Contre-sommet africain au G20 (3 novembre 2011) Ils se payent nos têtes, on ne payera pas leur dette !

dimanche 6 novembre 2011.
 

A l’occasion de la 10ème édition du Forum des peuples, contre point africain au sommet du G20, près de 900 militant-e-s africain-e-s sontattendu-e-s à Niono au Mali[1]. Alors que les ministres des 20 pays les plus riches, les chefs des banques centrales et les chefs d’États vont se réunir du 3 au 4 novembre à Cannes pour « restaurer la confiance, soutenir la croissance et la création d’emplois, et maintenir la stabilité financière » des citoyen-ne-s africain-e-s se rencontrent et s’organisent pour dénoncer l’illégitimité de ce groupe.

La question de la dette publique européenne sera au cœur des discussions. Dans une lettre aux autres dirigeants de l’UE, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et celui du Conseil européen Herman Van Ro mpuy ont indiqué que "nos partenaires du G20 ont l’impression que, si l’Europe ne résout pas la crise de la dette souveraine qui l’affecte actuellement, l’économie mondiale subira de graves répercussions".

Pour les peuples africains, la dette publique n’est pas une question nouvelle. Depuis des décennies ils sont confrontés à l’avidité des créanciers (FMI et Banque mondiale en tête) et à de violents plans d’austérité « plans d’ajustements structurels » qui ont détruit leur souveraineté, les plongeant dans une pauvreté toujours grandissante. Il y a 23 ans, le 29 juillet 1987, Thomas Sankara (alors président du Burkina Faso) plaidait déjà pour la mise en place d’un front uni contre la dette : « La dette ne peut pas être remboursée parce que d’abord si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. (...) Par contre, si nous payons, c’est nous qui allons mourir. (...) Ceux qui nous ont conduits à l’endettement ont joué comme au casino. Tant qu’ils gagnaient, il n’y avait point de débat. Maintenant qu’ils perdent au jeu, ils nous exigent le remboursement. Et on parle de crise. (...) Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n’avons pas de quoi payer. Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette. Nous ne pouvons pas payer la dette parce qu’au contraire les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer, c’est-à-dire la dette de sang. »

Depuis plus d’un an, les peuples gagnent du terrain sur le chemin de la démocratie et de la liberté. Des révoltes parties du continent africain, notamment en Tunisie et en Égypte ont ouvert la voie du changement grâce à de larges mobilisations. Depuis, les citoyen-ne-s du Nord comme du Sud ont retrouvé la force collective de la résistance. En Afrique, depuis les révolutions arabes, des mobilisations ont eu lieu dans de nombreux pays. Le 15 octobre dernier à l’appel du mouvement des indigné-e-s de grandes manifestations se sont déroulées dans le monde entier pour refuser de payer la crise, pour refuser de payer les dettes qui n’ont de publique que le nom.

Ce 10ème Forum des Peuples est une nouvelle occasion pour les africain-e-s de s’organiser pour refuser ensemble de payer les créanciers. La dette extérieure publique de l’ensemble des pays en voie de développement s’élevait en 2009 à 1460 milliards de dollars, c’est-à-dire moins que les 1 531 milliards de dollars alloués chaque année dans le monde aux dépenses en armement. Pire, les financements mis à la disposition des marchés par les banques centrales et les États entre avril et octobre 2008 atteignaient 7 800 milliards de dollars ...

Non seulement, la dette publique des pays en voie de développement ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan des dettes mais les prêts en question sont largement odieux et illégitimes et constituent, à ce titre, une violation des droits fondamentaux des peuples.

Du Sud au Nord, c’est un réel changement de paradigme qui est en jeu. Alors qu’en 2008, le revenu des 500 individus les plus riches de la planète dépassaient les revenus cumulés des 416 millions de personnes les plus pauvres, il faut avancer ensemble vers une juste répartition des richesses, car « nous sommes 99% ».

L’annulation des dettes publiques semblent être un premier pas à réaliser dans ce sens. Il est temps d’entendre la voix de Thomas Sankara : Du Nord au Sud refusons de payer les créanciers à travers un front un i contre la dette !

[1] Dixième édition du forum des peuples «  De Siby à Niono, les peuples exigent l’autodétermination  !  » qui sera un contre-sommet africain au G20, à Niono au Mali, du 31 octobre au 3 novembre 2011.

1) L’Afrique se rassemble contre le G20 à Niono (MALI) du 31 Octobre au 3 Novembre 2011

La multiplication des crises dans lesquelles est plongé le monde ces dernières années n’a de cesse d’interpeller les peuples dont les voix ne sont jamais entendues. De réunions en réunions, les solutions proposées et les effets d’annonce de fin de crise, de reprise économique apparaissent de plus en plus comme des tromperies répétées à des fins électoralistes. Il ne fait plus aucun doute que le système est en faillite. Le sauvetage renouvelé des banques privées européennes et la recapitalisation du FMI au détriment des peuples sont autant de preuves récentes du mépris de la souffrance humaine par les gouvernements des soi-disant économies les plus riches du Monde.

Une fois de plus en marge du G20, les peuples africains ont décidé de se rassembler pour montrer leur ras-le-bol face à un système économique esclavagiste et inhumain et pour réaffirmer leur solidarité avec l’ensemble des peuples en luttes. Les africain-ne-s après trois décennies de crises de la dette que ni les institutions de Brettons Woods ni les pays considérés comme riches n’ont réussi à résoudre, sont déterminés à faire entendre leurs voix dans la gouvernance mondiale.

L’étincelle des révolutions au Maroc, en Tunisie, en Egypte et les soulèvements populaires des peuples africains contre leurs dictateur-présidents imposés par les puissances du G20, relance sur le continent le mouvement de libération inachevé des peuples. Contre la religion de l’argent et du profit, les peuples d’Afrique réclament le mieux vivre et le respect de leur souveraineté.

Au moment où la reconquête de l’Afrique est en cours par le biais des accaparements des terres, des forêts et des ressources minières sur le continent,

Au moment où de nouvelles guerres coloniales se répètent en Afrique et en Asie,

Les peuples du Nord, du Sud, du centre, de l’est, de l’ouest et de la diaspora africaine se sont donnés rendez vous dans la ville de Niono au Mali pour un FORUM DES PEUPLES afin de dire ensemble « NON AU G20 ».

Du 31 Octobre au 3 Novembre 2011, les peuples d’Afrique entendent renouveler leurs vœux et leurs exigences d’un autre monde, juste, équitable, solidaire, et libéré de toutes les formes d’oppression.

Non au G20 ! Non à la Dette ! Non aux guerres coloniales !

Oui au droit à la souveraineté des peuples sur leurs ressources naturelles et les richesses !

Oui à la vie pour tou-te-s et du vivre ensemble !

Dégage le G20 ! Dégage le système !

Niono le 31 Octobre 2011

Forum des Peuples (Mali)


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