Le Front de Gauche prêt au débat

vendredi 28 octobre 2011.
 

François Hollande a nettement emporté les primaires socialistes. Les partisans de Martine Aubry en sont à analyser l’échec de leur championne. Un positionnement trop à gauche susurre son aile strauss-kahnienne. Pas assez de différences avec Hollande : les électeurs ont donc choisi celui qui semblait le mieux placé, pense son aile gauche. Beaucoup mettent en cause son « équation personnelle ». Rien de ceci n’est notre affaire. Ce qui nous préoccupe, c’est le débat programmatique.

Or on se souvient que le projet du PS avait été adopté à l’unanimité pour la première fois dans l’histoire de ce parti et que l’objectif des primaires était uniquement de « donner un nom au changement ».

Est-ce vraiment cela qui s’est produit ? Pas seulement. La primaire n’a pas uniquement mobilisé des électeurs désireux de départager des personnes que séparaient exclusivement des « différences de tempérament » comme l’a dit Montebourg. Une esquisse de débat programmatique s’est aussi invitée comme elle l’a pu dans la discussion. La mise sous tutelles des banques, la Sixième République ou la règle d’or sont venus sur la table. Certes dans le même temps, des sujets essentiels sont restés enfouis sous le sable, depuis le niveau du SMIC jusqu’à l’avenir du traité de Lisbonne. Mais c’est un début auquel la gauche doit donner un prolongement.

Car il faut perdre le moins possible de l’énergie qu’ont mise en mouvement les primaires. François Hollande va bien sûr tenter de la capter à son profit : c’est logique et légitime. Même les quelques prises de becs qu’il a endurées vont être mises à son avantage. Après la discorde, la réconciliation ! Le spectacle des concurrents socialistes de la primaire devient alors une image de rassemblement autour du vainqueur. Le mécanisme est bien rodé de l’autre côté de l’Atlantique. Mais il ne répond pas à l’envie de débattre des programmes et des solutions à la crise. Or l’existence du Front de Gauche et de notre programme l’Humain d’abord rend cette discussion possible. Nous le voulons pas seulement pour nous-mêmes mais parce que c’est l’intérêt de la gauche toute entière. La désignation d’un candidat qui a assumé son positionnement de centre-gauche doit faciliter la confrontation des points de vue.

La gauche n’a en effet rien à gagner à ce que toute discussion en son sein soit interdite au nom du vote utile. Cette rhétorique mutilante nous affaiblit. Brandie plus de 6 mois avant le scrutin alors qu’elle est habituellement réservée aux derniers jours de campagne, elle a le parfum d’une entourloupe destinée à permettre au candidat du PS de rester dans le flou sur des sujets qui attendent pourtant tout gouvernement de gauche. Elle produit de l’abstention. Elle tue toute dynamique de conviction entraînant la société. En revanche la confrontation des options en présence à gauche grandit chacun. Reconnaître les points de vue c’est commencer à les respecter. Après le résultat d’un premier tour loyal chacun s’incline devant le verdict du souverain, le peuple. Il n’y a donc ni ralliement ni soumission. Le chantage au vote utile fonctionne au contraire comme une vassalisation de tous autour d’une seule force. François Hollande avait expliqué pour justifier son absence à la Fête de l’Huma qu’il attendait d’être désigné pour rencontrer le candidat du Front de Gauche. C’est chose faite.


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