MARIE GEORGE BUFFET AU CONSEIL NATIONAL DU PCF CE SAMEDI 16 DECEMBRE

lundi 18 décembre 2006.
 

Nous avons un réel débat avec, pourquoi le nier, des aspects contradictoires et des opinions différentes émises par les camarades dans les assemblées. Ce débat est serein et il faut le prendre dans sa globalité. Les camarades cherchent comment avancer. Avant hier dans une fédération où l’assemblée départementale avait plutôt penché pour le retrait de ma candidature, nous avons tenu un beau meeting, tout le monde s’est écouté et ,je le crois ,le parti , les hommes et les femmes des collectifs en sont sortis rassemblés. Dans d’autres assemblées, en plus grand nombre, il a été demandé de poursuivre sur notre proposition. Soyons attentifs à tout ce qui se dit et construisons du tous ensemble, dans le parti et dans les collectifs à partir de cela.

Nous les communistes,nous nous sommes fixé un énorme défi en 2002 en tirant les enseignements de l’échec de la gauche plurielle et, en son sein l’échec du PCF , nous nous sommes donnés une nouvelle ambition, je l’ai familièrement appelé, à l’époque, « révolutionner la gauche ». Et sans cesse depuis, nous avons cherché à ouvrir cette nouvelle voie à gauche afin qu’elle puisse enfin répondre aux attentes populaires et concevoir autrement la politique et l’exercice du pouvoir et ainsi battre durablement la droite et l’extrême droite.

Nous l’avons fait parce que nous pensions que chaque recul, chaque échec de la gauche ouvrait les vannes à une droite, une extrême droite toujours plus violentes contre les droits sociaux et démocratiques. Nous l’avons fait parce que nous pensions, et je le pense toujours aujourd’hui que la solution ne peut être ni dans le social libéralisme, que certains affichent maintenant clairement comme le centre-gauche, ni dans un repli contestataire ou un cartel de la petite gauche, inapte à changer la vie quotidienne alors que cela est urgent. Nous avons entamé ce combat au moment où les tenants de l’ordre établi enracinaient le bipartisme dans le pays, avec son cortège d’alternances successives, de désespérances, de souffrances sociales et démocratiques pour le monde du travail.

Cette ambition de changer la donne à gauche est-elle erronée, dépassée ?. Pour ma part, je vous le dit, c’est ma conviction, toute autre voie nous mènerait et mènerait les hommes et les femmes de ce pays dans un mur. Celui du renoncement face aux logiques libérales ou celui du renoncement au pouvoir, à changer la vie.

Ce combat nous a fait parcourir un beau chemin. 2004, 2005, 2006. nous avons contribué à ce que les hommes et les femmes de gauche, déçus par la gauche plurielle ne se replient pas dans la « petite gauche ». Nous avons affirmé le fait que la question est bien de travailler avec tous les hommes et femmes de gauche,toutes les forces de gauche qui le souhaitent pour une nouvelle majorité qui rompe enfin avec toutes ces politiques libérales. Puis nous avons apporté énormément dans la construction du programme des collectifs unitaires. Ce que nous avons fait en 2006 dans le rassemblement, nous l’avions déjà fait lors de la campagne du référendum : l’ouverture de notre temps d’antenne , l’action pour des estrades rassemblées sans à priori, celle pour développer le NON de gauche... En 2005 comme en 2006, nous portions avec beaucoup d’autres la gagne. L’enjeu, les contenus , l’espoir étaient là, nous avons gagné.

Avec tout ce chemin parcouru, les militants et militantes communistes sont aujourd’hui reconnus par beaucoup d’hommes et de femmes à gauche comme étant utiles, indispensables à la construction du rassemblement, à son ambition et à son contenu programmatique, il n’y aurait aucun sens à passer tous ces acquis par pertes et profits. Ce sont au contraire des atouts pour demain. Mais cette reconnaissance ne peut être unilatérale. Nous avons été de cette construction, d’autres l’ont été, respectons les.

Des hommes et des femmes engagés dans les collectifs du non, en 2005,dans toutes les luttes contre la droite, puis dans les collectifs unitaires, militants socialistes,communistes, écologistes,républicains de gauche, alternatifs, associatifs et syndicaux, ils et elles auraient aussi pu rester au chaud, dans leurs organisations. Ils ont fait le choix ide se retrouver pour construire une autre majorité à gauche. Vraiment eux, elles et nous, nous et elles et eux, ensemble, nous avons construit du neuf. Personne ne peut effacer cela, il faut continuer à bâtir, même si cela est difficile.

Très vite, une dynamique s’est levée, de grands meetings en ont témoignés, mais aussi des obstacles et des difficultés. D’abord parce que toutes celles et tous ceux qui étaient avec nous en 2005 dans la campagne du référendum ne se sont pas joints à notre mouvement ; une partie du non socialiste puis la LCR avec sa décision de partir seule ou encore le retrait de José Bové. Tout cela a découragé de nombreux hommes et femmes, qui y ont vu un rétrécissement de la dynamique de 2005.

Nous nous sommes heurtés ensuite au problème de la désignation du candidat et du double consensus pour le choisir. Double consensus qui s’est trouvé infaisable et qui a surtout abouti à opposer au choix démocratique des hommes et des femmes de collectifs la position d’ organisations politiques.

Mais les difficultés ne sont pas qu’à l’intérieur du rassemblement que nous voulons construire. Ne restons pas dans une bulle. Nous le constatons tous et toutes. Il y a à la fois une politisation profonde de notre peuple. Dans toutes mes rencontres, les femmes et les hommes s’interrogent sur les solutions à apporter aux grands problèmes de la société, s’interrogent sur ce qui est possible, se tournent vers un débat d’avenir... Il y a des espoirs qui grandissent mais ces exigences ne se traduisent pas, pour l’instant, sur le plan politique. Pour eux, pour elles le paysage politique est résumé, je l’ai constaté à nouveau hier dans une rencontre avec des femmes, à Ségolène Royal, Sarkozy, le Pen, et disent-elles, rien de cela ne répond à nos attentes. Pour l’instant, elles ne voient rien d’autre dans le paysage politique. J’étais avec elles , comme d’habitude nous débattions ensemble des solutions à toutes les difficultés qu’elles rencontrent. Nous avons discuté de la loi cadre contre les violences faites aux femmes mais l’espoir politique n’était pas présent. Ces femmes iront-elles vers le moindre mal ? Je ne sais pas. Justement parce qu’existent ces espoirs ces colères, ces exigences,cette politisation... Mais pour l’instant le rassemblement antilibéral ne leur apparaît pas concrètement .Il y a donc urgence à entrer en campagne. On ne peut plus tergiverser.

Comment faire ?Je crois qu’il faut être du processus de rassemblement. D’abord parce que j’entends ce que disent les camarades. J’entends ce qui se dit dans les collectifs : il n’y a pas un retournement de l’opinion qui dirait c’est terminé, c’est fini. J’entends au contraire qu’il y a une envie de poursuivre chez beaucoup . Moi aussi j’ai envie de continuer ! Ce n’est pas parce qu’il y a blocage au sommet que l’on doit se retirer ! Nous voulons continuer. Je crois que c’est le message qu’il faut faire parvenir, à. tous ces hommes et ces femmes avec qui l’on travaille :nous voulons continuer. Vouloir continuer exige-t-il que je me retire, ce qui, je le dis tranquillement, ne serait pas pour moi un problème si cela permettait la réussite réelle du rassemblement et favorisait l’engagement des communistes. Est-ce que l’on doit construire cette autre candidature communiste ? Ou peut-on être dans ce processus, continuer à construire ce rassemblement, tout en maintenant cette proposition de candidature ? Mon opinion est que retirer cette candidature serait source de nouvelles désillusions alors que pour l’instant aucune solution n’est vraiment aboutie permettant de faire ce fameux consensus et de partir dans une campagne offensive et ambitieuse. Il a été dit aux collectifs de prendre la parole. Ils ont pris la parole. Nous avons dit respect de la démocratie et de la parole des collectifs. Si une autre candidature vient, elle ne peut se négocier en dehors d’eux, entre organisations ! Alors comment poursuivre dans le processus ? Nous avons proposé, dimanche 10 décembre à Saint Ouen, que les collectifs, faisons en sorte qu’ils donnent de nouveau leur opinion. Ils l’ont fait cette semaine et ils confirment pour beaucoup à ma connaissance leur choix précédent.

Lundi, il y a une nouvelle réunion des organisations politiques. Je vous propose, si le CN en est d’accord, que l’on réaffirme lundi notre proposition ainsi que mardi au collectif national, et que mercredi, les communistes se prononcent. Et je veux que les communistes se prononcent clairement : chercher à créer les conditions d’un rassemblement autour de la proposition majoritaire dans les collectifs, ou retrait de ma candidature. Ensuite, ayons une expression très forte jeudi et vendredi en direction des hommes et des femmes de gauche pour dire qu’à partir de la légitimité démocratique des collectifs, nous les militants et militantes des collectifs souhaitons avec tous ceux et toutes celles qui veulent que le rassemblement antilibéral aille au bout, entrer en campagne pour répondre aux attentes populaires. Il y a urgence parce que si nous continuons à être absent du paysage politique, c’est fini non pas pour le PCF, mais c’est fini pour l’autre voie à gauche.

Partons et travaillons pour que amplifier le rassemblement de jour en jour, de semaine en semaine. Nous pourrions proposer un autre rendez vous pour franchir une nouvelle étape dans la campagne le 5 janvier 2007. Si l’on veut lever de nouveau des espoirs et faire en sorte que ce rassemblement ait une chance de gagner, partons en campagne à partir des choix des collectifs qui se sont réaffirmés ces jours derniers, partons en campagne avec le programme élaboré avec pour objectif « une nouvelle majorité à gauche ».. C’est mon avis . Mais la discussion est à vous, elle est ouverte. Emparez-vous en et prenons notre choix en toute conscience à la fin de cette séance et surtout mercredi lors du vote des communistes..


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