La "gauche républicaine" campe à gauche. Point ! Tchao Soral !

samedi 6 janvier 2024.
 

Fin d’année 2006 début 2007, Alain Soral et Dieudonné officialisent leur évolution vers un soutien à Le Pen. Ces personnes ont peu d’importance politique mais ce serait une erreur de ne pas lier ce fait à d’autres phénomènes :

* un "libéralisme" de plus en plus destructeur des libertés si celles-ci représentent un frein au profit capitaliste comme dans les années 1930

* des discours de plus en plus en plus "sécuritaires", "autoritaires" déguisés comme "républicains", valorisant la nation comme un idéal, venant de tous bords, y compris des partisans du libre-échange mondialiste. Quiconque connaît l’évolution de la droite et d’une partie de la gauche vers le fascisme dans les années 1930, comprend que nous devons être vigilants.

* ce devoir de vigilance est renforcé par la concentration de plus en plus importante des médias au profit des super-riches comme dans les années 1930.

* de petits glissements douteux parmi des groupes et sites prétendument "républicains"

Etant personnellement profondément républicain dans le cadre de la famille socialiste anticapitaliste, je veux profiter du ralliement de Soral à l’extrême droite pour pointer des risques de dérapage pour ceux qui se prétendent républicains sans être socialistes.

Quand la voie d’une réforme progressiste de la société paraît bouchée, il arrive logiquement qu’un processus idéologique réactionnaire se diffuse dans le corps social et le champ politique. Mon ancrage dans le milieu rural aveyronnais m’incite à ne pas sous-estimer cette éventualité. J’ai l’impression, vu du Nord-Aveyron, qu’une vague sociale, sarko-lepéniste en 2006, est en formation par inexistence de réponse de gauche aux questions sociales. Les anciens réseaux de gauche, dans chaque village et bourgs se sentent en danger de marginalisation.

Si cela débouchait sur une victoire de Sarkozy aux présidentielles, il s’agirait d’une évolution conjoncturelle, liée au phénomène ultralibéral néo-conservateur mondial, contradictoire avec la montée du mouvement social constatée par ailleurs dans notre pays. Mais, il serait urgent pour la gauche de prendre en compte le risque de voir, un jour ou l’autre, l’extrême droite alliée de la droite au pouvoir.

Les processus fascisants ne sont pas des phénomènes monstrueux émanant de cinglés. Il naissent de conjonctures politiques où le grand patronat veut un passage en force face au mouvement ouvrier et aux acquis sociaux, où la gauche n’est plus porteuse d’une alternative à la crise de la société, où la droite classique est traversée de phénomènes fascistoïdes (valorisation permanente du rôle de la police, désignation de boucs émissaires, valorisation de la Nation comme un idéal en soi, logique sécuritaire, leader charismatique valorisé par les médias...), où une majorité de la société est traversée par ce type de thème.

En ce début janvier 2007, le fascisme n’est pas à nos portes. Ceux qui caractérisent aujourd’hui Sarkozy comme un fasciste racontent n’importe quoi. Le grand patronat français comme mondial a aujourd’hui bien d’autres moyens que le fascisme pour continuer à se remplir les poches. Mais les signes d’une radicalisation conservatrice d’une part au sein de la droite, d’autre part en milieu populaire, me paraissent suffisamment significatifs pour les signaler et en tenir compte. Ce glissement restera limité tant que le mouvement social n’aura pas été battu. Ceci dit, sans forces politiques capables de donner un débouché politique à ce mouvement social, sans forces politiques crédibles capables de porter la voix d’une vraie gauche ouvrière, populaire, progressiste et anticapitaliste l’avenir risque de s’obscurcir.

Revenons aux deux zigotos qui viennent de se faire un peu de publicité médiatique. Je ne les ai jamais croisés dans ma vie militante mais leur pédigrée n’est pas négligeable. L’humoriste Dieudonné est assez connu pour ne pas avoir à le présenter.

Dans cet article, je vais me limiter à présenter un peu le cas Alain Soral. Il vient de rejoindre les animateurs de la campagne présidentielle de Jean Marie Le Pen. Il a été membre du PCF dont il a été exclu en 1992 ; ensuite, il s’est engagé dans la mouvance républicaine parisienne soutenant activement Jean Pierre Chevènement en 2002. De toute évidence, son clip interview sur internet, est fait pour insister sur ses origines (particulières) de gauche : Marx, Engels, Staline, Mao en introduction puis les mots de gauche, république, radicalité, punk, pop à toutes les sauces, avec un zeste de socio et un parfum de psycho.

1) Par quels ponts idéologiques un Soral passe-t-il de la "gauche républicaine" à l’extrême droite ?

D’après lui, sa première convergence, c’est le rôle de la nation : " Avec le Front national, il y a une convergence historique sur l’idée de Nation. En fait, je suis un national-républicain de gauche qui a rejoint les nationaux-républicains de droite..." Cela rappelle de mauvais souvenirs dans l’histoire de la gauche car la principale passerelle idéologique entre gauche ( y compris radicale) et extrême droite a toujours été celle-là, du boulangisme aux années 1920 puis 1930.

La deuxième convergence, c’est la défense du "mythe national" contre ceux qui critiquent les pages noires de l’histoire du pays : " Le mépris de la France, né de la culpabilité coloniale d’une génération qui n’y a pas participé (sinon rétrospectivement en votant Mitterrand), alors que l’immense majorité du peuple de France, exploitée par la bourgeoisie ou issue des précédentes vagues d’immigration (italienne, espagnole, portugaise, polonaise...), n’a rien à voir avec le colonialisme. Culpabilité coloniale érigée en mépris absolu de la France et de son histoire, réduite à l’affaire Dreyfus et à la parenthèse pétainiste, au mépris de 1789, de 1848, de 1871, autant de dates héroïques qui font de la France la référence des gauches du monde entier... Pas étonnant, après trente ans de ce travail de sape, que les gamins paumés - transplantés dans des lieux sans histoire, avec pour exemples douloureux des pères esclaves, pour avenir la crise, dans un ex-pays ennemi, donc en quête, plus que quiconque, de repères, d’autorité et d’éducation - aient développé un tel mépris de la France et des Français. Pourquoi respecteraient-ils des gens qui ne se respectent pas eux-mêmes (ni leur pays ni leurs valeurs) ? "

La troisième convergence, c’est la façon de définir le rôle de l’Etat, comme expression globale de "la communauté nationale, culturelle et linguistique" menacée par les communautarismes.

La quatrième convergence c’est l’anti-américanisme, remplaçant les antagonismes de classe et la primauté de la question sociale : " Qui a exterminé le peuple indien pour lui voler sa terre ? Qui s’est servi massivement d’esclaves noirs pour réaliser son développement économique ? Qui s’est lancé dans des programmes de stérilisation de handicapés dans les années trente ? Qui a balancé la bombe atomique sur des populations civiles japonaises alors que la guerre était gagnée, juste pour effrayer les Russes ? Qui a napalmé pendant dix ans les petits Vietnamiens ? Qui a tué le pacifiste Martin Luther King ? Qui a financé systématiquement le fondamentalisme musulman pour lutter contre les Soviétiques et l’émancipation progressiste des peuples du tiers-monde ? Qui a refusé de ratifier les accords de Kyoto ? Qui est le champion des morts civils par armes à feu de tous les pays développés ? Les États-Unis d’Amérique" (citation extraite de L’Humanité).

Il faudrait citer aussi :

- sa constance dans l’affirmation du rôle du père comme repère de la loi et de l’autorité.

- son anti-conformisme radical ( voir ses déclarations sur le mouvement punk ou les radicaux de Berlin Est) qui rappelle le futurisme italien passé à Mussolini.

- son refrain permanent sur l’UMPS. Républicain ni droite, ni gauche dont on sait que cela a souvent mené au fascisme...

Malheureusement, on peut se demander, si, comme dans les années 30, la principale raison du glissement vers l’extrême droite n’est pas l’impasse conjoncturelle de la gauche pour répondre à l’urgence sociale et politique, d’où l’essai des carriéristes sans repères de joindre d’autres rives.

2) Alain Soral, un réac machiste

Cela fait déjà six à huit ans qu’il était facile de diagnostiquer la nature non progressiste, anti émancipatrice du personnage. Clémentine Autain avait clairement identifié le danger le 17 février 2000 par une chronique journalistique qui se terminait ainsi : " Son ouvrage se trouvait il y a peu à la librairie de la LCR et sa lecture était conseillée dans un fascicule invitant à un débat du PCF intitulé " féminisme et communisme ". Il est vraiment temps de balayer devant notre porte..."

Pour comprendre cette nécessité de "balayer devant notre porte", il suffisait alors, comme Clémentine Autain, de lire quelques lignes du livre de Soral "Vers la féminisation" ?

" Les femmes ont " une propension à la cruauté mentale ", " une conscience du monde moins étendue " et " un respect inconscient et irraisonné du pouvoir et de son idéologie qui limite (leur) capacité de critique et d’opposition à la soumission et l’intrigue ". Et pour cause : " le corps et l’Oedipe constituent les deux déterminations qui font de toute femme un être dévoué à une certaine fonction : la maternité ".

Le destin des femmes, explique l’auteur, est construit par le biologique, d’où " une tendance fâcheuse (pour la pensée) à appréhender les phénomènes humains selon leurs seules déterminations affectives et psychologiques ". En effet, " l’esprit féminin se montre le plus souvent incapable d’une vision globale cohérente ". " La culture féministe reflète ce mélange de névrose, d’avidité mondaine et de misère affective où la bourgeoise flippée cherche à se gargariser de mots pour meubler son vide intérieur, la pétasse à se remplir les poches et la bonniche à ne pas finir seule ".

En résumé, pour lui, le féminisme est " une pathologie psychologique et sociale ". Quant à lui, il s’enorgueillit d’être machiste, car " un macho est d’abord un homme qui respecte sa mère, qui protège sa femme (...), soit le contraire de la flotte antisociale ".

3) Soral vanté par la droite et l’extrême droite

La droite et l’extrême droite ne se sont pas trompés sur ce fond réactionnaire de Soral.

3a ) Soral vanté par la droite

En 2005, il était exalté par exemple sur le site " Dominique de Villepin président en 2007, Noblesse d’âme et panache au service de la France" qui appelait à voir la pièce de théâtre extraite du livre de Soral "Misères du désir"

" ALAIN SORAL L’EVENEMENT

Un peu de pub pour un artiste sincère...

A NE MANQUER SOUS AUCUN PRETEXTE...

tous les mardis à 20 h 30..."

Qu’est-ce qui plaît tant à la droite pour les idéologues de droite :

- sa dénonciation de Mai 68 : " Misères du désir (1) le dernier livre d’Alain Soral jette une pelletée de terre supplémentaire sur les "idéologies du désir" qui, après avoir jailli de Mai 68 et prospéré dans le sillage de L’anti-Oedipe de Deleuze et Guattari, ont dominé pendant plus de trente ans dans le débat intellectuel sous des formes diverses (féminisme, mouvement gay, permissivité des moeurs, exaltation de l’identité...) au point de l’appauvrir".

- sa dénonciation des mouvements émancipateurs issus de Mai 68, en particulier le féminisme : " dans Misères du désir, il montre à ses lecteurs comment le féminisme tend à polluer, et même à cannibaliser, des sujets politiques aussi délicats que la détresse économique ou l’intégration".

- sa radicalité verbale contre les musulmans des cités : "Tous ces vilains machos exploiteurs issus du tiers-monde, qui se pavanent avec leur nonchalance toute méditerranéenne en bas des immeubles ; et accessoirement sur nos chaînes de montage, dans nos boîtes d’intérim et autres entreprises de nettoyage. Pauvres petites Maghrébines et Africaines empêchées de s’intégrer à la merveilleuse République française citoyenne -et à Star Academy- par des islamo-bamboulas avides de méchouis d’adolescentes et de caves à tournantes, alors que la femme en string est l’avenir de l’homme".

Ce site et cet article sont encore consultables sur internet.

3 b) Interview de Soral sur le site d’extrême droite "Salut public" sous le slogan "L’Etat juste, la Nation forte"

"En ce moment les choses bougent, et par ce mouvement même, ce désordre qui s’accélère, l’espoir renaît... Et voilà qu’en bon analyste marxiste, je dois admettre que les choses ne bougent pas grâce aux partis de gauche traditionnels qui ont renoncé à peu près à tout, jusqu’à choisir une hôtesse pour tout programme politique (comme je l’annonçais déjà dans Vers la féminisation ? Démontage d’un Complot Antidémocratique, dès 1999)... Elles ne bougent pas à gauche ni à l’extrême gauche, où ne sévit plus que la sclérose d’un néo-communisme adolescent, essentialiste, esthétisant mal compris et mal digéré type LO, PT, LCR... Elles bougent dans le camp du populisme. Un populisme qu’un intellectuel brillant comme Michéa a dans le même temps si bien su réhabiliter...

Conclusion : je pense que l’engagement à la fois raisonnable et révolutionnaire pour agir contre les dégâts de l’ultra-libéralisme mondialisé et du communautarisme - communautarisme qui conduit à ce clash des civilisations dont a besoin l’ultra-libéralisme américain pour achever sa domination - c’est de s’engager aux côtés de Jean-Marie Le Pen à la prochaine présidentielle. Aucun renoncement ni délire dans ce positionnement, juste le viril et sain usage de la raison dialectique....

La question communautaire n’éclipse pas la question sociale mais vient la redoubler, puisque les pauvres, en plus d’être pauvres sont souvent sur notre sol d’origine africaine et nord-africaine, tandis que les riches sont des bourgeois blancs à vision et visée de plus en plus cosmopolites...

Au conflit de classes s’ajoutent donc les tensions ethniques et religieuses... Et c’est cette adition de facteurs : économie locale contre finance transnationale, lutte du communautarisme et du cosmopolitisme contre l’universalisme républicain... qui replace la Nation, la défense de la citoyenneté et la défense de l’économie nationale, locale, au cœur du combat progressiste. La réconciliation possible du Capital entrepreneurial et du salariat patriote pour - et par - un relèvement partagé de notre pays, de notre civilisation des Lumières à la fois tournée vers l’universel et enracinée, comme au temps du CNR... Et paradoxe, c’est aujourd’hui Jean-Marie Le Pen qui, pour des raisons historiques, dialectiques, incarne en France, à l’échéance des présidentielles et je l’espère au-delà, ce destin gaullien, cette posture à la Chavez, cette tradition bonapartiste...

La jeunesse des banlieues, par la crise morale, économique qu’elle incarne, est le révélateur de tous les mensonges de notre social-démocratie - économiquement néo-libérale, et socialement droit-de-l’hommiste... Un système de mensonges et d’hypocrisie en décomposition accélérée, lui-même parfaitement incarné par le PS, ses assoces de manipulation et de contrôle type SOS racisme, avec ses potes, ses mi-putes mi-soumises...

Le réveil des banlieues, leur émancipation de cette tutelle néo-coloniale perverse sera donc, avec celui des classes moyennes, l’une des deux conditions de la révolution. Pas celle du grand soir chère aux adolescents bourgeois en mal de sensations fortes, mais une révolution douce, structurale, où le politique, parce qu’habité d’une vision sociale et nationale, reprend en main l’économique pour en modifier les rapports capital/travail...

Et pour que ce populisme auquel j’aspire accède au pouvoir et réalise ses objectifs sur le plan social et économique, il faudra à la fois que les banlieues s’émancipent du droit de l’hommisme néo-colonial PS, et que les classes moyennes s’émancipent de l’illusion libérale du MEDEF, de ces deux idéologies mortifères et finalement complémentaires qui leur ont fait tant de mal...

La révolution nationale ne pourra se faire que par leur réconciliation, leur coopération, contre les voyous du Medef et des cités, eux-mêmes alliés objectifs depuis plus de trois décennies, comme le démontrent les positionnements de plus en plus troubles, réactionnaires et désormais intenables des ex-animateurs de mai 68...

Voilà pourquoi la main tendue de Dieudonné à Le Pen est un signe d’espoir, fondamental.

Les crétins de gauchistes essentialistes se croient libres, résistants, révolutionnaires et modernes, alors qu’ils sont si bien instrumentalisés depuis 35 ans par un Système qui leur donne l’ordre de se focaliser sur l’insoumis Le Pen !"

4) Soral, un réac nationaliste et inconséquent vanté par le cénacle "républicain de gauche" parisien

Je n’ai aucune envie d’occulter le ralliement de ce Soral au FN, même s’il concerne une girouette pseudo-intellectuelle et ce, pour une bonne raison : depuis 4 ans j’ai suivi régulièrement, en particulier sur Internet, les productions du milieu prétendument "républicain de gauche" parisien et j’ai assez souvent croisé ce nom d’Alain Soral.

4a) Un premier exemple : "Génération République"

En mai 2003, "Génération République" (groupe important au sein de l’ex mouvance chevènementiste) met en ligne un long interview sous le titre " Alain Soral attaque les communautarismes à l’oeuvre contre la République" avec une présentation de celui-ci par les animateurs du site :

" Alain SORAL est l’auteur de Socrate à St Tropez (éditions Blanche, 15 euros) et de Abécédaire de la bêtise ambiante (Pocket).

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Alain Soral, sociologue, écrivain et cinéaste, est sans doute l’un des intellectuels français les plus turbulents et dérangeants de notre temps... Derrière la plume et les propos qui se revendiquent libres et sans retenue, se cachent souvent une analyse intéressante, un éclairage particulier, d’une société déchirée par les séismes d’une modernité (individualisme, libéralisme, mondialisation) qui n’en est pas une pour notre auteur.

C’est en raison de ces avis très tranchés sur la défense du pacte social républicain français et aussi, faut-il l’avouer, parce que nous avons de l’affection pour Alain Soral (mi Don Quichotte - mi Roland Furieux) que nous avons souhaité lui poser quelques questions auxquelles il a eu la gentillesse de bien vouloir répondre".

4b) Un deuxième exemple : Que faire ?

Au printemps 2005, le site "Que faire ? Perspectives pour la République Sociale" met en ligne lui aussi un interview de cet Alain Soral, avec le même type de panégyrique en introduction :

" Pour la rédaction de “Que Faire”, Alain Soral est sans doute l’intellectuel qui a le plus renouvelé le discours politique républicain depuis 20 ans. Après quelques livres sociologiques (Les mouvements de mode expliqués aux parents, 1984, Sociologie du dragueur ,2000, Vers la féminisation, 1999), il a été plus politique dans Jusqu’où va-t-on descendre ? (2002) et Socrate à St Tropez (2003). Si ces deux livres l’ont fait sortir de l’anonymat pour nous autres, ils lui ont aussi valu les pires attaques des réseaux les plus oligarchiques qui soient (socialistes, sionistes, militants communautaires...). Son dernier ouvrage : Misères du désir (2004).

Marxiste, républicain, penseur résolument indépendant Alain Soral a accepté de répondre à nos questions.

Si, comme nous, vous voulez aller plus loin dans les sujets abordés, achetez et lisez ses livres ! Vous aiderez un homme libre dans une maison d’édition indépendante..."

4c) Troisième exemple : le site "Observatoire du communautarisme"

et sa présentation "d’Alain Soral : le silence de l’amer 10/04/2006 Par François Devoucoux du Buysson, essayiste".

Il suffit de peu à un militant politique pour savoir à qui il a affaire. Or, quelle sentence ce site met-il en exergue dans le roman de Soral (Chute) " Nous avons chassé les prêtres, mais un nouveau clergé en douce, enfourchant avec les éperons de l’argent le cheval de la République, a remplacé l’autre... Et moi le clerc, le couillon, le laïcard pur sucre, je réalise au crépuscule de ma vie que la destruction de l’Eglise et du roi a fait le jeu du pire !..." C’est presque du Maurras.

Lisez bien cette présentation de Soral, toujours consultable sur internet :

" Après une suite d’essais coup de poing sur le thème du communautarisme qui ont suscité de violentes polémiques, Alain Soral publie un roman qui réjouira son public par sa verve et son regard acide -mais désabusé- sur la société.

Il en est qui, véritables consciences de leur temps, voient avant les autres : Tocqueville, Marc Bloch, Stefan Zweig... Ceux-là savent s’élever au-dessus du bruissement de l’époque pour entrevoir la direction qu’elle prend. Mais ce trait de génie est aussi leur calvaire car ils sont généralement raillés ou, pire, ignorés par leurs contemporains.

C’est notamment le cas d’Alain Soral.

Alain Soral qui, le premier, a vu venir l’emballement féministe...

Alain Soral qui a su restituer la montée de la colère populaire dans un essai nerveux, Jusqu’où va-t-on descendre ?, publié deux semaines avant le 21 avril 2002...

Alain Soral qui a redécouvert les écrits méconnus de Michel Clouscard -un philosophe marxiste ayant dénoncé l’arnaque du libéralisme libertaire dès 1973- pour en tirer une des plus brillantes critiques de la montée des communautarismes (3)..."

Il est frappant de lire comment Soral est " mis au ban de la société du spectacle, incompris par ceux qui n’ont pas pris la peine de l’entendre, réduit au silence", injustement attaqué (comme Le Pen) et obligé, le pauvre, d’arrêter de mettre le communautarisme à toutes les sauces : "De toute façon j’étais au bout de ma critique des communautarismes... Je me suis rencardé, le lobby inuit est le seul à être complètement inopérant en France, mais sur les autres communautarismes : féministes, gays, corses, gitans, myopathes, obèses... plus un mot, tu peux pas savoir tous les emmerdes que ça attire !"

Soral romancier ne sera pas moins controversé que Soral essayiste. A coup sûr, Alain Soral va encore se faire des ennemis. Avec cette immixion dans le roman, il ridiculise tous les petits poseurs mondains qui s’épuisent à raconter leurs histoires inutiles et vaines avec le soutien d’une certaine presse".

5 ) Un individu peu recommandable

En conclusion, comment résumer mon point de vue ?

Il n’était pas besoin d’être bien malin pour percer dans ses délires un fond réactionnaire :

- un fond machiste lamentable lorsqu’il se vante (par exemple dans Misères du désir) de « sept cents conquêtes dûment pénétrées et homologuées » sans compter au moins une femme qu’il a battue. Certaines de ses phrases donnent envie de vomir comme celle-ci : « si les jeunes filles des cités peuvent sans sortir en s’allongeant, quand leurs frères ont tant de mal à se tenir debout, cette posture génère quelques contraintes et désagréments »

- ses relents antisémites

- son homophobie

- son ton satirique envers les droits de l’homme...

J’ajouterai une dernière remarque.

Qu’est-ce qu’on retrouve dans tous les écrits de ce charlatan ?

- une dénonciation de Mai 68 et des mouvements sociaux nés dans la foulée.

- une façon d’aborder les questions de société et les valeurs morales qui n’est pas fondée sur un projet émancipateur.

- une valorisation prétendument républicaine de la Nation et de l’unité nationale qui représente, semble-t-il, le pont idéologique principal de son passage à l’extrême droite.

Dans une époque troublée comme celle que nous vivons, il est important de défendre une identité politique claire.

Pour ce qui me concerne, je défends en tant que socialiste, anticapitaliste et internationaliste, avec mes camarades, l’objectif d’une république sociale :

- moyen de répondre aux besoins et aux aspirations des milieux populaires,

- moyen pour démocratiser réellement nos institutions

- moyen pour concrétiser l’Europe antilibérale, démocratique et sociale portée par le Non de gauche au référendum

Nous n’avons jamais eu rien à voir avec un type de "républicain" comme Soral et consorts ; nous n’aurons jamais rien à voir avec eux.

Jacques Serieys le 4 janvier 2007


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