Devant l’Assemblée nationale, Dominique de Villepin s’est posé en Thucydide : "En démocratie, ce n’est pas la rue qui gouverne".

Oui, mais ce n’est pas une raison pour la mépriser.

C’est la rue qui se déplace cinq fois la nuit pour amener le bassin à ta vieille maman ; la rue qui se lève tôt pour ramasser tes poubelles, nettoyer tes bureaux et ta voiture de fonction, pour que tu aies du pain frais, un café et un journal.

C’est la rue qui conduit le train, achemine ton courrier, installe les câbles électriques et les réseaux téléphoniques, répare les tuyaux pour que tu prennes un bon bain chaud.

C’est la rue qui prépare tes repas et tape tes discours.

C’est la rue qui apprend à lire aux enfants, approvisionne les rayons, taille la haie, balaye, ausculte, épluche, emballe, repasse.

C’est la rue qui cotisera pour ta retraite de premier ministre ; et, parfois, c’est la rue qui vote.

Je le dis avec une grande humanité mais je le dis avec une grande fermeté, je suis dans la rue, j’y suis bien !

Alors, ne fais pas comme Raffarin, écoute la rue !

(d’après Alain Fabre)