L’élection présidentielle française vue d’Espagne

dimanche 15 janvier 2012.
 

Rarement le résultat d’une élection présidentielle en France n’aura été aussi imprévisible (El Publico)

C’est la phrase par laquelle l’agence d’information de référence en France, l’Agence France-Presse (AFP) concluait, il y a quelques jours, son analyse sur la course électorale qui commence. Et si les journalistes les mieux informés du pays ont préféré cette phrase à un relevé des données des sondages, c’est parce qu’ils ont leurs raisons, de fond, qui obligent la gauche française à affiner ses programmes.

La crise aiguë que traverse la France, dans toutes les thématiques centrales telles que le chômage, le pouvoir d’achat, l’endettement, la sécurité des citoyens, la fracture sociale ou le rôle sur la scène mondiale est, selon de nombreux points de vue, la plus profonde de sa récente histoire. En même temps, électoralement, le pays est toujours sous l’influence de trois votes atypiques récents qui ont démenti tous les sondages.

47% de français « ne souhaitent ni la victoire de Sarkozy ni celle de Hollande "

En avril 2002, contre tout pronostic, le très populaire premier ministre socialiste Lionel Jospin a été éliminé du premier tour, ce qui a placé au deuxième tour Jean-Marie Le Pen, extrême droite, largement battu par Jacques Chirac. En mai 2005, un referendum sur le Traité Constitutionnel libéral pour l’Europe a été massivement rejeté par les français, dont une majorité de gauche, alors que le centre, la droite et le PS prônaient le oui, et que les sondages annonçaient la victoire du oui. Enfin, en mai 2007, Nicolas Sarkozy a remporté l’élection la plus aisée pour un président dans la Cinquième République, grâce à un programme confus et populiste qui promettait la lune, contrairement à la tradition de ce pays de présidents qui raisonnent dans des débats de haut niveau.

Selon un sondage récent de l’institut BVA, 47% des français « ne souhaitent ni la victoire de Sarkozy ni celle de François Hollande ", leader du PS, en 2012. D’autre part, d’autres instituts ont indiqué que plus de 60% des électeurs déclarent ne pas avoir encore décidé leur vote.

Des alliances difficiles

La France va vivre jusqu’à juin deux scrutins présidentiels et deux scrutins parlementaires

Dans la conjoncture actuelle, cette élection est « imprévisible ». Les forces de centre et de gauche qui, très probablement, pourront prendre le pouvoir au terme du long processus électoral qui verra deux tours de présidentielles, en avril et mai, et deux tours de législatives, en mai et juin ne dévoilent pas leurs armes.

Ils ne les dévoilent pas parce que, bien que l’alliance entre le parti socialiste, le Front de Gauche et les Verts se considère comme acquise dans ce pays, cet accord possible est beaucoup plus difficile maintenant. Il existe des divergences insurmontables en matière de construction européenne, d’augmentation de salaires et secteur public, parmi les forces de la gauche. Il est également difficile parce qu’on attribue à Hollande l’intention de signer un programme de Gouvernement avec le centre, chose qui excluerait automatiquement de la coalition le Front de Gauche qui annonce son refus d’entrer dans un Exécutif avec les partisans de l’actuelle orientation européenne.

Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de Gauche, « continue à faire son chemin », indique le bureau de l’AFP en indiquant que les sondages le donnent entre 7 et 7.5% d’intention de vote pour la présidentielle. Ce pourcentage, peut paraître bas, mais en réalité il double ou triple les résultats traditionnels des candidats alternatifs aux présidentielles, élections qui leur sont les plus défavorables. Ça peut annoncer quelque chose de semblable à une grande vague aux législatives. Cette vague, de fait, a été préfigurée aux régionales de 2010 et aux cantonales de 2011, où le Front de Gauche a dépassé 10% à l’échelle nationale et est arrivé à 20% dans des régions clé et « thermomètre » de France, comme le Limousin ou l’Auvergne.

Mélenchon peut conduire le Front de Gauche à la victoire aux législatives

À l’occasion des récentes sénatoriales, il y a quelques semaines, Hollande a testé une technique expérimentale : il a offert des sièges de sénateurs à des candidats Verts dans trois circonscriptions dans lesquelles il y avait un sénateur sortant du Front de Gauche. Les candidats verts ont accepté ces sièges, contrairement à la tradition républicaine.

Cette tentation du PS d’esquiver le débat de fond, tout en essayant de bâtir la victoire électorale de la façon la plus facile possible, a été confirmée il y a quelques jours : Hollande a répondu non à l’« offre de débat public » faite par Mélenchon, sur le secteur nucléaire, l’Europe et l’emploi.

Article du journal El Publico (traduction Françoise Bague)


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