Dimanche 31 octobre, l’ancien premier ministre social démocrate par intérim Almazbek Atambaev est devenu président du Kirghizstan avec 63,24% des voix. Malgré des dysfonctionnements inhérents à toute démocratie naissante, les principaux observateurs affirment que ces élections se sont dans l’ensemble bien déroulées. Il s’agit des premières élections libres dans les anciennes Républiques soviétiques d’Asie centrale depuis 1991.

La victoire d’Almazbek Atambaev témoigne d’une volonté de pacification. Il est considéré comme le plus à même dépasser les clivages ethniques que ses deux principaux adversaires ultra-nationalistes n’ont eu de cesse d’attiser. En contestant le résultat des élections, ils continuent de jouer avec le feu dans un pays qui a frôlé la guerre civile en 2010, et vu les minorités ouzbeks du sud subir de véritables pogroms. Par sa volonté de nouer ces alliances sur la base d’idées politiques, et non des seules appartenances ethno-religieuses ou claniques, Almazbek Atembaev réunit certaines des conditions nécessaires à une stabilisation politique.

Par ailleurs le nouveau président entend renforcer la souveraineté de son pays en rééquilibrant sa politique étrangère. En témoigne sa première décision de fermer en 2014, soit à l’échéance du contrat contracté par ses prédécesseurs, la base étasunienne par laquelle transitent chaque mois des milliers de soldats vers l’Afghanistan. Une décision majeure pour un pays certes petit mais situé au cœur d’une zone stratégique quant à la sécurité collective mondiale, et dont le nouveau président ne semble pas près à céder au désir étasuniens de se maintenir dans la région après le retrait prévu d’Afghanistan.

Pour autant tout reste à faire, et Almazbek Atembaev sera confronté à des défis majeurs. Si la plupart des spécialistes pensent qu’il est le mieux placé pour les surmonter, rien n’est assuré tant les tensions restent vives et le contexte propre à toutes les manipulations ethniques et religieuses de la part entre autres d’islamistes ou d’évangélistes protestants. Surtout le poids des réseaux d’une économie mafieuse généralisée a par le passé suffit à décourager les meilleurs ambitions affichées.