On perd tous ? ( Clémentine Autain)

jeudi 21 décembre 2006.
 

Les communistes se sont prononcés pour le maintien de la candidature de Marie-George Buffet. Le score est tombé : 81% des votants ont approuvé le premier choix, en faveur de la secrétaire nationale du PCF. La porte est donc fermée. J’en suis profondément triste. Je suis surtout en colère.

Au lendemain du 29 mai 2005, la gauche anti-libérale était forte d’une belle victoire. Les tribunes unitaires avaient suscité une dynamique populaire que l’on avait pas vu depuis longtemps. Nous étions en mouvement, ensemble. Nous avons mis une brèche dans le ronron libéral dominant. Il nous fallait poursuivre. L’élan n’a pas pris son envol immédiatement mais petit à petit, de collectifs du 29 mai en collectifs pour des candidatures unitaires anti-libérales, les passerelles entre toutes les sensibiltiés de la gauche anti-libérale ont été confortées.

De nos différences, nous avons fait une richesse. Travail de fond, discussion stratégique, luttes communes : les liens tissés se sont renforcés, le socle commun a pris consistance. En quelques mois, nous avons fait la démonstration que ce qui nous rassemble est supérieur à ce qui nous divise. Une démonstration qui ne pourra s’évaporer en quelques mois. Notre peuple a besoin d ‘une gauche de transformation sociale, alliant le meilleur de la tradition du mouvement ouvrier et l’apport des mouvements sociaux de la dernière période.

Les communistes se sont investis dans cette construction commune. Sans eux, rien n’eut été possible. Leur capacité à faire vivre la pluralité de notre espace lors de la campagne référendaire avait été largement reconnue dans des franges importantes de la gauche critique, politique, syndicale et associative. Le PCF, comme on l’aime : utile à la gauche de transformation sociale. L’engagement en tant que tel du Parti dans les collectifs était évidemment un atout essentiel, vital même. Encore fallait-il que cet engagement ne soit pas conditionné par un ralliement attendu de toutes les sensibilités à la candidature de leur secrétaire nationale... En effet, l’idée n’était pas de construire un rassemblement autour du PCF mais avec les communistes. Car cette conception de la dynamique unitaire était la seule capable d’ouvrir largement l’espace commun, de donner à voir dans le pays le neuf de la démarche et du projet et de permettre à toutes les autres sensibilités de s’y sentir bien, de s’y reconnaître, de s’y maintenir. Le PCF choisit maintenant de ne pas aller jusqu’au bout de la démarche unitaire. Un revirement sucidaire, lourd de conséquences. En validant une nouvelle fois la candidature de Marie-George Buffet, le PCF prend la responsabilité d’un éclatement de notre dynamique. L’enjeu était pourtant historique : ce n’est pas tous les quatre matins que l’on a la chance d’avoir autant de conditions réunies pour susciter un tel espoir à gauche dans le pays, pour bâtir une alternative crédible. Seul, le PCF ne réussira qu’à se compter, pour un résultat probablement marginal. Seule, la LCR ne fera pas beaucoup mieux. L’enjeu de savoir qui passera devant l’autre est bien dérisoire. Quant à l’hypothèse de maintenir une candidature supplémentaire, elle me paraît peu constructive, car de nature à ajouter de la division à la division. Nous voulons Marie-George et Olivier et José et Patrick et Yves... Tous ensemble.

Je voudrais m’adresser à celles et ceux qui ont mis tant d’énergie dans cette aventure - dont il n’est pas question de mettre un point final ! D’accord, nous avons pris un grand coup au moral, nous sommes furieux de ces derniers épisodes pathétiques. J’imagine que certains sont tentés par la démobilisation. Pour ma part, je n’ai pas l’intention d’aller planter des choux (même si quelques jours de vacances seront bienvenus !). Nous allons imaginer ensemble les moyens de maintenir le fil de la dynamique unitaire. Jusqu’au dépôt officiel des candidatures, nous serons là. Et comme la vie ne s’arrête pas en 2007, quoiqu’il arrive (ou qu’il n’arrive pas...), nous continuerons à faire converger tous les ruisseaux de la critique sociale, à inventer la gauche de transformation sociale du XXIe siècle. Et, hier comme demain, nous serons unis dans les luttes. Je crois qu’il va y avoir du boulot...

“Soit on gagne tous, soit on perd tous”, ai-je répété. Même si on perdait tous en 2007, tout ne sera pas perdu. Comptez sur moi !


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message