"M. Mélenchon porte une forme d’unité et il est désormais seul à la gauche de la gauche " (Vincent Tiberj, Sciences Po)

lundi 1er août 2011.
 

Son premier vrai meeting de candidat a lieu mercredi 29 juin à Paris, en plein air, place de la Bataille-de-Stalingrad, métro Jaurès. Tout un symbole, mêlant références au socialisme français flamboyant et à l’imagerie communiste. Jean-Luc Mélenchon lance sa campagne, espérant profiter d’un calendrier propice où les autres formations doivent encore attendre leur candidat.

On le sent aujourd’hui serein. Presque accompli. Oubliées les bisbilles avec le PCF et l’attente de son feu vert, il porte désormais ses couleurs, et ce n’est pas une petite victoire. Il se dit certain que " ça va rouler ". " Les communistes, quand ça sent la poudre, ils montent sur les barricades ", assure-t-il. C’est maintenant vers la gauche dans son ensemble qu’il veut se tourner.

Il sillonne la France depuis des mois, enchaînant les déplacements, et dit sentir le pays changer d’attente. " Est-ce qu’il y a une place entre résignation et indignation ? Nous devons être le mouvement qui accompagne ce cheminement ", explique-t-il. Il a déjà adopté un ton plus posé. " Un autre cycle commence. J’étais le bruit et la fureur ; aujourd’hui, je suis le candidat du rassemblement ", explique-t-il. Toujours aussi exigeant, mais en dessinant un projet où " un autre futur est possible ".

Il se lance donc pour défendre " la France belle et rebelle " - référence à Jean Ferrat -, qui ne doit pas être laissée " à un petit groupe d’oligarques ". Il croit avoir déjà marqué son empreinte dans le débat politique : " Regardez comment le mot oligarchie se répand ! Les gens s’emparent des mots qui correspondent à leur vision ", insiste le coprésident du Parti de gauche. Reste à ce qu’ils " s’approprient leur leader ", lance-t-il. Lui se dit prêt.

" Je sais faire ! J’ai tellement bossé que le sujet où on peut me coincer, faut le chercher ! " fanfaronne-t-il.

Il en est convaincu : il a une " fenêtre " entre la primaire écolo et celle des socialistes. Le retrait d’Olivier Besancenot à la candidature présidentielle pour le NPA a libéré son espace. Il est persuadé que le débat de la primaire PS sera âpre et laissera des traces. " Je suis le pôle de stabilité à gauche, en étant le candidat d’un rassemblement ", assure l’ex-socialiste. Il va donc afficher cette diversité qui avait fait la différence face aux listes d’Olivier Besancenot aux européennes comme aux régionales.

C’est d’abord avec le PCF qu’il va faire campagne - Pierre Laurent et Marie-George Buffet en tête -, mais pas seulement.

M. Mélenchon veut s’entourer de personnalités de la gauche antilibérale comme Clémentine Autain et Patrick Braouezec, de la Fédération pour une alternative sociale et écologique, des anciennes du NPA Leila Chadli ou Danielle Obono, ou encore de dirigeants syndicaux. " On aura toutes les familles de la gauche ", insiste Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche. Une synthèse que l’ex-sénateur revendique en se proclamant " socialiste, communisant et écolo convaincu ".

M. Mélenchon fait le pari que de nombreux socialistes voteront pour lui. " Le programme du PS, c’est du blanc de poulet sans os ! Il ne fait peur à aucune banque internationale. Moi, je suis le coeur de la gauche ", dit-il. Son verbe reste quelque peu suranné quand il explique vouloir " prendre à la gorge " les banques. Mais on est loin des coups de gueule contre le PS. Pour faire la différence à gauche, il faut convaincre en défendant sa candidature comme celle " du partage des richesses, de la VIe République et de la planification écologique ".

La recette peut marcher. Les derniers sondages montrent un regain d’intérêt pour le candidat du Front de gauche, qui a pris entre 2 et 3 points en un mois, atteignant entre 6 % et 7 %, selon les instituts. " M. Mélenchon porte une forme d’unité et il est désormais seul à la gauche de la gauche ", remarque Vincent Tiberj, chercheur à Sciences Po. Constat partagé par Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l’IFOP : " Il se place à jeu égal avec Jean-Louis Borloo et les écologistes. C’est nouveau. "


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