Le peuple de gauche mérite un débat Mélenchon-Hollande

dimanche 5 février 2012.
 

Enflammer le débat. Voilà l’objectif du candidat Front de gauche à la présidentielle. François Hollande l’a refusé, ce débat, mais déclare soutenir Jean-Luc Mélenchon le cas échéant. Contradictoire, pour Simon Ulrich, militant du Front de gauche.

Les semaines s’enchainent. La grande cohue progresse. La messe électorale débute et elle sera suivie, comme d’habitude, par la danse d’une fumée grise montant au ciel au son d’un "Habeus Praesidem".

Comme tous les cinq ans, cette nuée peut naître de l’embrasement de simples postures médiatiques ou alors, provenir de flammes. Flammes qui, au son des craquements de braises raisonnant dans un concert de bruit et la fureur, de tumulte et de fracas, permettront l’éclosion du véritable débat démocratique. La vivacité du feu dépendra en grande partie de notre volonté, de notre détermination et de notre engagement.

La campagne s’annonce à la fois longue et courte. Favoris ou challenger, la distance n’est définitivement pas la même, l’objectif, encore moins. En ce qui concerne le Front de Gauche, nous désirons certes, au soir du vote du 22 avril, être en tête de la gauche. Mais cette victoire, si elle se confirme et se réalise, ne sera qu’un premier pas sur un long chemin.

L’idéal ne sera encore qu’une bribe naissante dans un horizon sortant de l’obscurité. Le réveil du peuple, la croyance en le seul messie qui vaille, l’humain, et ce autour de la plus belle des trinités, "Liberté, Égalité, Fraternité", seront le fruit de longs et usants combats. Après biens de grands soirs, les lendemains commenceront enfin à siffloter.

Enflammer le débat, ce slogan, nous avons été beaucoup à l’entendre à la Fête de l’Humanité. Enflammer le débat, c’est donner vie à la lumière qui viendra éclairer le choix des citoyens et citoyennes. Enflammer le débat, c’est accorder une chance pour que le vote, en dehors de toutes pressions, de l’obscure ignorance, de la peur, se fasse au service de ce que chacun considère comme l’intérêt général.

Enflammer le débat à gauche, c’est l’un des objectifs que nous nous sommes tous posés.

Ainsi, il y a quelques mois, Jean Luc Mélenchon proposait à François Hollande un débat public.

En entendant cette proposition, je me suis mis à rêver de ce duel de titans que nous méritons. Ces hérauts de deux gauches divergentes venant, face à face, avancer, dessiner, défendre le monde et les solutions qu’ils envisagent pour notre grand pays. J’imaginais alors le peuple, comme en 2005, rempli de bonne volonté, suivre attentivement cette confrontation de mots et de mondes.

Donner du sens à la rigueur ou relancer l’économie par la redistribution des richesses et le partage  ? Briser ou vivre avec les marchés  ? Imposer la retraite à 60 ans à taux plein ou laisser nos vieux partir usés avec une pension de misère  ? Obéir ou non aux traités européens  ? Face à ces questions légitimes, les Français auraient pu entendre des solutions divergentes et faire leurs choix en citoyen-ne-s éclairés.

Après quelques semaines d’un silence assourdissant et provocateur, François Hollande a accepté, suite à une question d’un auditeur sur "France Inter", de se positionner sur ce débat légitime et nécessaire. En quelques mots,

Il expliquait alors pourquoi il le refusait. Pour lui, débattre, ce serait descendre dans une arène. En l’écoutant, je me suis mis à revoir les scènes violentes de tous ces péplums que je regardais enfant. Nous devrions conseiller la visualisation de "Spartacus" par Kubrick à notre camarade Hollande. Il comprendrait, peut-être, qu’il n’y a de liberté que lorsque les hommes et les femmes se lèvent et parlent, crient. Le silence, l’ignorance de l’autre, ce ne sont là que des outils de manipulations et de destructions.

François Hollande accepte de lutter dans l’arène avec des opposants fragiles comme Juppé. Alors même que chacun sait que le combat est truqué. Ces deux-là sont en parfait accord sur la politique de rigueur et la perpétuation du règne des marchés. Hollande refuse d’offrir au peuple de gauche, mais aussi à la France toute entière, le seul débat qui compte : rigueur ou relance.

Selon notre petit François, il ne s’en dégagerait qu’une grande violence. Une telle barbarie que le peuple ne pourrait accepter ou comprendre. Ou alors – esprit pervers, sors de moi − il pourrait justement avoir peur que, suite à un débat intelligent et suivi, le peuple comprenne et refuse alors tous ces arguments électoraux et criminels comme le vote utile.

Alors, un débat Hollande-Mélenchon, la question est elle définitivement close  ? Si je reprends mon clavier pour écrire une petite note, c’est justement qu’un petit évènement la semaine passée, relevé par quelques organes de presses, a eu lieu. Après des mois, François Hollande a accepté de répondre à une question simple, mais qui hante tout ceux qui ont une connaissance minime du monde latino-américain : "Êtes-vous prêt à appeler à voter pour l’autre gauche  ?".

Après des mois où des conseillers comme Michel Sapin, levant les yeux vers le ciel, avec ce sourire dédaigneux connu des puissants, refusaient systématiquement d’y répondre. Hollande, jeudi soir sur "France 2", a confirmé son ralliement dans l’hypothèse où Mélenchon serait en tête de la gauche.

Drôle de contradiction, il serait prêt à le soutenir, mais refuse encore de débattre avec lui. Cette démarche intellectuelle est particulièrement difficile à appréhender. Il est donc bon d’exiger, pour le peuple français, pour la vigueur du débat démocratique, pour la république, que Hollande accepte de débattre avec le candidat du Front de Gauche. En plus de nous offrir un grand moment de politique, il s’éviterait le ridicule, au soir du 22 avril, d’appeler à voter pour un candidat qu’il n’aurait même pas eu le courage d’affronter.


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