Réponse au discours de Nicolas Sarkozy à Lavaur sur la politique familiale

lundi 20 février 2012.
 

Monsieur le Président,

Vous avez prononcé à Lavaur, un discours très politique bien que marqué par l’absence de propositions concrètes. Derrière l’imagerie sentimentale, vous avez exalté la famille traditionnelle « première cellule de notre immense corps social ... socle de notre identité nationale » et la politique familiale française « qui permet aux femmes ... d’avoir des enfants et une activité professionnelle ». Rien n’y manquait. La Famille, l’idée nationale, le Travail ... En vous entendant, il nous revenait d’un autre temps, les mots de celui qui jugeait « la famille » comme « la cellule essentielle, l’assise même de l’édifice social », et en avait fait l’un des éléments d’un nouveau tryptique définissant ce qu’il était convenu alors de nommer l’État français.

Mais, M. le Président, ce qui fonde la Nation, ce n’est pas la famille, c’est la République et ses principes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité ! Ce qui fonde notre pays, c’est la solidarité, celle que vous vous acharnez à détruire en répandant l’insécurité sociale partout !

Cédant à ce qui est devenu la marque de fabrique de votre camp, vous vous êtes félicité du caractère « naturel » de la croissance de notre démographie. Etrange qualificatif ! Soudainement, le « déferlement » de l’immigration n’intervient plus ici qu’à la marge et ne menace plus notre pays ! Mais Monsieur le Président, nous devrions être fiers que notre pays, champion d’Europe des mariages mixtes, fasse « France de tout bois » comme aime à le rappeler Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de Gauche.

Lorsque vous avez évoqué les questions sociales vous avez oublié de dire que la première demande des familles est celle d’avoir un revenu leur permettant de subvenir aux besoins de tous les jours, loyers, nourriture, chauffage, santé ... Votre défense du quotient familial, mis en cause sans véritable réflexion par l’équipe Hollande, ne saurait suffire à asseoir une politique familiale. Car aujourd’hui, chaque enfant ne « bénéficie » pas de prestations identiques. Ce qu’il faut pour notre pays, c’est une réforme radicale portant à la fois sur un impôt tenant compte de la situation familiale et sur l’ensemble des prestations familiales.

Vous avez une fois de plus dénoncé le « coût » du travail, qualifiant de « taxe » les cotisations sociales. Mais, M. le Président, ces cotisations, c’est une part de leur salaire que les travailleurs ont décidé de mettre en commun pour assurer leur sécurité, leur santé, leur bien-être ainsi que celui de leur famille. Monsieur le Président, vous qui vouliez nous faire « travailler plus pour gagner plus », avec votre TVA anti-sociale, vous êtes en train de spolier les salariés de 22 milliards de leur salaire ! Vous allez frapper durement les familles et particulièrement les moins aisées pour lesquelles les consommations « contraintes » constituent l’essentiel des dépenses. M. le Président, une véritable politique familiale passe par un autre partage des richesses, notamment par une plus grande progressivité de l’impôt en augmentant le nombre de tranches et l’instauration d’un revenu maximum.

M. le Président, dans votre évocation quasi mythique du couple, vous avez oublié d’évoquer l’égalité femme-homme dans le cadre de la famille sinon pour constater que ce sont les femmes « qui assument encore aujourd’hui l’essentiel des tâches familiales ». Pour donner aux hommes et aux femmes une véritable liberté de choix sans laquelle l’égalité restera un voeu pieux, pour donner aux enfants toutes les chances d’épanouissement, c’est d’un grand service public de la petite enfance dont notre pays à besoin et c’est ce que propose le Front de Gauche. Vous avez aussi ignorer la demande des couples de même sexe de pouvoir fonder une famille cédant ainsi aux franges les plus extrémistes de votre électorat.

Alors, M. le Président, au lendemain des déclarations de votre Ministre de l’intérieur sur « les civilisations qui ne se valent pas toutes », après l’épisode du « travailler plus », aujourd’hui votre rappel des « valeurs traditionnelles » de la famille montre en fait une grande cohérence idéologique. C’est la vieille pensée d’une droite rassise. Et ce n’est pas un hasard si ce discours sur la politique familiale a été prononcé à Lavaur, fief de M. Carayon, ancien animateur de mouvements d’extrême droite et l’un des chefs de file de la Droite Populaire. Il n’est pas jusqu’aux enfants de l’école du Centre, enrôlés pour vous acclamer « spontanément », qui ne nous ont évoqué une époque lointaine que nous espérions révolue.

Bernard COTTAZ-CORDIER & Nadine VERDIER

Co-secrétaires du Parti de Gauche - Membre du Front de Gauche


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