« Le FN, chien de garde de la bonne société » (Jean-Luc Mélenchon à Nancy)

mercredi 28 décembre 2011.
 

Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche, a pointé du doigt, mercredi soir, à Nancy, devant les jeunes de Sciences-Po, la « haine » véhiculée par l’extrême droite.

Ce devait être une rencontre entre les étudiants de Sciences-Po et Jean-Luc Mélenchon. Deux cents d’entre eux avaient bien pris place dans la salle du campus, mercredi soir, à Nancy, mais deux cents autres jeunes (et aussi quelques-uns de leurs aînés) ont tenu à être de la partie.

Étrangement, alors que les organisateurs appellent à s’emparer du micro baladeur, peu de mains se lèvent lors de cette réunion initialement consacrée à un échange avec le candidat du Front de gauche. Comme si chacun, chacune, militant(e) ou pas, était là d’abord pour écouter l’homme politique, voir celui dont on vante la qualité oratoire.

Mélenchon fait donc du Mélenchon. Et le public suit phrase par phrase le cours sur l’origine de la crise, « une crise capitaliste comme personne n’en a connue, même pas ma génération. Le système est à la limite d’un effondrement dont personne ne peut dire de quel côté il amènerait l’histoire des êtres humains », dit-il. Regardant droit dans les yeux les étudiants, le candidat transformé en professeur d’économie politique, précise : « L’action humaine est essentielle pour décider dans quel sens vont aller les événements » car « les constructions politiques sont des constructions humaines ».

Le raisonnement est écouté attentivement. Des applaudissements surgissent quand, sur cette terre lorraine convoitée par l’extrême droite, Jean-Luc Mélenchon lance : « Le Front national n’est rien d’autre que le chien de garde de la bonne société (…) En quarante ans, il a passé son temps à essayer de trier les Français d’après leur couleur de peau ou l’origine des parents. »

L’orateur tape fort et emporte l’assistance avec lui dans la dénonciation de ceux qui « sèment la haine ». Il jure que si le Front de gauche gouvernait le pays en 2012, il assurerait une carte de séjour à « tous les travailleurs sans papiers », voyant dans cet acte, entre autres, la fin de la compétition que les dirigeants entretiennent entre salariés. Jean-Luc Mélenchon refuse et se moque de l’affirmation 
selon laquelle une telle politique entraînerait « un appel d’air ». Il s’en indigne même : « C’est l’appel de la misère qui pousse les gens loin de chez eux. C’est dur de partir, de se couper des siens, des odeurs de son pays, des paysages. Ce sont les plus courageux qui s’exilent. Et combien meurent avant d’arriver ici ? » Sans doute, le public avait-il davantage envie d’entendre ces paroles peu affirmées par les autres candidats de gauche, face à une dirigeante d’extrême droite particulièrement arc-boutée sur l’immigration.

Mina Kaci, L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message