Bilan Sarkozy : Quatre ans de régression

mardi 24 mai 2011.
 

A l’occasion du 4ème anniversaire de l’élection de Nicolas Sarkozy, l’Elysée a édité une brochure vantant l’action entreprise depuis le 6 mai 2007. Son titre est déjà tout un programme : « La France avance ». Elle avance effectivement, mais dans le mauvais sens. Tour d’horizon.

La Rupture avec la République

Nicolas Sarkozy a appliqué son slogan de campagne : la « rupture ». Rupture il y a eu, avec la République et ses principes.

Dès l’été 2007, l’égalité devant l’impôt a été mise à mal avec l’abaissement du bouclier fiscal à 50% et la quasi-suppression des droits de succession. Il y a aussi eu rupture dans l’égalité d’accès au service public avec les fermetures de tribunaux et d’hôpitaux, la libéralisation de la carte scolaire, les franchises médicales... La transformation de la Poste en société anonyme restera un symbole. L’objectif recherché par l’UMP est en passe d’être atteint puisque l’Arcep, l’autorité de régulation, notait dans un communiqué du 6 mai 2011 que « la qualité du service universel postal a connu une baisse marquée en 2010 ». De même, l’explosion des prix du gaz, de l’électricité et du logement, encouragée par les lois NOME et Boutin constitue une rupture avec le droit au logement et à l’énergie.

La rupture s’est aussi appliquée à l’université. Jusqu’ici, le modèle républicain visait à répartir les équipements d’enseignement supérieur dans une logique d’aménagement du territoire. Avec la loi LRU, voté dès l’été 2007, c’est un tout autre modèle qui a été imposé : autonomie, concurrence entre universités, concentration des moyens publics sur quelques fleurons, rapprochement avec les entreprises.

Mais Sarkozy n’a pas seulement rompu avec l’égalité. Il a aussi rompu avec les autres principes républicains. La liberté a été mise à mal par les nombreuses lois sécuritaires, la généralisation du fichage génétique, le développement de la vidéosurveillance. La fraternité a beaucoup souffert des multiples lois contre les immigrés, du débat sur l’identité nationale, de l’opposition entre salariés du privé et du public. La laïcité a été très tôt attaquée lors du discours de Latran, où N. Sarkozy vanta la supériorité du curé ou du pasteur sur l’instituteur de la République.

Enfin, la souveraineté populaire elle-même, fondement de la République, a été bafouée - avec l’aide du PS - dès 2007 avec l’adoption sans référendum du traité de Lisbonne dont le contenu avait pourtant été rejeté par le peuple en 2005.

Utiliser la crise

Dès le début de la crise financière, Sarkozy a révélé son état d’esprit : « La crise appelle à accélérer le rythme des réformes, en aucun cas à l’arrêter ou le ralentir » (discours de Toulon, 25/09/08). Pour lui, la crise est une opportunité pour aller plus loin dans la remise en cause des droits sociaux et accentuer la logique à l’œuvre depuis 2007.

La crise a d’abord permis au « président du pouvoir d’achat » de se dégager de ses promesses sur le pouvoir d’achat et l’emploi sur le registre du « qu’est-ce que vous attendez de moi, que je vide des caisses qui sont déjà vides ? » et du refus de toute hausse du SMIC depuis 2007 au-delà de l’obligation légale ! Elle a aussi permis au gouvernement de masquer sa responsabilité dans l’importance des déficits et dette publics. Le sauvetage du système bancaire, sans contrepartie, apparaît comme la source des difficultés alors que les mesures fiscales décidées depuis 2007 sont les premières responsables (baisse de TVA dans la restauration, suppression de la taxe professionnelle, loi TEPA).

Par ricochet, la crise justifie l’austérité salariale et les suppressions de postes dans la fonction publique (100 000 entre 2007 et 2010 et ce n’est pas fini) alors que cette politique est en place depuis 2007 avec la RGPP. La crise économique a été allégrement utilisée pour justifier le report des âges de départ en retraite. Et l’explosion du chômage devrait être bientôt le prétexte à une nouvelle offensive après celle de 2008 pour obliger les chômeurs à accepter n’importe quelle offre d’emploi !

Au niveau européen comme au niveau national, Sarkozy utilise la crise pour accentuer les dérives autoritaires et antisociales. Au nom de la sauvegarde de l’euro, il a largement contribué à imposer des plans d’austérité drastiques à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal et est à l’initiative avec A. Merkel du Pacte Euro plus, véritable machine de guerre pour imposer l’austérité à perpétuité.

C’est aussi la crise qui est à l’origine du « Grand Emprunt » censé illustrer la « politique de relance » menée par le gouvernement et qui est en fait un puissant outil de diffusion du libéralisme (exemple éloquent à l’Université avec les « Laboratoires d’excellence » (LABEX)).

L’Oligarchie au pouvoir

Après 4 ans, le roi est nu. Les objectifs réels de sa politique sont connus de tous. Si certains ont mis du temps à s’en apercevoir, le message était pourtant clair dès le 6 mai 2007 et les festivités du Fouquet’s. Sarkozy est là pour servir les intérêts de sa classe. Il fait partie de cette oligarchie qui gouverne dans son seul intérêt : bouclier fiscal puis baisse de l’Impôt sur la fortune, suppression des droits de succession, niches fiscales et sociales en tout genre, arrangements avec la morale comme dans l’affaire Bettencourt. Les nantis amis du pouvoir peuvent dormir sur leurs deux oreilles, ce gouvernement d’affairistes veille à leurs intérêts. C’est normal, c’est aussi les siens : Christine Lagarde paye moins d’ISF grâce à une disposition qu’elle a fait votée ! La seule solution pour rester au pouvoir étant de faire diversion avec les trois « i » : identité, insécurité, immigration.

Villepin précurseur

Dominique de Villepin ne mâche pas ses mots contre N. Sarkozy et sa politique. Il nous ferait presque oublier que Sarkozy, Lagarde, Bertrand et d’autres ont été ses ministres. Surtout, il a beau jeu de réclamer un « impôt citoyen » et de critiquer le bouclier fiscal à 50% alors qu’il a instauré celui à 60%. Il est facile de critiquer le recul de l’intérêt général quand on a ouvert le capital d’EDF, GDF, privatisé les autoroutes et lancé les programmes de suppression de postes de fonctionnaires (-15 000 au budget 2007 voté en 2006 !). Enfin, réclamer une « révolution de la dignité » ne manque pas de sel quand on a proposé le CPE-CNE et sa période d’essai de 2 ans !

Un PS conciliant

Le PS affirme qu’avec lui ce sera « le changement ». Pourtant, il aura été un opposant très conciliant aux principales mesures du gouvernent Sarkozy-Fillon : abstention sur la LRU, abstention sur la révision constitutionnelle permettant l’adoption du traité de Lisbonne sans référendum, soutien au « plan d’aide » à la Grèce assortie de mesures d’austérité drastiques, refus de voter la proposition de loi du Front de Gauche préservant la primauté du parlement français sur le vote du budget face à la commission européenne, accord sur l’allongement de la durée de cotisations pour obtenir une retraite à taux plein...


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