La saison des Dotations Horaires Globales venue, l’école de la République se trouva fort dépourvue…

samedi 4 juin 2011.
 

Mais contrairement à la cigale de la fable de La Fontaine, la responsabilité de l’école de la République n’était pas engagée. Nulle imprévoyance à lui reprocher. Il faut dire que les personnels de l’éducation nationale sont plutôt du genre fourmi : laborieux, dévoués, animés par l’intérêt général. La DHG, dotation horaire globale, correspond à l’ensemble des moyens attribués chaque année à chacun des établissements scolaires. C’est à partir de cette enveloppe globale que chaque établissement effectue une répartition pour établir son fonctionnement : nombre de divisions, effectifs des classes, suppression ou création de postes, etc.

Depuis 2002, l’éducation nationale paie un lourd tribut aux économies budgétaires imposées dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), et dont le dogme du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite n’est qu’une des applications les plus visibles. On a ainsi quantifié à près de 70 000 les destructions de postes depuis 2007.

C’est désormais l’os même de l’institution qui est attaqué : les 8000 enseignants en moins dans le primaire à la rentrée se traduiront par la fermeture de 1500 classes, comme l’a reconnu Luc Chatel, le 26 avril. Le même tenait ainsi une conférence de presse, dès la fin du mois de septembre 2010, pour déterminer les leviers, modalités et critères afin de parvenir à l’objectif de 16000 suppressions de postes envisagées pour la rentrée suivante. Leur examen montre un double langage, nouvelle forme de la rhétorique gouvernementale. Le levier de l’augmentation de la taille des classes avait été relevé : dans le même temps, chacun s’accorde sur la nécessité d’une plus grande individualisation des pratiques pédagogiques afin de lutter contre l’échec scolaire. Pour la seule académie de Bordeaux, le fait de relever de 28 à 29 élèves le seuil de dédoublement des classes au niveau de la cinquième a permis de supprimer une quarantaine de postes, les fameux « équivalents temps plein ». Une classe en moins dans un seul établissement, c’est déjà un tiers de poste en lettres, quasi autant en mathématiques.

Le regroupement d’établissements était prôné : dans le même temps, on vante pourtant, en paroles et à juste titre, les établissements à taille humaine afin de lutter contre la violence scolaire. En réalité, ces établissements possèdent le tort de ne pas se prêter aux économies d’échelle. La possibilité de mutualiser certaines options entre plusieurs lycées était envisagée : dans le même temps, on nous assure vouloir améliorer l’attractivité de tous les lycées par une offre élargie. En réalité, les options dites rares sont dans le collimateur du ministère. La scolarisation des enfants de deux ans est rendue impossible : les vertus de la scolarisation précoce ne sont pourtant plus à démontrer dans le processus de socialisation de certains publics. Les jardins d’éveil payants sont de la sorte favorisés alors même que la solution résiderait dans un grand service public d’accueil de la petite enfance.

La politique sourde et aveugle de destruction de postes dans l’éducation nationale pose de nouveau la question des moyens. Elle ne devrait pas être première dans le cadre d’une réflexion globale portant sur l’école : celle sur les missions pour répondre à un projet de transformation sociale, écologique et démocratique est autrement plus stimulante. Nous souhaitons pour notre part que cette dernière s’articule autour du triptyque éduquer, qualifier, émanciper, offrant ainsi la perspective d’une démocratisation accomplie comme un contrepoint à l’offensive libérale de marchandisation des savoirs et d’une école à deux vitesses.

Mais sans le préalable du retour sur les contre-réformes les plus déstructurantes de la droite, et notamment le rétablissement des postes vandalisés depuis 2002, il n’est pas de projet cohérent s’assignant la réussite de tous qui tienne. La politique actuelle se traduit systématiquement par de l’humain retranché : ces saignées dévitalisent une institution qui a pourtant plus que jamais besoin de moyens pour mener à bien ses missions.

Par François COCQ, Secrétaire à l’Éducation du PG,

et Francis DASPE, Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée.


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