Industrie : l’échec de Sarkozy, les propositions du Front de Gauche

mercredi 28 décembre 2011.
 

L’agitation médiatique de Sarkozy autour de l’industrie est inversement proportionnelle à ses résultats en la matière. Car l’hémorragie industrielle s’est accélérée sous son quinquennat, faute de protections contre les licenciements boursiers et les délocalisations. Le Front de Gauche présente à l’inverse des propositions fortes pour pérenniser l’emploi industriel, en définanciarisant l’économie, en produisant autrement et en donnant des droits nouveaux aux salariés.

Une collection de promesses non tenues et d’affichages sans lendemain

Le 27 septembre 2011, jour de grève dans l’éducation, Sarkozy a déclaré : "Mon devoir c’est d’abord de penser aux ouvriers, aux salariés et aux cadres qui sont lancés dans la compétition internationale et qui ont besoin du soutien de l’Etat, plus que de penser à ceux qui ont un statut qui les protège".

Dans son discours de Marignanne en mars 2010, Sarkozy s’était félicité des mesures prises pour aider l’industrie comme la suppression de la taxe professionnelle (12 milliards de cadeaux aux entreprises en 2010, 6 milliards/an à partir de 2011), alors qu’elle ne comporte aucune contrepartie pour le maintien des activités industrielles et l’emploi.

Sarkozy avait aussi répété qu’il défendait une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne qui est pourtant interdite par le Traité de Lisbonne. Les traités exigent en effet (article 21 TUE et 206 TFUE) : « la suppression des obstacles au commerce international », « la suppression des restrictions aux échanges et aux investissements directs étrangers » et « la réduction des barrières douanières et autres ». « Et autres » : cela veut dire qu’il est impossible d’imposer des règles sociales ou écologiques.

Dans son discours de mars 2010, Sarkozy avait fixé l’objectif d’une progression de 25 % de la production industrielle française d’ici 2015. Dès le lendemain, Henri Guaino relativisait cet objectif pour qui il est « purement indicatif ». Au demeurant, cet objectif est peu ambitieux : il reviendrait à peine à retrouver le niveau de la production d’avant la crise.

"Sarkozy et l’industrie : un quinquennat jalonné d’échecs"

C’est Le Monde du 3/10/11 qui dresse ce bilan en récapitulant les reculs industriels sous Sarkozy :

- Plan Power 8 d’Airbus : 4300 suppressions d’emplois

- Alcatel-Lucent : 2750 suppressions d’emplois entre 2007 et 2009

- Fermeture de l’usine Michelin de Toul (Meurthe-et-Moselle, 800 salariés) alors que Sarkozy avait promis d’y créer un "centre industriel en 2011"

- Fermeture de l’usine Continental de Clairoix en 2009. En mars 2009 Sarkozy déclarait : "Je n’ai pas été très content de l’attitude des gens de Continental. Je ferai en sorte qu’ils respectent leur engagement, voilà"

- Fermeture de Molex. En septembre 2009, Sarkozy déclare : "Ce qui se passe chez Molex ne me va pas. Quand on part comme les propriétaires américains de l’usine Molex, on part en assumant ses dettes. On doit respecter ses employés". En novembre 2009, Molex est placé en liquidation judiciaire.

Le projet de l’UMP pour 2012, en cours d’élaboration, évoque "la nécessité pour notre pays de réagir avec énergie pour sauver nos industries"

La désindustrialisation de la France

Selon les chiffres du Trésor, entre 1980 et 2007 :

- la part de l’industrie dans le PIB a chuté de 24% à 14%.

- la France a perdu près de 2 millions d’emplois industriels soit 36% des emplois de 1980 (-70 000 par an). Le nombre d’emplois industriels est passé de 5,3 à 3,4 millions. La baisse s’est accélérée avec la crise : 200 000 emplois industriels ont été détruits pour la seule année 2009.

La part de l’emploi industriel dans l’emploi total est passée de 32% en 1978 à 20% en 2008.

Les propositions du Front de gauche pour l’industrie

Définanciariser l’économie

Taxation des revenus financiers des entreprises

Interdiction des licenciements dans les entreprises bénéficiaires. Les entreprises qui délocalisent devront rembourser les aides publiques.

Modulation de l’Impôt sur les sociétés et des cotisations sociales selon la politique d’emploi, de salaires et d’investissement.

Fin des exonérations de cotisations sociales.

Suppression de la cotation en continu des entreprises

Renforcement de la présence de l’Etat dans le capital d’entreprises stratégiques pour leur sauvegarde et leur développement

Produire autrement, relocaliser et réindustrialiser

Instauration de protections sociales et environnementales

Taxe sur les productions délocalisées

Taxe kilométrique pour pénaliser les productions lointaines

Plans industriels pour rétablir les productions délocalisées (ex. paracétamol dont la quasi-totalité est aujourd’hui produite en Chine

Planification écologique avec la redéfinition des filières industrielles prioritaires pour répondre à des objectifs sociaux et environnementaux

Reconstruction d’un tissu industriel diversifié

Pôle financier public pour financer l’investissement des entreprises.

Donner de nouveaux droits aux salariés avis des représentants du personnel pour les décisions stratégiques

Droit de véto suspensif des élus du personnel en cas de fermeture ou délocalisation et obligation d’examiner les propositions des salariés

Droit de reprise de l’activité par les salariés en coopérative, avec soutien juridique et financier public

Alignement vers le haut des droits des salariés des entreprises sous-traitantes sur ceux des donneurs d’ordre


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