Temps d’antenne : à quoi sert le CSA ?

samedi 10 mars 2012.
 

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) ne sert-il à rien ? Le 8 février, le Front de Gauche adresse une lettre au CSA afin qu’il rappelle à l’ordre les chaines de télévision et les radios. Un rapport, publié par le conseil lui-même, vient en effet de révéler à quel point celles-ci se moquent de l’équité dans les temps d’antenne des candidats à l’élection présidentielle. Depuis, au CSA, c’est le silence radio. Pourtant cette infraction à la loi est déjà une ligne éditoriale. Car radios et télés, en plus de réserver respectivement seulement 4% et 6% de leur temps d’antenne au Front de Gauche, s’abandonnent à une propagande évidente en faveur du bipartisme.

Au mois de janvier, Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont ainsi partagé à eux deux plus de 70% du temps à la télé et plus de 75% à la radio ! Le conseil explique qu’il « a prescrit aux chaînes de veiller dans les prochaines semaines à mieux tenir compte de la représentativité de l’ensemble des candidats afin de garantir une présentation et un accès équitables à l’antenne jusqu’au 19 mars » (la période dite de « l’équité » s’achèvera alors pour laisser la place à l’égalité du temps d’antenne entre les candidats). C’est tout ? Faut-il comprendre que le CSA va attendre passivement le 19 mars en se contenant de quelques rapports plutôt que sanctionner ? Sa mission est pourtant claire : faire respecter la loi. Cette « haute autorité » en rappelle hélas une autre : la commission des sondages. Lors du procès de cette dernière devant le Conseil d’Etat, le rapporteur civil a donné raison au plaignant Jean-Luc Mélenchon en disant que la commission avait laissé les instituts de sondages bafouer la loi. Puis, le Conseil d’Etat a reconnu la violation de la loi mais décidé de ne pas sanctionner !

Les chiens de garde de l’audiovisuel, pour reprendre l’expression consacrée par un documentaire qui vient de sortir, pourront-ils, à leur tour, bénéficier de cette impunité ? Rien n’est joué mais c’est à craindre. La lettre du Front de gauche est restée sans réponse. Pire, entre le premier et le dix février, et c’est le site internet du CSA qui le dit, les temps d’antenne n’ont pas évolué. Or il ne reste plus que quelques semaines avant le début de la campagne officielle. Devant l’urgence, le Front de Gauche exige, comme c’est son droit, le doublement de son temps de parole. Et cela dès maintenant. Tout en rappelant que si le CSA s’abstient d’agir rapidement, ce dernier se rend complice de pratiques qui mettent en danger le pluralisme démocratique.

Jean-Baptiste Celli


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