Sommet européen : Quand les libéraux vont-ils se décider à punir la spéculation plutôt que les peuples ! Ces rabougris vont tout détruire

mardi 19 juillet 2011.
 

J’ étais en Avignon pour le festival. Et pendant que j’y étais, je fis un aller retour sur Vaulx en Velin, pour une rencontre dans un quartier populaire. J’ai fait des lignes en remontant vers Paris dans un TGV bien bondé. Puis je me suis mis au travail sur la crise financière qui frappe des deux côtés de l’Atlantique. J’ai tellement écrit sur ce sujet déjà ! Pour autant la convocation du sommet européen me met les nerfs en capilotade. Voir cette équipe de libéraux aveuglés, à la manœuvre me fend le cœur. Quand vont-ils se décider à punir la spéculation plutôt que les peuples ! Ces rabougris vont tout détruire.

Moment si rageant. Depuis des mois, et même des années, je fais sur ce blog, parfois en abusant sérieusement sur les longueurs, le point sur les deux crises majeures que je voyais venir comme tant d’autres dans la mouvance de l’alter mondialisme. La crise du dollar, qui est la mère de toutes les crises, et celle de la folie du dogmatisme libéral de l’Europe. Pour l’une comme pour l’autre j’écrivais ici que la question n’était pas de savoir « si » elles éclateraient mais « quand » ce serait le cas. Voici venu le moment où non seulement elles se dessinent à l’horizon proche mais où elles sont conjointes. J’enrage que nous ne soyons pas aux postes de commande pour diriger la manœuvre. Car dans cette circonstance si lourde de dangers inouïs, c’est l’action humaine la clef de tout, la volonté et l’audace. Les dirigeants en place sont totalement envoutés par les deux décennies d’orgie libérale qui viennent de s’écouler.

Ils n’ont aucune imagination en dehors des clous, ils sont résignés, ils tournent en rond à moins qu’ils ne radotent politiquement. Je ne sais pas si notre société dispose déjà des anticorps qui lui permettront de tenir tête. Pour être franc j’en doute. Je vois beaucoup de résignation apeurée autour de nous, même s’il y a aussi partout bien du courage flamboyant. Je redoute l’effet dépressif que provoquent le comportement et les discours des socialistes. Leur façon de valider la légitimité de la dette, leur discours de père et mère la rigueur, tout cela conforte la résignation. Le parti de l’ordre, celui de Nicolas Sarkozy, s’en nourrit sans effort. En désespérant tout le monde sous prétexte de réalisme, les socialistes préparent une élection présidentielle à fort taux d’abstention populaire.

Voici donc un nouveau sommet de l’union européenne pour « sauver la Grèce », « sauver l’euro », c’est selon. Si un citoyen lambda se risque à essayer de comprendre ce qui se passe, je lui souhaite bien du plaisir. Car les explications données actuellement sont toutes soigneusement passées par un filtre. Le voici. Il faut éviter de devoir dire qui a pris les décisions absurdes qui ont conduit à cette situation absurde, pourquoi ils l’ont fait, et pourquoi les mêmes continuent d’avoir une ligne d’action aussi absurde. Secondairement les informations données se gardent bien aussi de dire que depuis le début une autre solution a été proposée. Les lecteurs réguliers de ce blog savent qu’elle a été ici décrite sous tous ses aspects.

Si la banque centrale européenne avait prêté directement à l’état grec au taux auquel elle a prêté aux banques privées qui prêtaient à la Grèce, la spéculation aurait été immédiatement étouffée. Au point ou nous voici rendus, la Banque centrale européenne rachète des titres de la dette grecque aux banques qui les ont souscrits à des taux prohibitif. Quelle gestion stupide de la situation ! N’empêche ! On pouvait encore jouer cette partie, et peut-être même absorber la dette portugaise de la même manière. Mais c’est l’Italie à présent qui est attaquée. L’Espagne est en attente. Le tour de la France viendra. Les symptômes d’une crise d’effondrement de la zone euro se précisent.

Ce qui a créé cet effet d’entrainement c’est le sentiment d’impunité du système spéculatif. Personne n’a résisté. Le premier coupable est Georges Papandréou qui a cédé sans combattre et a ainsi validé la légitimité de l’agression dont son pays a fait l’objet. A cause de lui, de plus, les eurocrates se sont senti mains libres pour maintenir leurs dogmes les plus brutaux, pensant faire de la Grèce un exemple pour tous les peuples rebelles à leur médecine. A cause de lui, les spéculateurs se sont dit qu’ils pourraient décidément se gaver en Europe ! Le second coupable est DSK du FMI qui a validé toute la démarche punitive de l’Union Européenne et mis en place les remèdes qui ont conduit la Grèce à une récession sans précédent dans l’histoire européenne, finissant de vider les caisses et d’asphyxier le pays. Le troisième coupable c’est l’ensemble des partis et personnalités qui ont aveuglément défendu l’orthodoxie monétariste de l’union européenne, voté toutes les directives qui durcissaient cette orthodoxie et cela encore à la dernière session du parlement européen, et encore dans le rapport voté par le PS, la droite et les verts.

Personne parmi les partis dominants, l’Europe et le parlement n’a résisté aux spéculateurs ! C’est aux peuples qu’on s’en est pris. Et cela a été entendu comme un signal d’encouragement par la spéculation. C’est cela le l’aliment essentiel de la propagation de la crise ! Aucun des importants qui nous montrent à présent de leurs faces navrées et contrites, aucun, n’a résisté ! Au contraire, tous les commentaires officiels d’hier et pour une bonne part encore ceux d’aujourd’hui consiste à répéter que la faute est aux Etats « trop dépensiers ». Jamais les spéculateurs n’ont été mis en cause. Dorénavant la situation est telle que l’opération « rachat général » de la dette par la Banque centrale européenne n’est peut-être plus jouable sans casse, comme cela aurait été le cas auparavant. Pour avoir tout laissé trainer en s’arc boutant sur le dogme des libéraux qui obligent les Etats à se financer auprès du système financier, les aveuglés qui gouvernent l’Europe vont réellement faire tomber le système. Car à partir d’un certain point la panique est contagieuse et on ne peut plus rien lui opposer.

Le plus atterrant de ce moment c’est bien cet incroyable double langage que l’on constate de tous côtés de la part de gens qui condamnent à présent ce qu’ils ont eux-mêmes mis en place. Ainsi à propos des agences de notation. Que d’indignés dorénavant ! Ou étaient-ils il ya quelques mois ? En Décembre dernier, le Parlement européen donnait son aval à la libre circulation des agences de notation en Europe, comme il l’avait fait quelques jours plus tôt pour les hedge funds. Sachez donc que désormais ces officines peuvent exercer leur action sans entrave sur tout le territoire européen. Il leur suffira pour cela de s’enregistrer auprès de l’AEMF, l’Autorité Européenne des Marché Financier, agence aux mains de la Commission européenne dont le rôle premier est de protéger la libre concurrence et les investisseurs. Le but affiché du nouveau mécanisme est de permettre une concurrence accrue entre les agences de notation. Elles qui notaient sur commande pourront désormais s’autosaisir et noter qui bon leur semble. Elles peuvent même contredire les notations des autres agences à leur guise. Elles ont obtenu le droit de pouvoir exiger toute information pertinente à cette fin ! Ce sont donc elles qui vont assurer la surveillance des notations en commun avec l’entité européenne qui les protège. Tout cela a été décidé et voté par ceux là même qui à présent poussent de grands cris !

Quand j’en ai traité sur ce blog, où avez-vous lu ailleurs quelque chose de similaire ? Nulle part ! Je ne le dis pas pour me rengorger mais pour souligner une nouvelle fois ce que vaut le système informatif des médias français sur le thème européen. Ainsi quand un journaliste couteux, pourtant oublié sur place par son journal depuis onze ans, comme Jean Quatremer de « Libération », ne souffle mot de tout cela mais prétend surveiller les mœurs des élus ! Si tout cela est possible, c’est en raison de la faute originelle qui marque tous les protagonistes. Depuis le viol du « non » au référendum, les partis du « oui » et leurs affiliés sont en quelques tenus à la cécité. Tous se couvrent dans une amnésie volontaire commune. Ne rien remettre en cause qui revienne sur le contenu du traité réputé bon et mieux que bon. C’est la loi de l’omerta. Elle ne se dément jamais, et même à présent, en pleine crise. Tous ceux qui s’expriment font comme si cette question du traité qui organisent et rend possible l’aveuglement fanatique des libéraux ne comptait pour rien dans la situation.


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