Nicolas Sarkozy et la règle du veau d’or ( Jean-Pierre Brard)

dimanche 31 juillet 2011.
 

Député (app. PCF), Jean-Pierre Brard est intervenu à l’Assemblée nationale lors du vote sur le texte constitutionnel concernant l’équilibre des finances publiques.

Vous avez reçu la lettre de Nicolas Sarkozy. Que dit cette lettre 
de ses difficultés 
à réunir le vote 
des 3/5 du Congrès sur la règle d’or ?

Jean-Pierre Brard. C’est la règle 
du veau d’or, comme dans la Bible. Au nom d’une fatalité à laquelle 
on ne pourrait pas échapper, Sarkozy cherche à soumettre la France aux règles des spéculateurs et des banquiers. En institutionnalisant l’interdiction des déficits, on fait le choix de réduire les dépenses publiques et les recettes. Ce sont les 173 milliards d’euros qui correspondent à l’exonération des cotisations fiscales et sociales. Sarkozy veut inscrire le libéralisme dans la Constitution et interdire 
à tout futur gouvernement de changer de politique. Non seulement existe une déviance impériale et autoritaire du régime, mais également 
une prévalence des choix libéraux 
sur le choix des électeurs.

Cette lettre oblige néanmoins la gauche à se positionner clairement

Jean-Pierre Brard. C’est vrai. 
Avec l’activisme habituel de Sarkozy, elle vise surtout à habiller 
les échecs depuis 2008 et la crise 
des subprimes. Souvenons-nous 
que le chef de l’État est un adepte 
des crédits hypothécaires 
à la française et qu’il est un ultra 
dans son refus de mise à contribution des banques. Qu’est-ce que 
cet accord sur la Grèce sinon 
un rééchelonnement de la dette ? 
En somme, banquiers et spéculateurs prêteront 115 milliards d’euros 
payés par le peuple grec grâce 
aux avances des États de l’Union. S’il y a défaut de paiement de la part de la Grèce, ce sont les contribuables des autres États qui paieront les taux d’intérêt prohibitifs consentis par les banquiers. Rappelons seulement que l’Allemagne doit toujours 150 milliards d’euros à la Grèce au titre des réparations de guerre. Aujourd’hui, avec cet accord, 
les marchés sont soulagés ; s’il y avait refus des États de payer, ils pourraient être inquiétés. Cela permettrait 
de remettre les compteurs 
à zéro et au pouvoir politique 
de reprendre l’initiative face 
au marché. Et notamment 
de soumettre la Banque centrale européenne, aujourd’hui soumise 
aux injonctions du FMI.

Entretien réalisé par Lina Sankari, L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message