Front National : Bas les masques

mercredi 27 décembre 2006.
 

Il a bien changé le Front national. Comme il semble loin le temps des chambres à gaz « point de détail de l’Histoire », de « la petite mère Veil », de « Durafour crématoire ». Comme il semble loin le temps du racisme assumé, de l’antisémitisme patenté, de la xénophobie affichée, du révisionnisme revendiqué. Après la « rupture tranquille » de Sarkozy, Le Pen version 2007 ce pourrait être la « haine paisible ».

Il n’a échappé à personne que depuis quelque temps, l’extrême droite française est en quête d’honorabilité. Le Pen s’efforce de faire oublier ses excès du passé et tente de donner des gages de républicain et de démocrate en adoucissant son discours et en présentant une version aseptisée de ses idées.

Le discours de Valmy - pour dire « Je suis un Républicain », l’affiche électorale mettant en scène une jeune fille métisse pour dire « Je ne suis pas raciste », l’assouplissement de sa position sur la loi Veil sur l’IVG - pour dire « Je ne suis pas réactionnaire » : le Front national, plus que jamais, avance masqué.

En normalisant son image, il pense pouvoir élargir sa cible électorale et nous refaire le coup du 21 avril. Si possible contre un candidat de gauche cette fois-ci, de manière à rassembler un électorat de droite un peu déboussolé par un Sarkozy qui, avec son discours lepénisant sur la sécurité et l’immigration, a créé des passerelles.

Vaccinés par la présence de Le Pen au second tour en 2002 et par le récent sondage selon lequel un Français sur quatre serait plutôt ou tout à fait d’accord avec les idées qu’il défend, nous ne pourrons pas dire dans quatre mois que nous n’étions pas prévenus.

Pour combattre le FN, il faut toujours lire ses textes. Dans les médias, il se présente comme le défenseur des petites gens. Mais, il ne faut pas confondre les habiletés de la communication avec la logique profonde des positions politiques. Elles n’ont pas changé.

Il faut expliquer aux gens - et d’abord aux classes populaires - que derrière le masque, c’est le même Le Pen, c’est le même FN et c’est la même idéologie qui se cachent.

Leur dire que le premier parti ouvrier de France, c’est celui qui propose de supprimer l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les successions, l’impôt de solidarité sur la fortune, la CSG et la CRDS. C’est celui qui prône l’enfermement des séropositifs dans des camps, les « sidatoriums ». C’est celui qui veut organiser un complet démantèlement de l’Éducation nationale pour favoriser l’enseignement privé marchand. C’est celui qui veut rétablir la peine de mort. C’est celui qui défend la privatisation totale du système de santé et la suppression du RMI, qui veut instaurer un « revenu parental » accompagné d’un « statut de la mère de famille », vieille idée de l’extrême-droite française visant à renvoyer les femmes au foyer.

Rien n’a changé. Le Front national demeure ce vieux parti d’extrême droite ultra-libéral pour l’économie et le social, ultra-conservateur pour la société et la famille, ultra-autoritaire pour la sécurité et l’immigration.

Il faudra sans cesse le rappeler durant les quatre mois qui viennent. Répondre point par point à un programme irréaliste, dangereux et source d’une immense violence sociale. Mettre fin au plus grand canular électoral de ces trois dernières décennies qui fait du Front national le premier parti ouvrier de France.

Claude Bartolone


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