Et l’union au sein du Front de gauche créa l’espoir... (par Mina Kaci, L’Humanité)

lundi 4 juillet 2011.
 

Le meeting de lancement de la campagne du Front de gauche, mercredi à Paris, a rassemblé un public métissé, jeune, sensible à l’unité affichée. Un appel est lancé pour bousculer les scénarios établis par la sphère politico-médiatique.

« Mélenchon a remplacé son “je’’ par le “nous’’ », fait remarquer Clémentine Autain, aux journalistes, particulièrement surpris par la teneur du meeting de lancement de la campagne du Front de gauche. Ce « nous » est sans nul doute ce qui caractérise l’événement qui s’est déroulé mardi soir sur la place de la Bataille-de-Stalingrad, à Paris.

Un « nous » formé d’orateurs du PCF, du Parti de gauche (PG), de la Gauche unitaire (GU), mais aussi de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), de République et socialisme et d’Alternative et convergences (des ex-NPA). Un « nous » auquel se joint spontanément un public mélangé de militants et d’observateurs attentifs à cette gauche qui reprend le chemin de l’union.

Investissant la place symbolisant la liberté, la foule colorée, joyeuse, combative, jeune, vibre aux rythmes des propos forts sur l’unité et des propositions contre « l’ordre capitaliste » formulées par les intervenants. Lesquels, chacun à sa façon, insistent sur le besoin de « radicalité concrète » à opposer à « l’aristocratie de l’argent », selon l’expression de Christian Picquet (GU), et appellent les milliers de personnes (environ 4 500) à entamer la chaîne censée impliquer chaque citoyen jusqu’à devenir « son propre directeur de campagne », selon Jean-Luc Mélenchon.

« Bousculer tous les scénarios établis »

Dans ses habits de prétendant du Front de gauche à l’Élysée, il lance d’emblée  : « Nous ne sommes pas là pour célébrer un candidat, mais notre force collective. » Un « nous », un « collectif » repris dans les discours de tous les orateurs, des mots qui semblent devenir la marque de fabrique de la campagne du Front de gauche. Un « tous ensemble » susceptible « de bousculer tous les scénarios établis » par la sphère politico-médiatique, souligne Pierre Laurent (PCF). Une campagne « collective et citoyenne » nécessaire, selon Jean-Luc Mélenchon. Car, indique-t-il, elle « ne sera pas celle de l’argent ». Selon lui, l’UMP aurait à sa disposition 23 millions d’euros et le PS, 21 millions d’euros. « Nous, on aura 2 ou 3 millions d’euros, si le banquier veut bien nous les prêter. Il faut donc compter sur nous-mêmes », lance-t-il à la foule.

Il flotte dans ce meeting un parfum d’espoir ressenti par l’ensemble des intervenants. « Un déclic s’est produit », commente le candidat, sourire irradiant son visage. Pierre Laurent, la mine tout aussi réjouie, voit dans cette « initiative réussie » la preuve que le PCF a fait le bon choix « en unissant le Front de gauche. On me dit partout  : “Merci d’avoir redonné espoir’’ », en élisant Jean-Luc Mélenchon candidat.

Pour le dirigeant communiste, le « succès » du meeting sur une place populaire parisienne est « le signe » qu’il faut continuer à élargir l’alliance. « Avec le Front de gauche, toutes les femmes et les hommes disponibles, bourrés d’énergie et de talents, peuvent constituer la Fédération des espoirs qui fera gagner une gauche de combat en 2012 », déclare Pierre Laurent.

Découvrir et enrichir le « programme partagé »

L’appel à l’union est le fil rouge des participants, orateurs ou simples participants. « Parce que nous avons une grande ambition, nous allons avoir besoin du concours de toutes et de tous, bien au-delà de nos formations rassemblées », précise Christian Picquet. Lui et les autres leaders ouvrent grandes les portes du Front de gauche aux militants et aux électeurs socialistes, écologistes, anticapitalistes, aux syndicalistes et aux associatifs.

Un grand rendez-vous leur est donné à la Fête de l’Humanité, en septembre. L’occasion de découvrir et d’enrichir le « programme partagé » du Front de gauche, dont Jean-Luc Mélenchon a esquissé les grandes lignes tout au long de son discours aux accents gaulliens.

Deux structures pour appuyer le candidat

Deux structures sont d’ores et déjà actées, 
un conseil national de campagne, 
fort d’une centaine de personnalités. 
Il sera présidé par Pierre Laurent. 
Si sa composition précise n’est pas arrêtée, 
côté communiste, André Chassaigne a donné son accord, tout comme Patrick Le Hyaric et Marie-George Buffet. Un second comité plus ramassé d’une quinzaine de personnes, entourera directement Jean-Luc Mélenchon. 
Il sera présidé par Christian Picquet 
et comprendra les différentes composantes 
du Front de gauche. Pas de porte-parole 
unique, même si, côté communiste, 
Marie-George Buffet sera l’une des oratrices 
de la campagne.

Mina Kaci

Une « curiosité » politique qui attire un public dépassant les clivages

Le choix d’un lieu ouvert dans un quartier populaire parisien explique en partie le renouvellement du public attentif à la constitution d’un « pôle de stabilité et d’union à gauche ».

Depuis la campagne de 2005 contre le traité constitutionnel européen, cette France-là vivait en apnée. Mercredi soir, la France « belle et rebelle » qui avait emporté l’un des derniers combats politiques victorieux – avec la lutte contre le CPE – est ressuscitée.

Le public, mêlant jeunes participants et militants confirmés, dépassait les frontières habituelles du Front de gauche (PCF, Parti de gauche, Gauche unitaire). Ces observateurs, dont la venue était facilitée par le choix du lieu ouvert, dans un quartier populaire, ont senti « un souffle nouveau ». Manu, la trentaine largement entamée, est de ceux-là. « Revenu » dans un meeting politique, ce qu’il n’avait pas fait depuis plusieurs années. « Les affiches placardées dans le 17e arrondissement m’ont séduit. » Peut-être « un peu trop centrées sur la personne de Mélenchon », mais il était « curieux de voir le bonhomme ».

La quinquagénaire Michèle assistait à son premier meeting. Plutôt « gauchisante », dit-elle, et « déçue par le NPA », « trop dans la posture anticapitaliste, pas assez dans le concret ». Elle aurait eu tendance à « voter pour Besancenot » mais n’a jamais pris la carte  : « Au NPA, beaucoup regardent le Front de gauche avec envie. Ils vont venir, comme moi. » Sur scène, Clémentine Autain vient de lancer un appel à « ceux qui ont cru au NPA et qui en sont déçus »  : « je veux leur dire de venir avec nous ». « C’est assez fin », juge Nicolas, militant PCF. Même si « la question de la culture politique commune » se poserait avec ces nouveaux venus…

Au fond, quelques militants communistes ont zappé les premiers discours, « entendus et réentendus », pour venir voir « la bête curieuse ». Avec appréhension, n’ayant « pas voté pour lui » lors de la consultation. Mais « il nous a donné des gages », reconnaissent-ils. Néanmoins, ils attendent de voir « les grandes lignes du programme partagé » pour décider s’ils prendront « une part active à la campagne ». Rendez-vous est fixé à la Fête de l’Humanité, où le programme sera dévoilé. D’ici là, souhaite Michèle, « il faudrait que la diversité reste notre force », sous peine de « handicaper la campagne ».

Grégory Marin


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