Moscovici et Montebourg : nouveaux convertis et nouveaux chiens de garde de M. Hollande !

lundi 21 novembre 2011.
 

Hier, dans le JDD, mon ami Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle a donné une longue interview, très dense et de grande qualité, sur la crise économique, la situation politique, et les insuffisances programmatique pour battre la droite et Nicolas Sarkozy, de celui qui sera le candidat du PS : François Hollande. Lisez là.

"Fillon prétend rassurer les marchés. Moi, je veux rassurer les salariés et les entreprises" Entretien avec Jean-Luc Mélenchon dans « Le Journal du Dimanche »

Pour illustrer les faiblesses, et les dangers de la stratégie du candidat socialiste, Jean-Luc Mélenchon a choisi, parmi plusieurs démonstrations, une métaphore humoristique : « A gauche, pourquoi choisir, pour entrer dans les saisons des tempêtes, un capitaine de pédalo comme Hollande ? ».

Depuis, quel sidérant bal d’hypocrite de la part de responsables socialistes ! Hier, sur Radio J, Pierre Moscovici, futur Directeur de campagne de M. François Hollande, a affirmé que les propos du candidat du Front de gauche « serve la droite et l’extrême droite ». Pffeu ! C’est donc tout ce qu’il a à dire sur le fond ? Ces arguments d’autorité qui visent à faire taire toutes critiques entre forces de gauche, sont éculés et n’honorent pas leur auteur. Ce genre de phrase n’est qu’une nouvelle version, à peine plus civilisée, du « vote utile ». La consigne de Moscovici ressemble à : silence dans les rangs, sinon vous êtes des alliés des adversaires. Au passage, il refuse de se prononcer sur notre « offre publique de débat » qui date de plus de deux mois désormais.

Et bien moi, je dis ras-le-bol de cet argument. Ces équipes ont déjà mené trois fois la gauche à la défaite à l’élection présidentielle (1995, 2002, 2007), elles ont fait élire trois fois la droite et même l’extrême droite au second tour, et elles se permettent encore de faire la leçon avec une certaine arrogance sur ce qui fait « le jeu » de la droite et l’extrême droite ? Faut-il rappeler également que François Hollande était Premier secrétaire du PS durant 10 ans et donc premier responsable d’au moins deux de ses défaites ? Quelles conclusions politiques en ont-ils tiré ? Aucune. Ils proposent toujours la même ligne, les mêmes recettes… qui risquent d’avoir les mêmes conséquences.

D’autant qu’en matière de lutte contre l’extrême droite, M. Moscovici devrait se montrer modeste. Faut-il rappeler ses déclarations du 8 mars 2011 ? Il expliquait alors, sur la chaîne Public Sénat, qu’il ne soutenait pas M. Hollande, mais préférait celui qui était alors Directeur du FMI. M. Moscovici avait alors affirmé « seul Dominique Strauss-Kahn est celui qui peut nous éviter un nouveau 21 avril ». Quelle clairvoyance ! On connaît la suite.

Ce matin rebelote sur France Inter ! Cette fois-ci, c’est Arnaud Montebourg qui s’y colle. Bien silencieux depuis un mois, si critique contre Hollande durant la primaire, il remonte sur le cheval pour cogner le Front de Gauche. Désormais soutien bien terne de François Hollande, sur lequel il ne semble exercer aucune influence idéologique, il se permet de tancer Jean-Luc Mélenchon en disant qu’il ne doit pas critiquer François Hollande : « Il ne peut pas se transformer en une sorte de Georges Marchais qui voudrait faire échouer la gauche 30 ans après. C’est à dire multipliant les attaques contre le seul candidat en mesure de battre Nicolas Sarkozy ». Rien que ça. Cette attaque est d’une faiblesse politique affligeante et Arnaud, si brillant parfois, devrait avoir honte. Que signifie ce terme péjoratif de « une sorte de... » à propos de celui qui, secrétaire général du PCF, obtenait 15,35 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle de 1981. Sans ces voix, et l’appel à voter François Mitterrand au second tour, aucune victoire de la gauche ne fut possible. Alors pourquoi utiliser ainsi le nom de l’ancien secrétaire général du PCF comme une insulte.

Arnaud Montebourg est aussi bien mal placé pour donner ce genre de leçon. En regardant la vidéo ci après, vous verrez comment en 2002, M. Montebourg considérait que « le programme de Lionel Jospin, c’est celui de François Bayrou, le candidat du centre-droit, mais en moins bon ».

En 2007, il affirmait sur Canal + que le principal défaut de Ségolène Royal, candidate du PS, c’est son compagnon : François Hollande. Il ajoutait aussitôt : « je croyais vous faire rire ! ». Aujourd’hui, il dit l’inverse, et n’a plus le même goût pour l’humour. M. Montebourg devrait surtout, pour sa part, éviter de devenir « une espèce de Guy Mollet ». Vous connaissez ?

C’était un dirigeant socialiste des années 50, à la rhétorique très à gauche dans l’opposition et finalement sans consistance réelle, une fois au pouvoir. Pour être utile aux belles idées qu’il a défendues durant la primaire, souvent empruntées au Front de Gauche, M. Montebourg devrait éviter de se donner pour rôle celui de gardien de plage devant le pédalo de M. Hollande.

Comme on le constate avec MM. Moscovici et Montebourg, c’est souvent chez les nouveaux convertis que l’on retrouve les plus zélés chiens de garde du catéchisme officiel. Je prends les paris qu’aucune de ces attaques hypocrites ne feront reculer le candidat du Front de Gauche. Sans concessions, débattons sur le fond. C’est la condition pour battre Sarkozy !


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