L’expert sud-africain en droit international, John Dugard, utilise le terme "d’apartheid" pour désigner la situation que vivent les Palestiniens

"J’ai passé l’essentiel de ma vie d’adulte à lutter contre l’apartheid en Afrique du Sud, en tant qu’avocat, directeur juridique universitaire, et de 1978 à 1990, en tant que directeur du Centre d’études juridiques appliquées (un institut de recherche engagé dans la défense des droits humains et des litiges à leur sujet).

Contrairement à beaucoup d’autres Africains du Sud, je n’ai jamais été emprisonné, mais j’ai été poursuivi, arrêté et menacé par la police sud-africaine. Mon livre majeur, droits de l’homme et système juridique sud-africain (1978), le récit le plus complet de la loi et la pratique de l’apartheid, a été initialement interdit.

J’ai eu le temps d’acquérir une grande expérience quant aux trois piliers sur lesquels repose l’Etat d’apartheid - la discrimination raciale, la répression et la fragmentation territoriale. J’ai mené des campagnes d’avocats contre l’expulsion de personnes de race noire issus de quartiers réservés aux Blan, ce qui a rendu le systèmes ingérable pour le gouvernement sud-africain. Je me suis battu contre la torture, contre les Bantoustans devant les tribunaux.

Après l’Afrique du Sud est devenue une démocratie, j’ai été nommé à un comité restreint d’experts chargés de rédiger une Déclaration des droits de la Constitution de 1996 en Afrique du Sud.

J’ai visité et les territoires Palestiniens occupés en 1982, 1984, 1988 et en 1998. En 2001, j’ai été nommé président d’une commission d’enquête établie par la Commission des droits de l’homme pour enquêter sur les violations des droits durant la seconde Intifada. En 2001 j’ai été nommé Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme (suite Conseil des droits humains) sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés.

À ce titre, j’ai visité les territoires palestiniens occupés deux fois par an et signalé à la Commission et la Troisième Commission de l’Assemblée générale. En Février 2009 j’ai mené une mission d’établissement des faits établie par la Ligue des États arabes pour enquêter et faire rapport sur les violations des droits humains et du droit humanitaire dans le cadre de l’Opération Plomb Durci.

Dès ma première visite en Israël / TPO, j’ai été frappé par les similitudes entre l’apartheid en Afrique du Sud et les pratiques et les politiques d’Israël dans les TPO. Bien sûr, en Afrique du Sud, il s’agissait d’un Etat qui pratiquait la discrimination et la répression contre son propre peuple. Israël est une puissance occupante qui contrôle un territoire étranger et un autre peuple. Mais en pratique il ya peu de différence. Les deux régimes ont été / sont caractérisés par la fragmentation, la discrimination, et la répression. La principale différence est que le régime d’apartheid a été plus honnête. L’apartheid en Afrique du Sud était inscrit dans la loi, et le gouvernement ne s’en cachait pas, alors qu’Israel nie l’apartheid ou s’appuie sur des décrets et lrèglements hérités de l’Etat d’urgence sous mandat britannique, pratiquement inaccessibles.

J’ai vu de mes yeux les check-points humiliants, qui m’ont rappelé la mise en œuvre de la législation des "pass" (mais en pire), des routes séparées (inconnes dans l’apartheid en Afrique du Sud) et la démolition de maisons palestiniennes, ce qui m’a rappelé la démolition de maisons dans les « zones réservées à la population blanche".

J’ai visité Jénine en 2003, peu après qu’elle eût été dévastée par l’armée israélienne.J’ai parlé à des familles dont les maisons avaient été saccagées par l’armée israélienne, à des jeunes et des vieux qui avait été torturés par l’armée israélienne, et j’ai visité les hôpitaux pour voir ceux qui avaient été blessés par les soldats israéliens. J’ai vu les colonies, le mur, et j’ai parlé à des agriculteurs dont les terres avaient été saisies pour la construction du mur. J’ai voyagé à travers la vallée du Jourdain et pu constater la destruction des camps de bédouins et l’installation de des points de contrôle conçus pour servir les intérêts des colons.

Un dernier commentaire basé sur mon expérience personnelle. Dans le régime africain d’apartheid, il y avait certes ségrégation, mais les bantoustans étaient conçus pour être viables, et le gouvernement y construisait des écoles, des hôpitaux et des routes pour Sud-Africains noirs. Il y a même a créé des industries chargées de fournir des emplois pour les Noirs. Même cela, Israël ne le fait pas pour les Palestiniens.

Bien que le droit international contraigne l’occupant à répondre aux besoins matériels de la population occupée, Israël laisse cela à la charge des bailleurs de fonds étrangers et organismes internationaux. Israël pratique la pire espèce de colonialisme dans les TPO. Terre et eau sont exploitées par une communauté de colons agressifs qui n’a aucun intérêt dans le bien-être du peuple palestinien - avec la bénédiction de l’Etat d’Israël."