Italie : « Nous devons les arrêter. A eux la dette, à nous la révolte »

mercredi 31 août 2011.
 

La décision qu’a prise Berlusconi d’anticiper les choses, en obéissant ainsi aux diktats de la Banque Centrale Européenne (BCE) et des « marchés internationaux », nous révèle l’hypocrisie des litanies entendues durant ces derniers mois. La traduction de la crise économique est bien ce à quoi nous nous attendions, un Nième massacre social, produit par la course effrénée au profit d’un capitalisme qui ne sait pas garantir ni le bien-être ni la dignité.

Grâce au soutien des politiques dominantes, qu’elles soient de « centre-droite » ou de « centre-gauche » (voir Obama), le capitalisme a cherché, pendant les deux dernières décennies, à se sauver lui-même malgré son absence de force propulsive qui lui a fait accumuler une avalanche de dettes. Pour éviter l’explosion du système, les gouvernements ont assumé la charge de ces dettes en les transférant sur les comptes publics. Et aujourd’hui, l’addition est présentée aux travailleurs et aux travailleuses, aux jeunes précarisés, aux femmes, aux pensionnés.

Le fait que cette anticipation des manœuvres se fasse essentiellement via la déduction fiscale pour les plus favorisés et par des « réformes » des systèmes de sécurité sociale est d’ailleurs significatif. Dorénavant, la situation risque de jeter dans la misère des millions de personnes tandis que les catégories les plus aisées ne devront pas sortir un euro de leur poche. C’est la majorité sociale qui va servir de garantie pour les profits qui ont été accumulés durant toutes ces années et pour ceux qui vont l’être encore.

Face à cette décision imposée par la BCE et ses contrôleurs, l’opposition parlementaire reste sans réponse. Elle bafouille des phrases incompréhensibles tout en se débattant entre la « responsabilité » ordonnée par le Président et la nécessité de démontrer une différence de politique qui n’existe pas. Il n’existe aucune alternative au sein du Parlement et il est donc inutile d’attendre un signal intéressant de ce côté. Le Parlement italien est en fait contrôlé par les banques centrales et les banques privées.

Des signes inquiétants nous viennent aussi du côté syndical. La CGIL (principal syndicat d’opposition, d’origine communiste) a finalement réussi à se faire « encommissionner » par la Cofindustria (fédération patronale italienne, NDLR) dans la course à la « responsabilité nationale ». Une course faite d’assainissement des finances publiques, de privatisations, de libéralisations et de réformes du marché du travail. Maintenant que le gouvernement a réellement décidé d’aller dans cette direction, comment la CGIL pourra-t-elle encore justifier son opposition, surtout en tenant compte du fait que l’une des mesures à appliquer sera l’assainissement des finances publiques, ce qui revient à suspendre l’avenir du pays aux lèvres des marchés, c’est-à-dire de la grande finance et de la spéculation.

La situation est réellement dramatique, mais pas pour les raisons qui nous sont présentées par la presse dominante. L’ampleur des mesures mises en route (30 milliards d’économies sont annoncées pour 2012, mais on en prévoit 100 milliards d’ici à 2014) va se traduire en pauvreté, en pertes d’emplois, en exploitation et par l’indigence de millions de travailleurs et de travailleuses, de jeunes, de pensionnés. Une réponse est nécessaire et urgente.

Si une gauche réelle, de classe, alternative, et réellement indépendante du Parti démocrate existe, elle doit préparer l’opposition et décider de mobiliser, en tenant compte de la gravité de la situation, pour arriver à une grève de masse, efficace et généralisée.

Sinistra Critica s’est sérieusement impliquée dans l’initiative « Il faut les arrêter » (« Dobbiamo fermarli ») ; un appel signé par des représentants syndicaux de la CGIL, par des militants de base, par des activistes sociaux, des étudiants, des militants politiques et des personnalités. Le nombre di signataires atteint maintenant la barre du millier. Cet appel invite à se réunir à Rome le 1er octobre pour préparer une grande manifestation nationale le 15 octobre prochain.

Le cœur de cette initiative est l’appel à « ne pas payer la dette à leur place », en coupant dans les dépenses militaires, par la défense et la reconquête des acquis du monde du travail, de mettre sous tutelle publique les biens communs et d’étendre la démocratie. Si le but est réellement d’assainir les finances publiques, alors il faut prendre l’argent là où il est : dans les profits et les rentes capitalistes en imposant une enquête patrimoniale et efficace contre les grandes richesses, connues mais occultées.

Mais la mobilisation doit commencer avant, dès la fin du mois d’août, avec des assemblées, des rencontres, des sit-in, des actions symboliques et tout ce qui pourra servir à exprimer l’opposition diffuse de la majorité sociale face aux manœuvres économiques de l’establishement.

Sinistra Critica


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