Des cabinets de consultants américains à l’origine du programme de l’UMP ?

lundi 8 janvier 2007.
 

Il est frappant de prime abord de constater que le projet de l’UMP est construit sur une logique de type anglo-saxon, largement utilisée par les services de communication de ces pays, et que l’on a pu voir fleurir sur le web pendant les dernières campagnes électorales aux Etats-Unis. Partant d’un objectif global, ici un groupe de cinq « valeurs », une arborescence se développe destinée à décliner progressivement ces principes en objectifs sectoriels pour se terminer par des mesures pratiques très ciblées.

Qu’en est-il du premier niveau, celui des « cinq valeurs » ?

Il s’agit pour l’UMP, à ce niveau d’identifier et de conforter non pas ce qui fonde la solidité du modèle républicain, mais plutôt de mettre en exergue ce qui ressemble à s’y méprendre au modèle de Bush : l’individualisme avec le « mérite », la prétendue récompense des efforts, la "justice" réduite à traiter les cas des plus handicapés, et non plus érigée en principe de vie en société, la « responsabilité et le respect », synonymes de devoirs unilatéraux envers un ordre un établi et enfin la « confiance », qui s’oppose par nature au dispositif de solidarité et de régulation que constitue l’organisation des services publics et de l’état, rendus responsables, selon l’UMP de l’étouffement de la vie économique.

A ce stade on peut déjà clairement déceler quelles sont les intentions : à défaut de démarche originale et devant la faillite de la politique actuelle toujours plus injuste et développant la précarité et la pauvreté au jour le jour, l’UMP propose tout simplement de rallier le modèle de Tatcher-Bush, le néo-libéralisme qui bien qu’en reflux dans un grand nombre de ays, dont récemment une majorité de pays d’Amérique latine, continue encore à hypnotiser la droite française, plus particulièrement l’UMP. Il s’agit donc non pas d’une rupture tranquille mais d’une rupture totale et brutale avec ce qui fait la force tranquille des régimes de gauche : l’organisation de la solidarité au sein de la société.

Suivent ensuite dix « engagements »

« Faire de

la France

l’acteur d’une autre mondialisation... », et « retrouver l’Europe , qui protège de la mondialisation... » il s’agit là d’un pétition de principe, car après près de cinq ans d’exercice du pouvoir où aucune position ou action concrète allant dans ce sens n’ont été prises, on ne voit pas par quel miracle l’UMP tournerait subitement le dos à la politique de non respect de l’environnement, de maintien en l’état de l’indépendance de la banque centrale européenne, de laisser faire généralisé au niveau européen qui s’est installé depuis l’instauration d’une majorité de droite au Parlement européen ainsi qu’au Conseil.

« Un État qui marche...une plus grande confiance dans les acteurs économiques...un pacte de progrès avec les fonctionnaires... » : si on confronte cela avec la pratique de l’UMP et les engagements parallèles de Sarkozy, ce qui se pratique déjà et se généralisera c’est plutôt :

Le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui partent à la retraite : ne serait-ce pas plutôt un pacte de défiance avec les fonctionnaires ? et aussi la croyance archaïque dans la capacité des forces du marché à régler seules la vie économique et sociale qu signifie en clair la plus grande confiance dans les acteurs économiques...Quand aux acteurs sociaux ils n’est proposé nulle par de leur attribuer des moyens d’intervenir dans la vie économique et sociale, on ne voit même pas le mot syndicat apparaître dans ce texte...il est vrai qu’ils n’ont plus leur place dans tel système ou ils nuiraient au fonctionnement du marché.

« Une révolution écologique....cinq ans pour disposer de tous les outils pour résoudre tous les principaux problèmes écologiques de

la France

... » La encore comment croire à la sincérité de tels promesses alors que le gouvernement actuel n’a même pas été capable de faire transcrire dans le droit français, depuis trois ans, une simple directive européenne sur les OGM et est l’objet de poursuite judiciaire par la Commission.

De

plus les quelques projets concrets concernant notamment les biocarburants sont largement contestables au plan écologique

« Une société du respect et de l’égalité des chances, qui sache concilier la sévérité avec les délinquants, le respect... ».nous retrouvons bien la politique des républicains américains avec un nombre et un pourcentage d’emprisonnés bien plus élevé qu’en France, où il est déjà considérable : cette politique de la brutalité vis-à-vis des jeunes et des minorités, surtout concernés, n’a abouti en aucun cas à résoudre les problèmes de société : la violence malheureusement appelle la violence, et l’absence de prévention, l’absence de perspectives d’emploi sont les vraies causes pour lesquelles aucune proposition concrète de solution n’apparaît dans le projet UMP.

« Revaloriser le travail et augmenter le pouvoir d’achat, car le travail est source de dignité, de la sécurité ...rien de tout cela n’a été visible pendant cette législature, si le chômage a régressé un peu ce mouvement est surtout dû aux nombreux départs à la retraite. Si le travail est souvent source de dignité il peut aussi être un facteur d’abaissement de l’homme lorsque l’on incite à multiplier les heures supplémentaires pour « gagner plus », au détriment de la vie extraprofessionnelle et de l’emploi. Il en est de même pour le travail des jeunes mis en apprentissage à un âge trop précoce, décision pris par la majorité UMP, sacrifiant ainsi la préparation de leur avenir.

« Réussir le devoir d’éducation...plus de choix pour les familles, plus d’autonomie pour les établissements... » c’est la porte ouverte à l’instauration d’une ségrégation d’accès, de facto, entre établissements scolaire en fonction de leur implantation géographique, de la situation scolaire des élèves, en particulier ceux des familles défavorisées qui seront écartés des « meilleurs » établissement. La solution actuelle de la carte scolaire, malgré ses défauts préserve mieux la mixité sociale, seule garante, dans les établissements scolaires d’un accès plus homogène à la culture en général.

« Gagner la bataille mondiale de l’intelligence... : ce slogan reste vide de sens si le service public de la recherche et de l’éducation ne dispose pas des ressources nécessaires (au moins 3% du PIB) ; faire croire que l’effort financier du secteur privé permettra de compenser les insuffisances de l’effort public, c’est un mauvais pari, qui n’a jamais fonctionné en France et qui ne permet pas d’optimiser les résultats, mais qui nous conduit à la récession de la recherche français. Ne pas non plus aborder le problème toujours délicat du budget de la culture laisse entendre que la aussi la recette Bush peut être appliquée : pratiquement pas de budget étatique ...résultat une télévision quasi entièrement dédiée à la publicité, des activité artistiques inaccessibles aux plus pauvres, des fondations qui échappent à l’imposition en développant leur propre vision de la culture...est-ce vraiment comme cela que la culture sera rendue à l’ensemble des citoyens ?

« Préserver notre protection sociale par une politique de justice et de responsabilité, car les fraudes, les abus, et l’absence d’adaptation de notre modèle social aux évolutions de notre modèle social...c’est un véritable dénis de justice sociale auquel nous avons assisté avec toujours plus de cadeaux notamment fiscaux au plus riches, et plus de pauvreté et de précarité comme en témoigne tous les jours les besoins sans cesse croissants des restaurants du cœur ou l’augmentation du nombre de RMIstes...face à cette réalité trouver comme bouc émissaire les fraudes ou les régimes de protection sociale, la sécurité sociale, en proposant de les remplacer par des assurances privées et des fonds de pensions...c’est encore une fois s’aligner sur le modèle de Bush, particulièrement déficient dans ce domaine, avec 39 millions de citoyens en dessous de seuil de pauvreté au USA, des seniors sans ressources, sans retraite décente...non merci nous ne voulons pas de l’importation de ce modèle en France, protégeons et améliorons notre model.

« Faire de chaque famille un foyer de sécurité et de liberté, car ...le patrimoine de la famille doit être protégé... » Derrière cet hymne à la « liberté », se cache, en fait, le conservatisme le plus rétrograde : comme la solidarité ne pourrait plus s’organiser au niveau de la société avec l’état comme garant, on repousse sur la famille ce qui devrait être une responsabilité collective : la protection des individus, l’essor des jeunes, la place des femmes, dans la société, la transmission du capital... ce faisant on entérine et au aggrave les inégalités sociales, on fracture la société en microsociétés en compétition pour la survie dans un monde dominé par les plus forts.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message