Je crois tout d’abord qu’il faut revenir au concept même de la primaire. La primaire est un ’machin’ qui vise a éliminer tout débat sur le choix de société que l’on veut pour la France à l’occasion du premier tour des élections présidentielles. Faut-il rappeler que le PS voulait étendre ses primaires à toute la gauche. Certes, l’opération a fait un flop, EELV ayant organisé ses propres primaires. Mais le processus est engagé..... et ils remettront le couvert !

Le Front de Gauche, ses composantes politiques (donc le PG) seraient écartées du débat politique.

N’oublions pas non plus qu’au sein de nos partenaires du Front de Gauche, il existe des forces, (nous en savons quelque chose en Charente Maritime) qui militent pour l’union avec le PS dés le premier tour des scrutins.

Nous nous retrouverions avec un scénario à l’américaine entre candidats de « Gauche » et de « droite » portant, sauf nuances d’habillage, la même politique d’austérité sous le couvert du pacte de stabilité monétaire et du traité de Lisbonne !

Alors j’entends bien le discours relatif à la candidature Montebourg. Il s’inscrit dans une logique interne au PS qui consiste à balayer large de la « droite » avec Manuel Valls, à la Gauche « sociale » qu’il représente. Pour autant, Montebourg, en supposant qu’il ait l’investiture du PS et qu’il soit élu à la présidentielle.... fera quelle politique ? Une politique de Gauche ?

A ce que je sache, qu’il s’agisse de démondialisation, d’écologie ou du vœu qui est le sien « que la République soit plus forte que les marchés » auquel je souscris bien sûr, à aucun moment, nous ne l’avons entendu dire que tout cela n’est pas possible sans une remise en question radicale du Traité de Lisbonne qui interdit toute démarche dans ce sens. En restant au PS, le peut-il, ou tout simplement en a t-il la conviction ?

Certes, Arnaud Montebourg, en ne se rendant pas au Congrès à Versailles, n’a pas participé au scrutin sur la ratification du Traité de Lisbonne qui a vu l’ensemble de ses camarades socialistes s’abstenir sur cette question fondamentale et le président de la République l’emporter grâce à l’appoint en voix des Radicaux de Gauche. Mais, face à la forfaiture de Nicolas Sarkozy, foulant aux pieds le vote des Français exprimé lors du référendum de 2005, et à sa position passée, il aurait pu me semble-t-il se contraindre à voter contre cette ratification.

Cette clarification par rapport au Traité de Lisbonne, l’ensemble des candidat-e-s à la primaire socialiste devront rapidement la faire. Nombreux sont ceux (dont le fait partie) qui l’exige. Faute de quoi toutes ces belles déclarations d’intentions resteront des postures de principe qui n’engagent à rien.

Ceux qui, au Parti Socialiste ont fait le choix d’une réelle politique sociale, ont non seulement participé activement à la campagne pour le NON au traité constitutionnel, mais ont fait le choix de le quitter parce qu’ils savent que prétendre vouloir faire une autre politique dans le cadre du traité de Lisbonne est une imposture.

En participant aux primaires, en votant Montebourg, on entretient l’illusion qu’une autre politique est possible dans le cadre des accords et traités en place... et d’illusion en désespoir on alimente l’abstention et le vote FN.

Je vous invite à lire : Quelles marges de manœuvre pour la France de demain dans le Traité de Lisbonne ? en cliquant sur l’adresse URL portée en source de cet article, en haut de page (couleur rouge)

Eric Durand

Le 06 Août 2011