Front de Gauche : Un mouvement populaire s’est mis en marche

mercredi 21 mars 2012.
 

Comme je vous en ai déjà entretenu dans des notes précédentes, cette campagne du Front de gauche nous réserve des surprises tous les jours. A cause justement du caractère spontané, citoyen et populaire du processus en cours. Samedi soir des amis nous ont invités, ma femme et moi, à une soirée « layette et politique » ! Ils viennent de mettre au monde il y a trois semaines un magnifique petit Raphaël et ils ont invité voisins et amis en couplant ce rendez vous avec un débat amical sur la campagne du Front de gauche pour les présidentielles. Cette discussion entre voisins et amis permet d’aborder directement tous les sujets et de libérer la parole. Après tout quand on met au monde un petit homme il est légitime de s’interroger sur le monde qu’on va lui laisser en héritage. Beaucoup de témoignages dans cette soirée montrent un intérêt grandissant dans la population pour la candidature et les propositions de Mélenchon ; une professeure de lycée professionnel indique par exemple que ses élèves de bac pro, qui professaient tous jusque là un rejet pur et simple de la politique, n’hésitent plus à dire que Mélenchon leur parle et qu’ils veulent voter pour lui. Cela rejoint ce que j’ai entendu le matin même sur le marché de Figuerolles où l’accueil fut fort positif dans un milieu populaire : « Lui au moins il parle net » « il parle de nous, de ce qui va pas », « il sait cogner sur la Le Pen »…

Dans ces trois dernières semaines la situation s’est modifiée : de l’adhésion militante – élargie à tous ceux qui se côtoient dans les luttes ou les batailles électorales depuis 2005 – on est passé à un intérêt populaire beaucoup plus large : enfin un espoir se lève. Nôtre tâche est d’amplifier cet impact populaire des mots et de l’alternative qu’incarne Jean-Luc Mélenchon. Il faut pour cela éviter les calculs politiciens et le repli sur des segments électoraux, s’adresser au grand nombre. Rien de ce qui est humain ne nous est étranger et notre programme fait passer l’humain avant le profit et l’appât du gain ; c’est donc en partant du programme qu’on peut répondre à toutes les préoccupations. J’ai pu le tester dernièrement, lors de débats locaux sur diverses questions : la gestion des déchets, l’eau (on reparlera du forum alternatif mondial de l’eau à Marseille auquel s’est rendu mon camarade Bruno Flacher), les droits (à défendre et étendre) des femmes qui sont les plus frappées par la précarité, le chômage et la violence, la petite enfance, l’urgence sociale du logement (dont on va parler cette semaine avec la fin de la trêve hivernale)… Je ne veux pas aborder ici chacune de ces questions ; ce qui m’importe c’est la méthode qui fait avancer notre cause : accepter l’échange avec tous, d’où qu’ils viennent, car il y a de l’humain en tous. Puis faire admettre que la solution doit prendre en compte la satisfaction des besoins humains et amener ainsi ses interlocuteurs à y réfléchir. L’un des traits de la campagne de Mélenchon est précisément de s’adresser à l’intelligence de tous ; je peux vous dire que les gens apprécient qu’on ne les prenne pas pour des imbéciles !

Pour la première fois cette campagne électorale participe d’un véritable mouvement social. Déjà, en mettant en place les assemblées citoyennes, la priorité a été donnée à l’expression libre des citoyens ; c’est d’ailleurs cette méthode du dialogue qui a permis de construire le programme du Front de gauche « L’humain d’abord ».

De là se sont diffusées d’innombrables initiatives de terrain, élaborées et imaginées sans attendre telles ou telles consignes centrales. Il y a eu ensuite les prestations exceptionnelles de notre candidat à la télévision qui a fait exploser le mur médiatique, construit pour tenter de le discréditer et le marginaliser. Sa parole et les thèmes de notre campagne se sont imposés sur des questions centrales, telle la nécessité de faire payer les riches. En même temps, les rassemblements massifs de jeunes et de salariés, s’appropriant les meetings du Front de gauche, submergeaient les cadres politiques traditionnels, beaucoup repartant avec tracts et programmes en poche. Ce n’est plus dés lors d’un côté des candidats présentant leurs programmes et de l’autre des électeurs passifs qui font leur choix dans l’hypermarché politique ; autre chose se passe lors de cette mobilisation pré-électorale avec cette mise en mouvement d’une partie du peuple.

Cette mobilisation participe de la reconstitution d’une classe ouvrière et populaire consciente de soi. Pendant des décennies la classe ouvrière a subi les effets des licenciements, de la précarité, du chômage ; les transformations de l’appareil productif semblaient l’atomiser et la marginaliser ; les professionnels de la parole politique, médiatique et savante la faisaient disparaître des écrans radars de la société. Statistiquement majoritaire la classe populaire avait disparue de tous les discours et de toutes les représentations. Les mobilisations contre les attaques patronales et gouvernementales depuis 1995, 2003, 2006 et 2010 ont peu à peu remis en mouvement ouvriers et salariés. Mais sans qu’une représentation politique se construise avec cette mobilisation. Or, ce à quoi on assiste avec cette campagne, c’est à la prise de conscience par la classe populaire de son existence, de sa force, de son nombre. Un lien fort se tisse avec les syndicalistes, œuvrant au dépassement de cette distance stérile entre syndicalisme et politique. Comme l’a bien expliqué Marx, pas d’existence objective d’une classe ouvrière sans son affirmation subjective. Les classes populaires sont de retour et tout doit être fait pour leur donner les moyens de s’affirmer en nombre dans cette élection.


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