Exprimer notre force par notre vote le 22 avril pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon

dimanche 1er avril 2012.
 

Par MYRIAM MARTIN Membre du Conseil politique du NPA, HÉLÈNE ADAM Membre du Conseil politique du NPA, PIERRE-FRANÇOIS GROND Membre du Conseil politique du NPA

La campagne présidentielle entre dans sa dernière ligne droite et doit affronter une situation lourde de dangers.

- Danger d’une droite autoritaire, incarnée par le président sortant, dont le projet est dans la continuité de son action : nocif pour une majorité de la population tant se sont creusées les inégalités, tant se sont développés un discours et une politique de plus en plus poreux aux thèses de l’extrême droite.

- Danger d’un Front national dont l’emprise sur une partie de la population frappée par la crise distille le poison mortel du racisme et de la xénophobie.

- Danger d’une crise écologique qui pose des enjeux de civilisation.

- Danger, enfin, d’un capitalisme financier mondialisé, qui se moque du calendrier électoral, qui peut imposer en Grèce ou en Italie son propre personnel politique et dicter son choix, celui d’une politique d’austérité sans fin et sans fond.

Alors, oui, il faut sortir le sortant, combattre le Front national, s’insurger contre la dictature des banques et du capital, et faire de cette élection présidentielle un premier moment de résistance sociale et démocratique.

Il nous suffit de regarder la Grèce pour saisir la gravité de la situation actuelle. Nous avons là une paupérisation sans précédent des populations. Baisses des salaires et des pensions, coupes sombres dans les budgets sociaux, privatisations imposées des services publics avec profits juteux pour les requins de la finance, se succèdent à un rythme d’enfer. Et qui est aux manettes ? Un gouvernement soi-disant « technique », aux ordres des banques et des grandes institutions qui ont plongé le pays dans le chaos et qui font désormais payer à la population une dette et une crise qui ne sont pas les leurs ! Si la situation de la Grèce est particulièrement dramatique, elle n’est pas isolée en Europe. Les responsables politiques et économiques du libéralisme et de la crise économique ont mis en place ce monstre financier qui se croit tout-puissant. Ils ont construit l’Europe des traités de Maastricht et de Lisbonne, au mépris de la souveraineté populaire. Ils veulent aller toujours plus loin. A présent, c’est le modèle social européen, produit d’un siècle et demi de luttes et de conquêtes ouvrières, qui est en ligne de mire.

Battre Sarkozy est un enjeu essentiel et primordial. Mais il n’est pas le seul. Le programme de François Hollande, à l’instar des politiques sociales démocrates européennes, s’inscrit dans le cadre de la gestion du capitalisme, ce qui signifie austérité à tous les étages et respect des critères imposés par les marchés financiers, ces critères que les dirigeants veulent à nouveau graver dans le marbre d’un nouveau traité. Il tourne le dos aux exigences de justice sociale. Il ne prend pas davantage en charge les questions écologiques.

Il importe alors qu’existe au premier tour, un vote, le plus massif et dynamique possible, pour donner force à un programme d’urgence basé sur une autre répartition des richesses, la transition énergétique, des transformations démocratiques radicales.

Une nouvelle chance sera ainsi offerte pour faire exister durablement un courant politique qui conteste à gauche l’hégémonie du social-libéralisme. C’est essentiel pour faire contrepoids à l’extrême droite. C’est décisif pour donner force et courage à celles et ceux qui résistent aux politiques d’austérité.

Et dès après la présidentielle, sur la base de cet élan, les forces politiques et sociales qui refuseront de collaborer, sous quelque forme que ce soit, avec un gouvernement d’austérité dit de gauche devront former ensemble un bloc contre la crise pour défendre une alternative sociale et démocratique en toute indépendance vis-à-vis du Parti socialiste.

Telle est notre analyse des urgences de l’heure.

Nous sommes militants de la « Gauche anticapitaliste », courant unitaire du NPA, nous avons été membres de la LCR auparavant. C’est avec beaucoup d’amertume, mais aussi de colère, que nous voyons notre parti renoncer à l’engagement pris lors de sa fondation : rassembler tous les anticapitalistes dans un parti de masse. Le NPA avec son candidat prend le chemin de la marginalité, qui lui interdira de peser réellement dans une situation politique aux enjeux majeurs.

La Gauche anticapitaliste, sans donner de position en tant que courant sur le vote, prend acte de cette impasse et estime que la dynamique créée autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon constitue un fait positif de la situation actuelle. Nous voulons en souligner les conséquences à nos yeux.

Réquisitionner les entreprises qui licencient en délocalisant, prendre des mesures pour museler la finance, refuser de faire payer la crise à la population, organiser la planification écologique, rompre avec une cinquième république antidémocratique, refuser les traités européens pour réorganiser une Europe qui réponde aux impératifs sociaux, écologiques, démocratiques, sont autant de propositions qui vertèbrent la campagne de Jean-Luc Mélenchon et qui vont dans le bon sens. Nous apprécions les déclarations affirmant qu’aucune participation à un gouvernement qui pratiquerait la politique préconisée par Hollande n’est envisageable. Nous conservons des points de vue différents sur certains aspects concernant notamment la République et la nation, mais nous estimons l’orientation générale positive.

La dynamique politique militante qui ne cesse de s’amplifier permet que vive et se développe une force militante et électorale qui refuse de se soumettre à la gestion sociale-libérale des crises et aux politiques d’austérité.

C’est un facteur important du rapport de forces et un puissant encouragement pour les luttes sociales. En témoigne d’ailleurs le nombre de syndicalistes, de militants du mouvement social, écologiste, féministe, antiraciste qui rejoignent la campagne.

Dès lors, nous pensons qu’il ne faut pas hésiter à affirmer que si nous sommes nombreux à exprimer notre force par notre vote le 22 avril pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon, la situation en sera nécessairement positivement bouleversée.


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