Gauche : Une recomposition inéluctable ( par le délégué général de PRS national)

mardi 26 décembre 2006.
 

Le paysage politique à gauche pour la présidentielle de 2007 achève de se fixer.

Nous vivons l’épilogue de la démarche engagée par de nombreux militants et organisations pour constituer un rassemblement antilibéral de gauche et présenter des candidatures communes aux élections de 2007. L’objectif des initiateurs n’est pas atteint. Il s’est en effet révélé impossible de trouver un consensus sur un nom permettant le rassemblement de toutes les composantes. Parce qu’elle n’est pas parvenue à s’élargir, la démarche s’est régulièrement rétrécie. Il y a d’abord eu le refus de la majorité de la LCR qui a préféré présenter en solitaire Olivier Besancenot, puis le retrait de José Bové. Même moins nombreuses, les composantes n’ont pu s’accorder sur un candidat commun. Dans ces conditions, après avoir échoué à convaincre ses partenaires de soutenir la candidature de Marie-George Buffet, le Parti communiste a annoncé qu’il « prendrait ses responsabilités » et présenterait sa secrétaire nationale à l’élection présidentielle.

Pour les militants de PRS qui ont défendu la nécessité de cette « union dans l’union », cet échec est bien sûr une lourde déception. L’autre gauche manquera à la gauche. Elle n’était sans doute pas mûre pour offrir plus qu’une opération électorale mais un choix véritable au pays, transcendant ses identités particulières dans une construction politique nouvelle. Il y avait trop de désaccords stratégiques en son sein entre les tenants du maintien des partis qui la constituent, ceux qui prônent la naissance d’une formation communiste élargie, les partisans d’une espèce de PSU (le Parti socialiste unifié des années 70 qui rassemblait les courants très divers de la gauche non communiste et non SFIO) de la gauche alternative, voire ceux qui aspirent à une recomposition incluant des socialistes à l’image du Linkspartei allemand. Faute d’avoir clarifié ces questions, le débat sur le nom du candidat n’a pu aboutir à un consensus, chacun défendant celui dont il se sentait historiquement ou idéologiquement le plus proche.

Le processus par lequel les forces politiques se réorganisent pour exprimer la réalité des rapports de force sociaux est long et complexe. Il affronte ses propres inerties. Mais nous savons qu’au lendemain des chocs du 21 avril et du 29 mai, la recomposition politique de la gauche est inéluctable. Elle est même engagée. Le Bureau national du PS ouvre désormais ses réunions avec des représentants du PRG et du MRC. Le futur statut de Désirs d’Avenir, objet hybride, association politique animée par une candidate à l’élection présidentielle, fait l’objet de nombreuses conjectures. Les composantes de l’autre gauche vont bientôt faire connaître leurs orientations stratégiques. La direction du PCF maintient les choix de son Congrès qui a écarté la ligne traditionnelle de la candidature communiste à l’élection au profit d’un rassemblement de la gauche antilibérale. Elle annonce des initiatives pour les législatives. Des élus communistes réfléchissent de leur côté à d’autres stratégies. Quant aux Verts, après avoir débattu d’un rapprochement avec Nicolas Hulot, ils n’ont pas encore finalisé d’accord politique et électoral avec le PS. La LCR, elle, n’a pas encore recueilli les 500 signatures pour présenter Olivier Besancenot et connaît de vifs débats internes.

Pour l’heure, on discerne une accélération de la tendance au bipartisme. Celui-ci est la règle dans plusieurs pays européens. Mais il est étranger à la tradition politique française. Certes l’élection présidentielle version Cinquième République pousse dans ce sens. C’était même un objectif de certains de ses promoteurs. La mécanique du vote utile semble aujourd’hui tout emporter, à gauche comme à droite, renforçant le duel Sarkozy/Royal. Pourtant notre pays a toujours connu une diversité politique beaucoup plus large : la droite comme la gauche y sont de longue date plurielles. Et une troisième force, l’extrême droite prétend recueillir les déçus des deux camps.

Dans un tel contexte, le principal danger du bipartisme serait de pulvériser des formations peu influentes électoralement mais dont l’ancrage populaire est indéniable et de réduire les deux organisations dominantes à de simples machines électorales liés aux grandes masses par le seul biais des sondages. Pour un républicain socialiste, la première mission d’un parti de gauche est l’éducation populaire sans laquelle le changement social ne peut être ni voulu, ni pensé, ni construit par le grand nombre. Partout où elle ne s’appuie pas sur la politisation et l’implication du peuple, la gauche est en difficulté. Partout où elle parvient à le faire, elle est à l’inverse victorieuse. C’est vers cet objectif que doit se tourner la recomposition politique d’une gauche à réinventer. Non pas cultiver des patrimoines électoraux mais s’adresser à la grande masse des désorientés qui ne savent vers où se tourner. A ceux qui sauront le faire, la récompense électorale sera donnée de surcroît.


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