L’ultraproductivisme met en grave danger la forêt française

vendredi 8 juillet 2011.
 

Le chef de l’État, dans son discours d’Urmatt du 19 mai 2009, a engagé une politique forestière basée sur une augmentation irréaliste des volumes de bois récoltés, sur la base d’estimations erronées commandées à l’Inventaire forestier national. Sous prétexte de Grenelle de l’environnement, une augmentation de 40% de la production forestière d’ici 2020 est décrétée  !

Cet ultraproductivisme s’accompagne d’une réduction drastique du nombre de gardes forestiers et d’agents ONF dans le cadre de la RGPP  : 700 nouvelles suppressions de postes à l’Office national des forêts sont annoncées d’ici 2016. L’objectif est de rentabiliser, voire privatiser l’ONF et les forêts publiques, et d’alimenter, sous couvert d’économie verte, de gros projets industriels  : rien qu’en Alsace et en Lorraine, on dénombre quelque 12 grands projets de centrales à bois-énergie, porté par des multinationales comme GDF-SUEZ, Veolia-Dalkia, United Papers Mills…

Le développement de tous ces projets industriels, sans aucune coordination ni évaluation, est un non-sens économique comme écologique. Les filières actuelles, dont la filière bois-énergie locale, seraient totalement déstabilisées par la demande que généreraient tous ces projets pharaoniques. Nos forêts seraient entraînées vers une surproduction… déjà planifiée par le rapport d’Hervé Gaymard, recasé président du conseil d’administration de l’ONF par Nicolas Sarkozy  : généralisation des plantations et de la mécanisation, raccourcissement des âges d’exploitation…

À terme il s’agirait du passage des forêts publiques gérées en bon père de famille depuis des siècles grâce au Code forestier, diversifiées, accueillantes pour le public, majoritairement constituées des essences locales et richissimes en faune et flore… à de mornes plantations monospécifiques, comme c’est déjà le cas des immenses plantations privées de douglas, dont Sarkozy a fait la promotion en Corrèze.

Or c’est l’activité économique qui doit s’adapter à la ressource en bois disponible et non l’inverse. La gestion des forêts est une affaire de long terme et non de rentabilité immédiate. Les premiers ravages, notamment des coupes rases d’ampleur sans précédent dans des forêts historiques (Rambouillet, Fontainebleau, Compiègne…), et le renouvellement du contrat de plan entre l’État et l’ONF qui se fera discrètement dans la torpeur de l’été, sans aucune concertation, a achevé de mettre le feu aux poudres.

Partout en France, des associations locales et l’intersyndicale de l’ONF (Solidaires-SNUPFEN et CGT forêts) se soulèvent contre cette politique destructrice. En Lorraine le mouvement s’est élargi à 38 organisations  : le SNUPFEN et l’union régionale CGT ainsi que le SNE-FSU et la CFDT, tous les partis de gauche et écologistes et les associations dont le WWF, Mirabel Lorraine nature environnement et la Fédération régionale des chasseurs.

Un courrier a été envoyé à la Commission européenne, dénonçant les dangers que fait peser sur la biodiversité d’intérêt européen cette surexploitation et exigeant sa suspension, 16 propositions pour un service public assurant l’équilibre des fonctions forestières  : économiques, sociales et environnementales ont été établies.

Par Patrick Hatzig, vice-président (PCF-Front de gauche) de la région Lorraine, Sébastien Hesse, secrétaire CGT de la direction régionale de l’environnement, 
de l’aménagement et du logement (Dreal) de Lorraine et Adrien Ochem, secrétaire national Solidaires-Forêts (Snupfen).


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