Le phénomène Mélenchon est le signe d’une immense attente en matière de justice sociale

dimanche 1er avril 2012.
 

Mélenchon, le phénomène

Alors que l’on s’attendait à voir Nicolas Sarkozy ou Marine Le Pen tirer profit d’une semaine dramatique, c’est Jean-Luc Mélenchon qui tire son épingle du jeu dans les enquêtes d’opinion.

Marine Le Pen jure de « mettre l’islamisme à genoux ! » Et cependant, elle ne remonte pas dans les intentions de vote. La semaine dramatique qui vient de s’écouler n’aurait donc pas changé le cours de la campagne ? On s’attendait à voir Nicolas Sarkozy remonter de cinq à huit points à la faveur de sa « représidentialisation » : successivement général en chef, acteur principal des cérémonies d’hommage aux victimes et père de la Nation, promettant de terroriser les terroristes...

En face, on s’attendait à voir François Hollande perdre du terrain. Or, le croisement des lignes ne s’est pas accentué : si Sarkozy atteint 28,5 % des intentions de vote, Hollande, à 27 %, reste pratiquement stable au premier tour et l’emporte au second. La vraie surprise du sondage quotidien Ifop-Paris Match, c’est, une fois encore, Mélenchon, à 14 %.

Effet 11 septembre

Le refus du candidat du Front de Gauche de suivre l’exemple de Sarkozy et Hollande et d’interrompre sa campagne, l’aurait-il servi ? Cependant, la même attitude frondeuse semble avoir desservi François Bayrou. À 12 % d’intentions de vote, comment le candidat Modem, qui tenait hier son grand meeting parisien au Zénith, n’évoquait-il pas, avec nostalgie, les foules centristes qui le portaient, en mars 2007 ?

Dans le camp sarkozyste, au moins, on peut encore espérer semer le doute chez les électeurs hésitants en martelant que les socialistes n’ont jamais pris à bras le corps les problèmes d’insécurité et que Hollande n’a pas, comme le dit Bernadette Chirac, « le gabarit » d’un président. Dans le camp socialiste, on compte sur un « effet boomerang » : le bilan sécuritaire de Sarkozy, ministre de l’Intérieur puis président, est-il un succès ? Plutôt que de faire voter de nouvelles lois répressives tous les ans, le président sortant n’aurait-il pas dû s’opposer à la réduction drastique des effectifs de la police et de la gendarmerie ? « C’est un bluffeur ! » se répète Hollande.

Effet chômage

Des deux côtés, cependant, on s’avise que le phénomène Mélenchon est le signe d’une immense attente en matière de justice sociale. Retour, chez les socialistes, après la séquence « sang froid face aux assauts contre la République » et « rassemblement des Français », au tiercé emploi, pouvoir d’achat, fiscalité. Retour, au premier plan dans l’équipe Sarkozy, du gaulliste-séguiniste Henri Guaino, pour qui le « conseiller de l’ombre », Patrick Buisson, a tort de ne s’intéresser qu’aux fonctions « régaliennes » au détriment de l’économique et du social. On attend maintenant les prochains chiffres du chômage. Feront-ils basculer la campagne ? Ils pourraient peser plus lourd que le jihadiste Mohamed Merah.

A CLERC-Q]


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message