Un seul parent rime avec pas d’argent

dimanche 29 mai 2011.
 

Un rapport présenté hier devant le Conseil de Paris met en lumière la précarité subie par des foyers monoparentaux de plus en plus nombreux. Faute d’une politique familiale adaptée.

Ce n’est pas un scoop  : avec un seul salaire –si tant est qu’il y en ait un– il est plus compliqué d’élever des enfants que lorsqu’on en a deux. La nouveauté réside davantage dans l’explosion du nombre de familles monoparentales, qui rend obsolète bon nombre de dispositifs d’aides nationaux, prévus pour des configurations plus « traditionnelles ». À Paris, où séparations et recompositions sont légion, la situation de monoparentalité concernait, en 2006, 28% des foyers, contre 26% en 1999. « Un chiffre qui s’élève à 40% ou 45% dans certains quartiers populaires du 18eou du 20earrondissement », précise Ian Brossat, président du Groupe communiste et élus du Parti de gauche au Conseil de Paris.

Chargé de présenter le rapport de la mission d’information sur les familles monoparentales parisiennes, l’élu s’est donc réjoui de la décision du Conseil, qui a validé, hier, à l’unanimité, une série de mesures en faveur de ces familles. « Il était grand temps de les prendre en considération car elles sont touchées de plein fouet par une précarité croissante. D’après la CAF, 39% de ces familles vivent sous le seuil des bas salaires (1 100 euros pour deux enfants), soit quasiment deux fois plus que les familles dites classiques. » Une véritable surexposition en somme, et dont les femmes sont les premières à faire les frais, puisqu’elles sont 85% à assumer seules la garde des enfants.

Surmonter les difficultés pour la garde des enfants

Parmi les préconisations de ce rapport, la réforme de l’allocation logement destinée aux familles monoparentales, instituée pendant la mandature de Jacques Chirac, fait figure de mesure phare. Le plafond de ressources passe ainsi de 1 600 à 1 800 euros par mois et son montant est relevé de 122 à 150 euros. Mais outre les aides, d’autres propositions prévoient d’agir sur des leviers plus concrets, comme l’insertion professionnelle ou les dispositifs de garde d’enfants. « Deux problèmes souvent très imbriqués », constate Ian Brossat, pour qui il s’agit donc de permettre au parent de surmonter les difficultés de garde d’enfants afin de faciliter son accès à l’emploi. Plusieurs crèches et écoles parisiennes expérimenteront ainsi des horaires élargis à la rentrée. Ouvertes dès 7 h 20, elles proposeront un accueil avec petit déjeuner, sur le modèle de certaines villes du Val-de-Marne. Dans cette même logique, la monoparentalité devrait également devenir un critère d’attribution de places en crèche. Les enfants du 18e arrondissement de Paris découvriront quant à eux les joies du Pédibus, un système de ramassage scolaire à pied, déjà en vigueur dans d’autres villes de France.

Mais si Ian Brossat se félicite de voir associations et communes se mobiliser sur la question de la monoparentalité, l’élu s’inquiète que celle-ci ne fasse toujours pas l’objet d’un véritable débat public. « Le gouvernement ne cesse de fragiliser ces familles en les pointant du doigt, comme l’a encore prouvé le récent débat sur l’absentéisme scolaire. Il serait plus pertinent de réactualiser les dispositifs d’aides nationaux comme les allocations familiales, qui ont été mises en place en 1945 et favorisent les familles nombreuses, quand deux tiers des familles monoparentales n’ont qu’un enfant. » L’idée d’octroyer cette allocation dès le premier enfant comptait bien parmi les promesses du candidat Sarkozy, en 2007… Mais elle n’a jamais été évoquée depuis.

Flora Beillouin


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