Grande-Bretagne : Secteur public en grève Mouvement social le plus fort depuis la grande grève des mineurs (3 articles)

mardi 5 juillet 2011.
 

Les enseignants et les salariés du public britanniques mobilisés contre l’austérité

On n’a pas vu un mouvement social d’une telle ampleur depuis des décennies outre-Manche. La réforme, 
qui vise à augmenter les cotisations tout en réduisant les prestations retraites, a eu l’effet d’un déclencheur. Londres, correspondance.

Au moins 750 000 grévistes, des milliers d’écoles fermées, des manifestations dans des centaines de villes, maints services administratifs paralysés, de nombreux tribunaux et autres agences gouvernementales faisant portes closes. Depuis des décennies, on n’a pas vu en Grande-Bretagne un mouvement social d’une telle ampleur.

À l’appel de quatre syndicats de l’enseignement et des services publics, des salariés se sont mobilisés jeudi à travers tout le pays pour défendre leurs retraites, dans le collimateur d’un gouvernement qui entend faire régler l’addition de la crise économique par les citoyens ordinaires.

Un groupe, dit de coordination syndicale, qui rassemble dix grandes organisations y compris les quatre en grève hier, a déclaré  : « C’est un jour historique pour le monde du travail, qui affiche une solidarité syndicale que la plupart d’entre nous n’ont jamais vue. » Et le communiqué des syndicalistes d’ajouter  : « Nous en avons assez de l’austérité qui nous est imposée pour dépanner les banquiers cupides. Aujourd’hui, c’est seulement le démarrage de notre campagne pour renverser le projet gouvernemental. »

La question des retraites a enflammé la colère et l’indignation des salariés qui travaillent dans les services publics. Le gouvernement, plaidant la nécessité de faire des économies de deniers publics, voudrait leur imposer une augmentation de leurs cotisations pour une prestation retraite réduite et un âge de départ retardé de six ans. À la veille de la grève, le premier ministre, David Cameron, a fait appel aux parents d’élèves pour qu’il l’aide à briser le mouvement. Et le leader de l’opposition travailliste, Ed Miliband, s’est désolidarisé d’une grève qu’il a jugée « inutile et contre-productive ». Mais tout cela n’a pas empêché la mobilisation.

En fait, c’est l’expérience quotidienne des gens, loin du monde feutré de Westminster, qui s’exprime dans ce mouvement national que les hommes politiques condamnent. Anna, trente-trois ans, travaille durant vingt et une heures par semaine dans un centre d’allocations à Cannock, ancienne ville minière. Mère célibataire de deux enfants, elle gagne dix mille livres (onze mille euros) par an et on lui annonce qu’elle devra payer vingt-six livres de plus par mois pour une éventuelle retraite qui sera réduite.

« Vingt-six livres ne paraissent pas constituer une grosse somme, mais chaque sou compte », s’exclame-t-elle avant de préciser  : « Je choisis entre alimentation, vêtements et essence pour mes dépenses. Si un enfant a besoin d’une paire de chaussures, je n’achète pas cette semaine-là autant pour la cuisine. »

Peter Avis

Grande-Bretagne : Secteur public en grève

Des centaines de milliers de salariés du secteur public britannique ont entamé jeudi une grève de 24 heures pour protester contre la réforme des retraites. Ce mouvement s’annonce comme le plus important depuis l’arrivée au pouvoir du conservateur David Cameron.

Environ 85% des d’écoles en Angleterre et au Pays de Galles pourraient être affectées, selon les estimations, mais aussi des crèches, des collèges, des universités, des tribunaux, des bâtiments gouvernementaux et des centres pour l’emploi.

Les ports et les aéroports internationaux devraient aussi être touchés en raison de l’arrêt de travail d’une partie du personnel chargé des douanes et des contrôles d’immigration.

Les premières perturbations se sont faites sentir dès mercredi soir avec l’entrée en grève du personnel gréviste de service la nuit. Les voyageurs se rendant au Royaume-Uni "pourraient subir des retards lors des passages de frontière" en raison de ce mouvement, a prévenu la UK Border Agency, l’organisme chargée de la surveillance des frontières.

Les syndicats espèrent mobiliser quelque 600’000 employés du secteur public pour cette journée exceptionnelle, qui constitue un défi pour le gouvernement de coalition dirigé par le conservateur David Cameron. Si les fonctionnaires répondent massivement à l’appel, ce mouvement social sera le plus important depuis son arrivée aux affaires en mai 2010.

A l’origine de cette grève, la réforme des retraites, toujours en discussion. Elle contraindrait les fonctionnaires "à cotiser plus, travailler plus longtemps et recevoir moins une fois à la retraite", selon les syndicats. L’âge de départ à la retraite devrait notamment être repoussé à 66 ans en 2020, contre 60 pour la plupart des enseignants.

Source : http://www.romandie.com/news/n/Gran...

1) Grève massive des fonctionnaires britanniques contre la réforme des retraites

Grève massivement suivie des fonctionnaires britanniques contre la contre-réforme des retraites et la politique d’austérité appuyée par l’UE et par le consensus conservateur-travailliste

Ils étaient entre un demi-million et un million de fonctionnaires à avoir répondu ce jeudi 30 mai à l’appel à une journée de grève nationale lancé par quatre syndicats de la fonction publique.

A la mi-journée, certains secteurs se révélaient particulièrement touchés par la grève, les administrations comme les services d’immigration, les agences pour l’emploi, les impôts, les tribunaux mais les gares et les aéroports subissaient également de fortes perturbations.

Fer de lance du mouvement, puisque trois des quatre syndicats à l’origine de la grève y sont liés, le corps enseignant a répondu massivement à l’appel à la grève. 85% des écoles – soit plus de 11 000 établissements – ont vu leur fonctionnement paralysés tandis que la moitié a même fermé ses portes. 350 lycées et 75 universités ont également été fermées, totalement ou partiellement.

Une contre-réforme des retraites qui force les fonctionnaires à travailler et payer plus pour une retraite plus faible !

Cible numéro un des grévistes : le projet de contre-réforme des retraites des fonctionnaires.

En effet, le projet gouvernemental prévoit un changement de l’indice sur lequel est indexé le montant des pensions – des prix de détail aux prix à la consommation – modification déjà expérimentée dans le privé et qui avait abouti à une baisse de 15% du montant des retraites estimées.

Ensuite, il prévoit de reculer l’âge de départ à la retraite à 66 ans dans un premier temps, puis à 67 et enfin 68. L’âge de départ à la retraite est actuellement de 65 ans pour les hommes et de 60 pour les femmes.

Enfin, la cotisation sociale des salariés sera augmentée de 6,4 à 9,8%, une augmentation qui d’après les syndicats coûterait à chaque enseignant entre 60 et 120£ [entre 65 et 135 euros].

Comme le résument bien les syndicats : les travailleurs britanniques devront travailler plus, payer plus pour une retraite moins élevée à la fin.

« Axe an tax » : Casse de la fonction publique et augmentation des impôts les plus injustes

Ces mesures s’attaquant aux pensions des fonctionnaires s’inscrivent plus globalement dans une offensive visant à casser ce qu’il reste de service public en Grande-Bretagne – pourtant décimé par les vagues libérales Thatcher et Blair – et dont les deux premières cibles sont les universités et le service national de santé (NHS), tous deux soumis dans les derniers mois à des plans de privatisation rampante.

En juillet 2010, le gouvernement de coalition libéral-conservateur avait dévoilé le budget le plus dur depuis l’après première guerre mondiale.

Un budget « axe and tax » où on coupe à la hache dans les dépenses publiques – baisse moyenne de 25% des budgets des administrations, 300 000 emplois supprimés dans la fonction publique – et où on augmente les impôts les plus injustes comme la TVA, de 17,5 à 20%, tout en allégeant les impôts sur le capital, comme l’impôt sur les sociétés rabaissé de 28 à 24%.

La collaboration active des travaillistes avec le gouvernement de droite pour faire passer le projet

Pour ceux qui avaient encore quelques doutes sur la connivence entre le gouvernement de droite et l’opposition de sa majesté travailliste, l’attitude adoptée par le Labour vis-à-vis de la contre-réforme gouvernementale suffit à les dissiper.

Car le rédacteur du livre blanc sur les retraites du secteur public n’est personne d’autre que John Hutton, ancien député et ministre travailliste, proche de Tony Blair et un des hommes forts du tournant libéral du « New Labour ». C’est sur la base de ses suggestions qu’a été élaborée la contre-réforme des retraites.

Toutefois, l’illusion d’un virage à gauche avec le remplacement de Gordon Brown par Ed Miliband a également vécu. En effet, le nouveau leader du Labour a exprimé sa désapprobation publique de la grève et a conseillé aux syndicats de rejoindre la table des négociations pour arriver à un compromis avec le gouvernement.

En adoptant cette position de briseur de grève, celui qui était censé incarner un coup de barre à gauche à la tête du parti travailliste a sans doute dilapidé le peu de capital-confiance qu’il avait accumulé chez des syndicats espérant après 2010 tourner la page de vingt ans de libéralisme échevelé du « New Labour ».

Les communistes expriment leur soutien aux grévistes : un point de départ vers une grève généralisée contre l’austérité et les privatisations

Le Parti communiste (CPGB) s’est donc retrouvé seul à gauche à finalement adopter une position de soutien claire et conséquente aux grévistes soulignant, d’après les propos de son secrétaire-général Robert Griffiths « que l’action de masse dans l’unité peut mettre en échec l’offensive actuelle de la classe dominante contre les services publics, les emplois, les salaires, les retraites et les droits syndicaux ».

Le dirigeant communiste a tenu à insister sur la nécessité de contrer l’idéologie dominante qui tente « de monter les travailleurs du public contre ceux du privé ». Or, le problème vient selon lui du « faible taux de syndicalisation (14%) et de grèves dans le secteur privé » qui le rend plus vulnérable aux offensives patronales matérielles, contre leurs conditions mais aussi idéologiques tendant à pointer du doigt les prétendus privilégiés du public.

Pour le Parti communiste, il s’agit de créer les conditions de l’unité entre travailleurs du public et du privé car « la désunion garantira la défaite ».

Enfin, cette mobilisation est avant tout un point de départ pour créer les conditions d’un rassemblement plus large, une étape « vers une action de grève généralisée de tous les travailleurs contre ce programme d’austérité et de privatisations gouvernemental, soutenu par l’Union européenne ».

Article AC pour http://solidarite-internationale-pc...


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