Des milliers de kurdes sont descendus dans les rues de Paris

lundi 7 novembre 2011.
 

Des milliers de kurdes ont manifesté dimanche 6 novembre à Paris pour dénoncer la fermeture du centre culturel kurde par un tribunal français et les « crimes contre l’humanité » commis par le gouvernement Ankara.

Quelque 3 000 personnes, jeunes en grand nombre, se sont rassemblées à 13h30 sur la place de République, à l’appel de la Fédération des associations kurdes en France (Feyka), pour protester contre la décision de dissolution du centre culturel kurde par le tribunal correctionnel de Paris, le 2 novembre.

Prononçant des peines avec sursis allant d’un an à 5 ans, à l’encontre de 17 kurdes jugés pour des faits liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui lutte depuis 30 ans pour les droits légitimes du peuple kurde, le tribunal avait relaxé le 18ème prévenu et décidé la dissolution du centre kurde, qui comparaissait en tant que personne morale. Le procès de ces 18 personnes qui avaient été interpellées en région parisienne et en Bretagne février 2007, avait débuté le 20 juin et prit fin en juillet.

D’après les informations obtenues, plusieurs centaines d’extrémistes turcs se sont aussi réunis à Paris, venant notamment de Lyon et d’Allemagne, pour attaquer les kurdes, mais le nombre des kurdes descendus dans les rues semblait les décourager. Ils étaient invisibles et aucune tentative d’attaque n’a eu lieu tout au long de la marche en destination de Chatelet.

Le 5 novembre, des femmes kurdes qui étaient présentes dans les cortèges du défilé organisé à Paris par un collectif qui regroupe associations féministes, syndicats et partis politiques de gauche pour dénoncer les violences envers les femmes ont été l’objet d’une tentative d’attaque raciste. Des jeunes kurdes sont intervenus rapidement avant que les extrémistes turcs atteignent leur but.

Brandissant des banderoles et criant des slogans tels que « Ne touche pas à mon association », « Ça suffit ! » et « Libérez Ocalan », chef du PKK emprisonné sur l’Ile d’Imrali depuis 1999 sous isolation, les manifestants ont appelé les autorités françaises à mettre fin à leur complicité anti-kurde avec la Turquie.

« Nous demandons la fin de la répression » a dit à l’ActiKurde Mehmet Ulker, président de la fédération kurde, et a condamné la décision « injuste » du tribunal de correctionnel qui a prononcé la dissolution. « Il s’agit d’une décision politique. Nous refusons ce jugement » a-t-il affirmé.

Les manifestants kurdes ont également dénoncé les crimes de guerre et contre l’humanité commis par l’État turc, appelant la communauté internationale à ne par rester dans ce silence mortel.

Le PKK et la principale force légale kurde BDP qui siège au parlement accusent l’armée turque d’avoir utilisé des armes chimiques et des bombes au napalm, après la mort d’une quarantaine de guérillas au cours d’une opération militaire menée entre le 22 et 24 octobre. Les organisations de défense des droits de l’homme avaient qualifié les corps entièrement brulés ou mutilés « d’atrocité ».

Maxime Azadi

1) Kurdes : Turquie et France contre les droits de l’homme

La police française a arrêté trois jeunes kurdes dans la région parisienne et à Marseille pour des motifs politiques, ce qui porte à dix le nombre d’arrestations après l’accord anti-kurde signé le 7 octobre entre Paris et Ankara.

Deux frères, Ridvan et Murat, ont été arrêtés mardi 25 octobre à Marseille suite à des perquisitions effectuées à leur domicile, a-t-on appris de sources kurdes.

La police a arrêté le même jour un autre jeune prénommé Omer dans la région parisienne, affirment les mêmes sources.

Le 11 octobre, les locaux de l’association franco-kurde et plusieurs maisons à Bordeaux avaient été perquisitionnés et sept personnes avaient été arrêtées, trois jours après l’accord anti-kurde signé le 7 octobre entre Paris et Ankara.

Cinq des sept personnes interpellées avaient ont été mises en examen à Paris par un juge antiterroriste, qui avait ordonné le mandat de dépôt pour quatre d’entre eux. L’Association franco-kurde avait également été mise en examen en tant que personne morale.

Accord anti-kurde entre Ankara et Paris

L’accord signé entre la France et la Turquie contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), lors de la visite du ministre français de l’Intérieur Claude Guéant à Ankara, prévoit l’engagement des deux pays dans une "coopération opérationnelle de lutte contre le terrorisme", avait indiqué M. Guéant. Il devrait permettre aux forces de sécurité turques et françaises de mener une lutte commune sur le terrain, avait ajouté le ministre français.

Au moment où la France affirmait sa « détermination totale » et « indéfectible » aux côtés de la Turquie contre le PKK, selon Guéant, la police turque traquait et enfermait les membres du principal parti kurde BDP. Plus de 4 500 membres actifs du principal parti kurde BDP, dont des maires, ont été arrêtés en Turquie au cours des six derniers mois et plus des 1600 d’entre eux ont été écroués.

Plus de 50 arrestations depuis début de l’année

Selon un décompte du Réseau d’informations libres de la Mésopotamie (ActuKurde), au moins 51 kurdes ont été arrêtés en France depuis dépit début de l’année 2011 pour des motifs politiques, atteignant déjà exactement le même niveau d’arrestations de l’année 2010. Ces chiffres portent à 186 le nombre d’arrestations depuis 2006. Aujourd’hui, seulement douze d’entre eux sont toujours en détention.

Le tribunal correctionnel de Paris devrait se prononcer le 2 novembre sur le sort de 18 politiciens et le centre culturel kurde à Paris poursuivis pour avoir financé le PKK, dans le cadre d’une enquête ouverte en 2006.


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