Volant, toupie... l’enfant apprend en jouant

vendredi 20 janvier 2012.
 

Cette réflexion de Nicolas Witkowski sur l’espace, le temps et les lois classiques du mouvement est aussi une incitation à changer radicalement les méthodes d’enseignement.

Petite métaphysique des jouets. Éloge de l’intuition enfantine, de Nicolas Witkowski. Éditions de La Martinière, 
2011, 176 pages, 20 euros. On peut lire cet agréable ouvrage au moins de deux façons (convergentes)  : comme une réflexion sur l’espace, le temps et les lois classiques du mouvement ou bien comme un éloge de la créativité des enfants et une incitation à changer radicalement les méthodes d’enseignement.

Au premier point de vue, la citation suivante est centrale, pour expliquer les trois lois du mouvement (conservation du moment linéaire, du moment angulaire et de l’énergie)  : « Pourquoi trois lois et pas davantage (…)  ? Parce que l’espace et le temps ont trois propriétés fondamentales, et pas davantage. Deux d’entre elles décrivent l’espace qui est le nôtre  : l’espace est homogène (tous ses lieux sont identiques et interchangeables) et isotrope (toutes ses directions sont identiques et interchangeables). Quant au temps, il n’a qu’une direction, celle qui va du passé vers l’avenir, mais il est aussi homogène » (p. 78).

L’auteur ajoute, ce qui rejoint le second point de vue  : ces lois « émanent de propriétés on ne peut plus basiques et évidentes qui sont à la portée de tous et qui ont été expérimentées dans l’enfance ». À l’appui de cette affirmation, il décrit de multiples jouets d’enfants, comme le volant, le cerceau, la toupie, les petits moulins, en explique simplement quelques modes de fonctionnement et en dégage les principes. Il termine ainsi  : « L’enfant poursuit finalement le même but que le physicien, le philosophe ou 
le mathématicien en quête d’invariants. Il va droit à l’essentiel, à ce qui est caché derrière les choses. Il va droit aux lois 
de la nature » (p.152).

Donc, contrairement à ce que disent certains, l’enfant apprend en jouant et l’enseignement doit être modifié pour en tenir compte. Cette façon de voir peut rejoindre divers travaux de science de l’éducation, comme l’ouvrage Jouer/Apprendre, de Gilles Brougère, ou de didactique des sciences, comme la récente thèse de Nicolas Pelay, « Jeu et Apprentissages mathématiques  : élaboration du concept de contrat didactique et ludique en contexte d’animation scientifique », soutenue en mai 2011 à l’université Lyon-I.

Par son style, par ses illustrations (par exemple des reproductions de Chardin), par son format, ce petit livre lisible et stimulant joint l’art, l’utile, le plaisir, la science et la réflexion.

Pierre Crépel, L’Humanité


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