Le traité de Lisbonne... comme un boomerang

vendredi 9 décembre 2011.
 

D’abord, semaine après semaine, les dirigeants européens font payer aux peuples une crise dont ils ne sont en rien responsables et qui ne profite qu’aux institutions financières et aux banques.

Ensuite, leurs gesticulations ne sont d’aucun effet pour faire reculer d’un seul millimètre la crise. Au contraire, elle s’approfondit, s’aggrave, au point qu’on peut se demander dans quelle mesure nous ne sommes pas au bord d’une dramatique explosion pouvant plonger l’Union européenne et les populations dans la ruine.

Enfin, au fil des mois, force est de constater que ce sont toujours les thèses de la chancelière allemande et du capital allemand qui sortent gagnantes.

De ce point de vue, ce qui se passe depuis plusieurs jours est particulièrement révoltant. Alors que le Conseil des ministres de l’agriculture ne trouve pas les moyens de dégager 500 millions d’euros pour remettre en place le Plan européen d’aide alimentaire aux plus démunis, le lendemain même, les milieux dirigeants jonglent avec les milliards pour recapitaliser des banques ou injecter de l’argent dans le Fonds européen de stabilité financière (FESF), que certains veulent transformer en banque. Tout un programme qui a lui seul éclaire crûment l’orientation de cette Union européenne au seul service du capital ! Depuis des semaines, dans les allées des institutions européennes, on tourne le dos au bien-être des peuples, au travail, à l’éducation, à la culture, aux salaires, à un changement dans le mode de répartition et de production des richesses. Seule compte la protection des puissances financières.

M. Sarkozy et Mme Merkel s’érigent en petit directoire de l’Europe qui donne des leçons, font des recommandations et admonestent la planète entière. Leurs bourdonnements médiatiques, incompréhensibles et faux, resteront comme de dangereuses gesticulations d’un théâtre d’ombres tant que le couvercle qui ferme tout avenir aux peuples européens restera sur nos têtes. Ce dernier porte un nom : Traité de Lisbonne. Celui-là même que nos concitoyens, avec d’autres, ont rejeté alors que la droite et la majorité de la direction du Parti socialiste l’approuvaient et que M. Sarkozy a fait adopter.

Aujourd’hui, a été créé le fonds de stabilité financière européen pour tenter de contourner l’absurdité de ce traité de Lisbonne, sur lequel s’appuie Mme Merkel pour continuer d’interdire à la Banque centrale européenne de racheter les dettes d’Etat ou de prêter directement aux Etats. Doté de 400 milliards d’euros, les puissances d’argent proposent de le porter à 1000 milliards, voir à 2000 milliards d’euros. Qui paye ? Les Etats avec nos impôts et la réduction des services publics. Ce fonds ne sert qu’à garantir la situation des banques, sans impulser la relance et l’investissement humain, éducatif, culturel, sur la base d’un nouveau projet de développement.

La Banque centrale européenne ne peut même pas prêter à ce fonds. Effectivement selon l’article 123 du traité de Lisbonne : « Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des Etats membres (…) d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales… l’acquisition auprès d’eux par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales des instruments de la dette est également interdite… ». Voilà le corset ! Voilà l’absurde écrit en toutes lettres. L’ « inamendable » traité de Lisbonne revient comme un boomerang et pèse contre la France dans le débat franco-allemand ; loin d’être le protecteur qu’il prétend, M. Sarkozy portera devant l’histoire l’incommensurable faute d’avoir poussé les peuples dans l’impasse d’une crise sans fin.

Ses partisans avaient expliqué qu’il était impossible de changer ce traité. Et voilà maintenant que les milieux financiers et plusieurs dirigeants européens déclarent qu’il est urgent de modifier les traités de Maastricht et de Lisbonne. Bien sûr, pour eux, il s’agit de les aggraver encore en renforçant leur autoritarisme. Mais puisqu’il faut les changer, aux citoyens d’en exprimer le sens. La campagne des élections présidentielles qui s’ouvre leur en donne l’occasion car chacun comprend bien qu’il ne suffira pas au futur président de la République, comme on le propose au Parti socialiste, de faire le tour des capitales européennes pour donner un autre visage à une construction européenne qui non seulement ne protège pas les peuples mais qui en rajoute sur les difficultés qui les assaillent.

Le Front de Gauche, son candidat Jean-Luc Mélenchon et ses candidats aux législatives, font des propositions précises pour sortir de l’impasse actuelle. Il s’agirait, en lien avec une nouvelle Banque centrale européenne, au service d’un crédit pour l’humain et non plus pour la finance de transformer le fonds de stabilité en un fonds de développement humain, social, solidaire et écologique qui rende utile aux habitants de notre continent tout l’argent investi en son sein. Utile à des programmes européens pour l’emploi, la ré-industrialisation, la promotion de l’agriculture paysanne, l’éducation et la formation. Utile à des investissements dans de grands chantiers d’intérêt commun aux peuples européens dans les transports, l’énergie, le logement, la recherche… Il est temps de dresser un barrage contre ces semeurs de chômage, de pauvreté et de misère, sans se laisser impressionner. Démasquons-les !

A l’aide de leurs fameuses agences de notation, comme Moody’s, alliée de Sarkozy pour imposer l’austérité, on dégrade la note des banques, sous prétexte qu’elles ne résisteraient pas à une difficulté de remboursement. Puis, on demande aux Etats de les renflouer par avance. Cela revient à augmenter le déficit des Etats qui, pour éviter les prétendus déficits imposent, semaine après semaine, toujours plus d’austérité aux populations. Il est urgent de subvertir ce système de malheur et de reprendre nos vies en mains, contre les rapaces de la dictature de l’argent-roi.

L’Europe de « l’humain d’abord » ou celle de la finance ? Le Front de Gauche porte avec hardiesse la première.


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