L’école dite "libre" et la contraception

samedi 23 juillet 2011.
 

Deux élues du Parti de gauche, la conseillère régionale d’Ile-de-France Pascale Le Néouannic et la conseillère de Paris Danielle Simonnet, s’inquiètent de voir les écoles privées locales devenir « le terrain de prédilection des courants religieux les plus traditionalistes ». Elles en veulent pour preuve le refus de certains établissements de distribuer le « pass contraception » et en appellent à un sursaut des élus de gauche qui se montrent trop accommodants.

Comme élues nous constatons que les remises en cause de la laïcité, comme autant d’accommodements déraisonnables, deviennent le lot commun de trop de collectivités… de gauche. Ici, les crèches loubavitchs poursuivent leur prosélytisme religieux grâce aux financements publics de la Ville de Paris, là en finançant au-delà des obligations légales les lycées privés confessionnels d’Ile-de-France au nom du pseudo « principe d’égalité entre communautés scolaires », sont encouragés la mise en concurrence du service public d’éducation.

Or, non contents de bénéficier de financements publics, ces établissements considèrent qu’ils ont tous les droits, y compris ceux de nier la liberté de conscience des jeunes. Aujourd’hui, c’est l’un des dispositifs de la Région, le « pass contraception » qui fait l’objet dans les lycées privés confessionnel d’un refus de diffusion. Refus organisé suite à un courrier de l’évêque auxiliaire de Nanterre M. Brouwet et de directeur diocésain de l’enseignement catholique, M. de Chaillé, appelant les chefs d’établissements à s’« abstenir de distribuer » les « Pass contraception » à destination des jeunes, dispositif qui permet pourtant d’accompagner la découverte de la sexualité et de limiter les grossesses non désirées.

Comme la presse s’en est fait l’écho, au lycée Blomet, qui dépend de l’Ecole normale catholique dans le XVe arrondissement de Paris, les pass ont été « confisqués » à l’infirmière par le chef d’établissement. Et quand certains lycéens le demande au lycée Notre-Dame de Sion notamment, l’infirmière explique : « On m’a demandé le pass deux fois. Je n’ai pas le droit de le distribuer. Nous estimons à Notre-Dame de Sion que les élèves doivent discuter de ces questions-là avec leurs parents ». Impossible donc de continuer à croire que ces derniers seraient des dispositifs à destination des jeunes scolarisés. Ils sont en fait des aides financières – directes ou indirectes – à l’usage exclusif des établissements. Financements qui accompagnent la mise en place d’un système scolaire à plusieurs vitesses où les collectivités comme l’Etat accordent toujours plus de privilèges à l’école privée confessionnelle, et confortent en définitive les inégalités sociales.

Pire, ces financements entérinent, avec les meilleures intentions du monde, un choix de société dangereux qui remet en cause notre « vivre ensemble ». Car l’enseignement catholique ne se contente pas de refuser le pass, il tire à boulets rouges sur les programmes et les nouveaux manuels – financés par la région – de Sciences de la Vie et de la Terre de classe de 1ère, en réfutant la théorie du genre, comme d’autres réfutent la théorie de l’évolution de Darwin. Pour l’enseignement confessionnel, comme pour les associations familiales catholiques, il n’y aurait qu’un seul modèle de cellule familiale : le couple hétérosexuel et ses enfants. L’enseignement confessionnel affiche son souhait de conditionner les consciences plutôt que de les émanciper, au nom de leur « caractère propre » religieux. Les mots d’un Thibaut Collin, professeur de philosophie au lycée catholique Stanislas et incidemment co-auteur du livre de Nicolas Sarkozy La République, les Religions, l’Espérance, sont sans appel : « La prime à l’indifférenciation sexuelle promeut en fait l’homosexualité. Ces théories sont une tête de pont pour un changement radical de société. » (1). L’enseignement catholique n’hésite plus à contester les programmes. Preuve supplémentaire que cet enseignement ne remplit pas de mission de service public !

À gauche, il n’est plus acceptable d’ignorer que l’école est devenue le terrain de prédilection des courants religieux les plus traditionalistes. Au nom de la liberté d’enseigner, ce qui est réclamé c’est en fait la liberté de s’extraire de la règle commune, et d’imposer la primauté du dogme et des traditions patriarcales sur les lois de la République. La gauche doit – au contraire - consacrer son énergie et ses financements à l’école publique laïque qui est l’école de toutes et tous, sinon aucune émancipation n’est possible. (1) « Les catholiques mobilisés contre les manuels de biologie ». Le Figaro du 1er juin 2011.


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