Avec Wauquiez, la droite poursuit sa guerre contre les chômeurs (Gauche Unitaire)

mercredi 18 mai 2011.
 

La droite est en campagne. Elle s’est trouvée un ennemi : les pauvres, les chômeurs, ceux qui seraient des « assistés ». Xavier Bertrand avait dégainé le premier en attaquant les chômeurs qui refusent des emplois de serveur payés 2 100 euros nets à Aix-les-Bains (offres inventées de toute pièce et introuvables sur le site de Pôle Emploi). Laurent Wauquiez vient de surenchérir en dénonçant le « cancer » de l’assistanat et en annonçant une proposition de loi qui obligerait les chômeurs à travailler 5 heures par semaine pour des travaux d’intérêt général, et qui plafonnerait le cumul des minimas sociaux à 75% du SMIC, soit 802,58 euros pour une famille ! Ces mesures, qui seraient inspirées par le conseiller de Sarkozy proche de l’extrême droite Patrick Buisson, visent également les étrangers qui devront maintenant avoir travaillé 5 ans pour bénéficier des minimas sociaux. Les exemples avancés par le ministre Wauquiez censés prouver qu’une famille au RSA touche plus qu’une famille vivant avec un SMIC sont totalement faux. Qu’importe ! Il s’agit avant tout de provoquer, de créer la polémique, d’occuper l’espace médiatique en focalisant l’attention sur un terrain que la droite croit plus favorable.

C’est une politique profondément anti sociale qui vise à diviser les travailleurs entre eux et à appauvrir encore plus les classes populaires qui ont subi de plein fouet les conséquences de la crise économique. Pour une famille de plus de deux enfants et touchant le RSA, le plafonnement des minimas sociaux entraînerait une diminution brutale du niveau de vie. L’obligation pour les bénéficiaires de RSA de fournir 5 heures de travail hebdomadaires (comme l’accueil de services publics, ou la surveillance des sorties d’école) est contradictoire avec le fait que les bénéficiaires de RSA se doivent de suivre une démarche de recherche d’emploi active et suivie. Cela revient en fait à mettre en concurrence des chômeurs qui travailleraient de fait « gratuitement » et des salariés qui s’occupent de ces taches souvent dans le cadre de contrats aidés de 20 heures hebdomadaires. Ce sont les plus précaires qui sont opposés les uns aux autres.

Pour Laurent Wauquiez il s’agit de retrouver « un équilibre entre les droits et les devoirs. Il me semble que l’on dérive trop vers une société dans laquelle les individus ont des « droits à », sans qu’ils prennent le temps ou la peine de faire aussi un petit quelque chose pour la société. » Pour les dirigeants de l’UMP, c’est des devoirs pour certains et beaucoup de droits pour d’autres ! Depuis des années, le chômage et la précarité n’ont cessé de se renforcer, alors que les profits des grandes entreprises, des banques et de la finance ont atteint des sommets vertigineux. La dernière enquête de l’INSEE sur l’évolution des inégalités de revenu en France remet les choses à l’endroit. Elle rappelle qu’en 2008, « le niveau de vie moyen d’un chômeur est ainsi inférieur de 34,8 % à celui d’un actif occupé et de 27,0 % à celui d’un inactif. » Et des travailleurs de plus en plus nombreux ont également un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. Les difficultés matérielles touchent également les classes moyennes, chômeurs comme salariés. Pour les très riches, par contre, la situation est excellente : les 0,1% les plus riches (qui bénéficient d’un niveau de vie supérieur à 732.000 euros par an) ont connu la plus forte progression de revenus du pays entre 2004 et 2008 (+18,8%). Pour les 0,01% les plus riches, la progression a été encore plus importante : et +32,6% par rapport à 2004. Où sont les vrais privilégiés ?

Pour ces derniers, Laurent Wauquiez n’a pas l’impolitesse de leur demander « un petit effort pour la collectivité » ni de les comparer à un « cancer », puisqu’il compte sur eux pour financer son micro parti politique « Nouvel Oxygène ». Le journal Le Point avait révélé que Laurent Wauquiez, alors secrétaire d’Etat à l’emploi, s’était rendu fin juin 2010 à Londres pour rencontrer des banquiers et des gérants de fonds spéculatifs de la City pour financer ses activités politiques, une pratique devenue célèbre avec l’ancien ministre et trésorier de l’UMP Eric Woerth. Laurent Wauquiez serait il un assisté qui s’ignore ?

Les initiatives de la droite française s’inscrivent en fait dans une offensive des gouvernements européens qui répondent à la crise économique qui frappe l’Europe en accentuant la concurrence entre salariés, en commençant par cibler les chômeurs. En Angleterre, le gouvernement conservateur de David Cameron a imposé l’obligation de travailler 30 heures par mois pour les chômeurs qui auraient « abandonné toute recherche d’emploi » ou seraient soupçonnés « d’exercer une activité non déclarée« . En Allemagne, le principe d’un « travail civique » qui devrait être fourni par les chômeurs qui touchent des allocations est débattu. C’est en fait la mise en pratique d’une des stratégies anti sociales qui sont synthétisées dans le Pacte Euro Plus imposé par Sarkozy et Merkel à l’échelle européenne et qui visent à renforcer l’exploitation du salariat de façon considérable. Surtout, ces politiques démontrent en fait l’incapacité des gouvernements à résoudre réellement la question du chômage.

La question du chômage n’est pourtant pas une fatalité. C’est avant tout une question de choix politique et de sortir de la logique de soumission aux actionnaires et aux marchés financiers. Réduire le temps de travail entre tous, sans annualisation ni diminution de salaires serait possible en remettant en cause l’accaparement des richesses produites par les actionnaires. Cela permettrait de créer rapidement plusieurs centaines de milliers d’emplois. Cela devrait se combiner avec la création de droits nouveaux des salariés dans les entreprises, avec l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des profits et par la création d’un pôle financier public qui oriente le crédit vers les investissements socialement et écologiquement utiles. Cela veut dit mettre en œuvre une politique réellement de gauche, qui défende jusqu’au bout les intérêts de salariés. Alors que la droite a fait exploser les revenus des plus riches et veut plafonner les revenus des chômeurs, une politique de gauche limiterait drastiquement l’échelle des revenus de 1 à 20 dans le privé comme dans le public et augmenterait les salaires et les minimas sociaux pour permettre à chacun de vivre dignement. Ce sont bien deux politiques inconciliables, deux politiques de classe. Un débat central à mener dans les prochaines échéances politiques.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message