombre de combats communs.

Paris, le 5 mai 2011

2) Drame chez les inspecteurs du travail

Le secrétaire national du syndicat SNU-Tefe, Luc Beal-Rainaldy, s’est donné la mort mercredi dans le bâtiment du ministère du Travail où se trouvait sa permanence syndicale.

Le symbole est terrible. Mercredi matin, le secrétaire national du SNU-Tefe, syndicat des inspecteurs du travail né d’une scission de la CFDT et rattaché depuis 2002 à la FSU, s’est donné la mort en se jetant dans les escaliers du bâtiment de la direction de l’administration générale et de la modernisation des services (Dagemo), à Paris. Luc Beal-Rainaldy, cinquante-deux ans, marié et père de deux enfants, travaillait à mi-temps dans les services de l’inspection du travail à Nanterre et tenait, le reste du temps, la permanence syndicale à la Dagemo.

Hier au SNU, les militants étaient sous le choc d’un « drame absolu, que personne n’a vu venir » selon Pierre Mériaux, responsable national. Choc aussi après la réaction du ministère  : « Sous prétexte que Luc a laissé une lettre à sa famille, le ministère a communiqué sur le fait qu’il s’agit d’un drame personnel », s’étrangle-t-il. Le militant admet qu’un suicide est « forcément multifactoriel », mais « lorsqu’il se situe sur le lieu de travail, les raisons ne peuvent être strictement personnelles. Au SNU, on a tous le sentiment que son geste est très lié à la dureté du mandat syndical dans la fonction publique depuis quelques années. Face au bulldozer de la RGPP (révision générale des politiques publique – NDLR), le dialogue social est réduit à zéro, la hiérarchie n’en a rien à faire de ce que disent les syndicalistes. C’est usant pour les militants. » Sans révéler le contenu de la lettre, le SNU dénonce dans un communiqué la « dureté des relations sociales au ministère », le « rythme effréné des réformes qui broient les services de l’État et leurs agents », ayant conduit Luc à un « épuisement » et à une « impasse ».

Sylvie Denoyer, secrétaire générale de l’Unas CGT, côtoyait le militant depuis trente ans : « Le choix du suicide sur le lieu où il exerçait son mandat n’est pas neutre. La Dagemo, c’est là que sont présentés tous les projets de restructuration contre lesquels nous, militants, devions donner de l’espoir aux agents, tenter d’améliorer le rapport de forces. Face à ce chantier de démolition, comment être à la hauteur, garantir une issue positive aux revendications du personnel ? Le mandat était très difficile, dans la dernière période notamment. » Selon cette collègue, Luc avait aussi mal vécu son changement de poste il y a deux ans : jusque-là contrôleur du travail à Paris, il était passé inspecteur, mais la direction ne lui avait proposé aucun poste de terrain, malgré la mobilisation de son syndicat. Il avait alors dû choisir une mutation dans les Hauts-de-Seine pour trouver un emploi plus proche de la mission de contrôle.

Fanny Doumayrou


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