La crise sous le krach (analyse de L’Humanité)

mardi 23 août 2011.
 

L’accélération de la chute des marchés financiers en cette fin de semaine illustre le caractère inédit et la gravité de la crise financière entamée en 2007 et de la récession de 2009-début 2010.

Son caractère inédit ? Certes, le rythme des crises financières s’est accéléré ces dernières années mais celle-ci se distingue par sa violence, sa profondeur, son étendue – aucun continent n’est épargné. Elle présente en outre la particularité d’avoir nécessité une intervention publique sans précédent afin d’empêcher l’écroulement du système financier international. Malheureusement, l’injection de milliers de milliards de dollars, d’euros, de yens a été réalisée sans que des contreparties aient été exigées, en dehors de tous critères sociaux et environnementaux. Et c’est certainement cette absence de conditionnalité efficace, visant à assurer le développement de l’emploi, de la formation, de la recherche, des dépenses pour les hommes, qui explique que, contrairement aux sorties de crise habituelles, l’on n’assiste pas à une reprise franche et réelle de l’activité économique dans les grands pays capitalistes.

Sa gravité ? La crise a touché le cœur du système capitaliste mondialisé et financiarisé et affecté gravement toute l’économie mondiale, les conditions de vie de centaines de millions de personnes. L’Organisation internationale du travail (OIT), dans son rapport de 2011 évalue à 205 millions le nombre de chômeurs dans le monde en 2010, un niveau semblable à celui de 2009, en hausse de 27,6 millions sur 2007.

En outre, l’assistance apportée à un système bancaire défaillant, les aides aux grandes entreprises (General Motors aux Etats-Unis, Peugeot et Renault en France, …) mais aussi les déséquilibres budgétaires provoqués par la récession économique, l’aggravation du chômage et les difficultés des populations ont provoqué une envolée de l’endettement public auprès des marchés financiers.

Le refus des dirigeants du G7 de mettre en cause la toute puissance de ces marchés, leurs illusions sur les vertus des politiques d’austérité, font redouter un enfoncement de l’économie mondiale dans un marasme persistant, voire dans une nouvelle récession. Ce sont à la fois cette crainte, la crise de la zone euro et la méfiance à l’égard d’un secteur bancaire européen aux bilans lestés par un important portefeuille de titres de dettes des pays les plus en difficulté de cette zone, qui expliquent l’effondrement des marchés d’actions, désertés par des capitaux qui se réfugient auprès de valeurs jugées sûres : l’or et les obligations des Trésors publics américains et allemands.

Ces mouvements sont attisés la fois par la volonté des grands groupes allemands d’affirmer leur domination sur l’Europe du sud, les coups de butoir des fonds spéculatifs anglo-saxons qui misent sur une dislocation de la zone euro et la volonté de Washington, grâce à une politique monétaire très expansionniste de soutenir la croissance américaine aux dépens de celle de ses partenaires.

Cela souligne la responsabilité en France et en Europe, des mouvements sociaux et des forces progressistes. Jacques Delors affirme à juste titre : « l’Europe et l’euro sont au bord du gouffre », mais pour ne pas y tomber, encore faut-il rompre avec ce néolibéralisme qui colle encore à la peau d’une certaine gauche et lutter en faveur de réformes radicales mettant en cause le système capitaliste lui-même, permettant de sortir progressivement du cercle vicieux de la crise.


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