La victoire de la gauche qui a remporté la majorité des sièges au Sénat peut constituer un véritable tournant dans la situation politique. Cette défaite de la droite, malgré un mode de scrutin qui lui est traditionnellement favorable, exprime un rejet profond de la politique du Président de la République. Nombre d’élus locaux auront trouvé à cette occasion le moyen d’affirmer en particulier leur désaccord avec la réforme des collectivités territoriales. Les révélations des poursuites judiciaires dans le cadre de l’affaire Karachi, qui contribuent également au climat nauséabond de décomposition politique ambiant ne sont pas non plus étrangères à cette déroute de la droite.

La gauche victorieuse malgré le caractère anti démocratique du mode de scrutin des élections sénatoriales, bénéficie d’une réelle poussée en sa faveur qui touche toutes les composantes de la gauche, y compris les listes du Front de Gauche. Elle est confrontée à des défis historiques. Dans les prochaines semaines, la crise politique de la droite peut se combiner avec les probables rebonds de la crise économique. Les soubresauts des marchés financiers se nourrissant – en même temps qu’ils l’alimentent - de l’instabilité politique.

A quelques mois des élections présidentielles et législatives, les attentes sont fortes au sein de la population qui n’en peut plus de supporter la politique de Nicolas Sarkozy. Cela implique d’engager un large débat sur les conditions d’une véritable politique de rupture que la gauche devrait mettre en œuvre. De ce point de vue les premières déclarations du candidat socialiste à la présidence du Sénat, Jean Pierre Bel, – qui a prévenu qu’il ne ferait « pas obstruction » aux réformes de la droite – ne sont pas de bonne augure. Pour proposer une politique alternative de gauche, il faut commencer par s’opposer de façon conséquente à celle mise en œuvre par le gouvernement !