Austérité, dégonflons le bobard (éditorial national du PG)

mercredi 7 septembre 2011.
 

François Fillon et Nicolas Sarkozy seraient en train, au moment où ces lignes sont écrites, de rechercher frénétiquement des mesures d’économies budgétaires. Ils n’ont pas à aller bien loin ! Leurs cartons débordent de propositions sur le sujet, émanant de leur propre parti, fruits pourris de leur antienne obsessionnelle et éculée contre les dépenses publiques. La droite a un cap : la crise est pour elle l’occasion rêvée d’accélérer ses réformes néolibérales.

Un républicain aux Etats-Unis, qui met en œuvre cette même « stratégie du choc », résume l’objectif : « réduire la taille de l’Etat social jusqu’à pouvoir le noyer dans une baignoire ». Certes elle doit aussi veiller à ce que le spectacle des milliards d’actifs financiers partant en fumée n’enrage pas trop ceux sur le dos desquels ils ont été accumulés. Tant de sacrifices pour cela ! Alors elle envisage une taxe sur les plus riches. Cette contribution exceptionnelle donc transitoire à l’inverse des autres projets gouvernementaux, doit servir d’exutoire et de paravent de fortune au fait que les plus riches et les revenus du capital échappent largement à l’impôt progressif. Et que là est justement la cause première du déficit. Interrogé sur cette proposition émanant du financier Warren Buffet, son collègue Soros vend la mêche : « Warren Buffett est un investisseur talentueux et malin. Il réfléchit à long terme et sait défendre les intérêts des super-riches. Il a conscience que si les riches ne font rien aujourd’hui, ils se mettront le public à dos dans les prochaines années. »

Au-delà du contenu des mesures annoncées au nom de la réduction des déficits, ce nouveau train de mesures apporte sa pierre au désastre économique que nous promet la succession ininterrompue de plans d’austérité. La récession en est une conséquence certaine. Mais sa portée inconnue. Jamais nous n’avons eu une telle synchronisation des politiques budgétaires des Etats au plan mondial. C’est l’effet de la construction européenne utilisée comme contrainte permanente sur les dépenses. Mais aussi de la dégradation cet été de la note des Etats-Unis par S&P et du compromis passé par Obama avec les républicains. Car ils font entrer ce pays à son tour dans le cercle vicieux des politiques d’austérité. Réduire ainsi l’activité partout au même moment, c’est le décrochage assuré. Quand à prétendre renforcer la compétitivité d’un pays en diminuant les salaires et les droits sociaux, comme l’a fait l’Allemagne, au moment où tous ses partenaires économiques font la même chose c’est une plaisanterie cruelle.

De rudes heures donc s’avancent. Malgré son caractère exceptionnel, cette rentrée a pourtant un air de déjà-vu. La campagne d’affolement sur les déficits rappelle celle menée l’an dernier pour justifier la réforme des retraites. Et le ralliement immédiat des dirigeants du PS au dogme imbécile des 3% de déficit public dès 2013 évoque le coup de poignard qu’a représenté le feu vert initialement donné par Martine Aubry à la retraite à 62 ans. Nous ne pouvons donc faire l’économie d’une résistance intellectuelle de tous les instants face aux argumentaires mensongers sur la dette et les déficits. Les interventions de Jean-Luc Mélenchon à ce sujet fournissent des points d’appui qui circulent largement et ébranlent les évidences. Un matériel de riposte sera réalisé. Car il faut un autre paysage mental et politique pour que le combat social puisse être efficacement mené. Voilà donc le Front de Gauche en première ligne du combat qui s’annonce.


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