L’INFORMATION S’ARRETE A LA PORTE DE LA CHAMBRE A COUCHER

mercredi 18 juillet 2018.
 

A la faveur de l’affaire Strauss-Kahn, le débat a fait rage en France sur le point de savoir jusqu’où doit aller la recherche de l’information concernant nos hommes et femmes politiques.

D’aucuns disent qu’elle doit absolument s’arrêter à la porte de la chambre à coucher (sous-entendu : de leur chambre à coucher), d’autres, plus américanisés, disent que toute leur vie privée doit pouvoir être étalée dans les médias.

Je ne cache pas que l’affaire Strauss-Kahn a ébranlé un certain nombre de mes principes.

Jusque-là, j’étais arc-bouté sur la préservation à tout prix de tout ce qui tenait à la vie privée de tous les citoyens sans distinction. Aujourd’hui j’évolue, au moins pour ce qui concerne nos responsables politiques qui quémandent nos voix.

Il est manifeste que l’addiction, probablement maladive, de Strauss-Kahn aux femmes était connue des dirigeants du parti socialiste, en premier lieu, des autres responsables politiques, de la plupart des média. Ils ont tout étouffé, alors que quelques signaux dûment sourcés et vérifiables se révèlent au grand public.

Je veux parler de l’affaire Tristane Banon et surtout de l’affaire Piroska Nagy, seulement survolées par les média français. Je veux également parler des mœurs libertines de DSK, dont je viens de prendre connaissance.

Toutes ces affaires montrent que l’on est bien au-delà de la chambre à coucher de DSK, et que l’on est plutôt dans des lieux bien plus glauques.

Pourquoi le parti socialiste et la presse n’ont-t-ils pas accordé plus d’intérêt à la lettre de Madame Piroska Nagy, sa subordonnée au FMI, avec qui il a eu une liaison fin 2008 et début 2009 ? Dès le 17 février 2009, cette femme écrivait à un avocat : « …. je pense que M. Strauss-Kahn est un leader brillant, qui a une vision pour affronter la crise financière mondiale en cours. C’est également un homme agressif (souligné par RM), bien qu’il soit charmant. Il vient d’un pays, la France, que j’adore et où j’ai de nombreux bons amis. Mais je crains que cet homme ait un problème pouvant le rendre peu adapté à la direction d’une institution où des femmes travaillent sous ses ordres…. »

L’information a certes été donnée par quelques journaux français, mais sans volonté d’en savoir plus. Quant au PS ça ne l’a pas du tout ému. La plupart de ses dirigeants étaient même prêts à en faire notre prochain président de la République.

Pourquoi le PS et les média auraient-ils dû avoir la curiosité d’en savoir plus et surtout de publier leurs informations ?

Il me paraît incontestable qu’une telle addiction, affectant un si haut responsable, ne peut pas être sans incidence sur sa conduite des affaires publiques. Je m’explique. Il est évident que tout ce beau monde, aussi bien en France qu’à l’étranger, était au courant de la vulnérabilité de DSK aux femmes. Quoi de plus facile, dès lors, que d’introduire une belle femme, susceptible d’exciter sa libido, dans l’équipe chargée de négocier avec lui tel ou tel accord, telle ou telle convention. Tout à sa volonté de charmer cette femme, il me semble évident que sa résistance aux desiderata de l’équipe interlocutrice en serait amoindrie. Mata Hari, pendant la Première Guerre mondiale, était utilisée à cette fin.

Au-delà de l’affaire DSK, la curiosité des media doit aussi s’exercer pleinement, par exemple, dans le cas de ces femmes et hommes politiques qui font de la défense de la famille et de la moralité sur le modèle chrétien, leur credo. Si leur vie est dissolue, il est nécessaire de les mettre devant leurs contradictions et que cela soit porté à la connaissance des citoyens.

Je me résume : toute addiction maladive (sexuelle, à l’argent, à l’alcool, aux drogues,…..), susceptible d’altérer le contrôle de soi, de manière permanente ou habituelle, affectant ceux qui briguent nos voix pour occuper des postes de direction des affaires publiques ou pour représenter la France à l’étranger, doit être portée à la connaissance des citoyens. Loin de moi l’idée qu’ils ne puissent être candidats. Mais qu’au moins les électeurs sachent ce qu’ils ou elles sont.

Cela vaut, à mes yeux, que DSK soit coupable ou non coupable. Aussi, quand j’entends un Jean-Paul Huchon, laisser penser que s’il apparaissait que DSK soit innocent, il pourrait encore prétendre être candidat à l’élection présidentielle pour le PS, je me demande s’il est bien utile de faire de hautes études pour manquer à ce point de discernement et faire preuve de tant d’aveuglement.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, je suis persuadé que Nicolas Sarkozy n’est pas heureux de ce qui arrive à DSK. Il aurait tant aimé exploiter ses vulnérabilités, avec preuves à l’appui, durant la campagne.

Je vais peut-être en choquer certains. Qu’importe, je suis ouvert au débat.

Robert Mascarell

le 20 mai 2011


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