Face à la finance, nous on peut !

lundi 23 janvier 2012.
 

« Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) ! », affirmait en 2007 Denis Kessler, alors vice-président du MEDEF. La crise que nous traversons aujourd’hui est devenue un nouveau prétexte pour détruire les acquis du CNR. Au sortir de la seconde guerre mondiale, les forces réactionnaires étant discréditées, les résistants prennent le pouvoir. Ils décident alors de traduire politiquement les valeurs de solidarité et de partage qui leur ont permis de résister et pour beaucoup de survivre durant l’occupation. La ligne politique du CNR sera donc : « assurer les pertes, partager les richesses ». L’augmentation des impôts sur les revenus, le renforcement du droit au travail et l’éducation pour tous sont les traductions concrètes du partage des richesses quand l’assurance maladie, la retraite et les indemnités chômage sont l’expression de la socialisation des pertes. C’est tout cela que la droite souhaite abolir progressivement.

Rétablir les valeurs du CNR

La crise n’y est pour rien, c’est un prétexte : en bon défenseur des oligarques, l’UMP aurait sans la crise remis en cause l’âge de la retraite, le droit du travail et la Sécu. Ses intentions sont aussi claires que ses actions systématiques et contre-révolutionnaires. « Privatiser les gains et socialiser les pertes » telle est leur ligne et ils la tiennent ! Baisser les impôts sur le revenu (bouclier fiscal), libérer la circulation de l’argent (CDS, la titrisation), et faire des marchés la priorité politique (indépendance de la Banque centrale, casse des droits économiques et sociaux) sont des manifestations de la privatisation des gains, les plans de rigueur étant quant à eux l’application de la « socialisation des pertes ». Pas de « sacrifices nécessaires », rien d’ « inévitable », mais bien l’application d’un projet politique. Il est temps que cela cesse. Le Front de gauche rétablira les valeurs de partage et de solidarité. Certains diront à juste titre qu’une telle politique attirera les foudres des marchés sur la France. Voilà pourquoi, parmi les mesures qui seront mises en place, un grand nombre d’entre elles serviront à dompter les animosités des « marchés ».

Tout d’abord, nous séparerons les banques de dépôt (celles qui s’occupent des épargnants) de celles d’investissement (celles qui s’occupent des spéculateurs). Cette division permettra, non seulement de protéger les petites épargnes, mais également en cas de crise de laisser s’effondrer les banques d’investissement de telle manière que les spéculateurs paient enfin les conséquences de leurs actes. Quand on joue au casino, on ne peut pas demander aux citoyens de rembourser à chaque fois que l’on perd !

Interdire les CDS et la titrisation

Nous supprimerons également la titrisation. Ce procédé était censé réduire le risque pris par les créanciers en le « mutualisant ». En réalité il a rendu les créanciers irresponsables et diffusé le risque dans tout le système financier. Quand le marché immobilier américain s’est retourné, plus personne n’a été en mesure de repérer tous les portefeuilles infectés par les titres « subrimes ». Résultat, la confiance disparaît et les banques ne se prêtent plus. Les conséquences ? La crise financière de 2008 a accouché d’une crise économique majeure.

Imaginez maintenant que vous souscriviez à une assurance vie et que le bénéficiaire puisse librement transférer ses droits à n’importe qui. Cela vous conviendrait-il ? Si cette pratique est interdite, elle se nomme « CDS » sur les marchés financiers. Lorsqu’une banque prête à un Etat, elle s’assure en cas de défaillance de l’Etat : elle prend un CDS. Ces banques peuvent ensuite vendre ces CDS à des fonds d’investissement qui ont alors tout intérêt à ce que l’Etat s’effondre. Voilà l’origine des « attaque spéculatives » que subissent certains Etats. Nous interdirons donc les CDS.

Nous interdirons également les crédits sur hypothèques. Ces crédits permettent à quelqu’un, qui n’a pas assez d’argent pour accéder à un prêt, de mettre en balance la valeur de son bien immobilier. Le danger est alors double : non seulement, si les personnes n’ont pas l’argent pour rembourser les prêts, elles sont obligées de rendre leurs maisons et se retrouvent alors à la rue, mais en cas de baisse de la valeur de l’immobilier en général, les banques ne peuvent plus se faire rembourser leurs prêts. Elles font faillite. La crise des « subprime » a ainsi été déclenchée.

Perdre le triple A, et alors ?

Vouloir mettre en œuvre de telles mesures s’oppose aux intérêts de tant de puissants qu’aucune naïveté n’est permise. Les oligarques mettront en place des mesures contre-révolutionnaires. Le premier sera de faire perdre le triple A, ce qui mécaniquement augmentera le coût de notre dette. Mais nous nous y sommes préparés.

Dans un premier temps, nous ferons un audit citoyen de la dette afin de déterminer celles que nous rembourserons et celles que nous considérerons comme illégitimes. Il n’est pas question que les travailleurs paient les dettes issues d’un appauvrissement volontaire de l’Etat au profit des puissants et qui a plongé l’Europe dans une crise sans précédent. Pour le reste, Le Front de gauche s’engagera au remboursement. Pour cela, nous demanderons un changement de statut de la Banque centrale européenne (BCE). Dans une volonté de soumettre les Etats aux exigences de l’économie, le seul objectif de la BCE aujourd’hui est la stabilité des prix et des marchés. L’absurdité d’une telle rigidité apparaît au grand jour en ces périodes de crise. Ne pouvant pas prêter directement aux Etats pour aider à la baisse du chômage, la BCE est obligée de prêter aux banques privées dans l’espoir qu’elles prêtent de l’argent à l’économie réelle et aux Etats. La conséquence inique d’un tel système est que des banques privées qui empruntent de l’argent quasiment gratuitement de la BCE le prêtent à des taux pouvant aller jusqu’à 25 % ! Absurdité supplémentaire, elle refuse de prêter des masses considérables de dépôts qui dorment en pension auprès de la BCE. Il est grand temps que la BCE puisse prêter directement à des taux quasi nuls. Une telle solution permettrait aux Etats de mener des politiques de relances, de payer leurs dettes et de s’émanciper des pressions des marchés. Si l’Union Européenne refuse, signifiant ainsi qu’elle sacrifie la pérennité des Etats et le bien-être de sa population à celui des marchés, nous désobéirons au Traité de Lisbonne. Nous mobiliserons la Banque de France pour prêter à la France et l’émanciper de la tutelle des marchés. Et nous rendrons l’argent du pôle financier public disponible pour relancer l’activité socialement utile et environnementalement soutenable.

A tous ceux qui pensent qu’« assurer les pertes et partager les richesses » n’est pas possible à cause des circonstances, le Front de gauche leur répond, propositions à l’appui, « Nous, on peut !


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