Mise au point de la Gauche anticapitaliste sur l’appel à voter Mélenchon de Martin, Grond et Adam

vendredi 30 mars 2012.
 

A propos de la Tribune de Libération du 22 mars 2012

Exprimer notre force par notre vote le 22 avril pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon (Par MYRIAM MARTIN Membre du Conseil politique du NPA, HÉLÈNE ADAM Membre du Conseil politique du NPA, PIERRE-FRANÇOIS GROND Membre du Conseil politique du NPA)

La Gauche anticapitaliste (courant unitaire du NPA pour l’écosocialisme) a tenu une réunion nationale les 17 et 18 mars. Elle a principalement discuté de la situation politique, naturellement marquée par la campagne présidentielle en France. Elle y a adopté une déclaration à l’unanimité [voir ci-dessous] qui se conclut notamment par les points suivants :

« Participer à la construction d’un bloc anti-austérité, rassembler en son sein les courants anticapitalistes et écosocialistes, telle est la tâche de l’heure. »

« La GA, constatant des positions différentes en son sein sur l’appel au vote et privilégiant son unité, ne prendra pas, en tant que courant, de position concernant le vote au premier tour. »

Dans ce cadre, la réunion a aussi discuté du contenu et de l’impact d’une tribune annoncée par ses rédacteurs, trois dirigeants du NPA et aujourd’hui de la GA. Quelles que soient les différences d’appréciation, un accord semblait s’être alors dégagé sur le contenu souhaité de cette tribune, évidemment sous la seule responsabilité de ses auteurs. C’est ce que reflète fidèlement le compte-rendu, fait aussitôt après la réunion nationale, par le Comité d’animation national de la GA et adressé à tous ses adhérents :

« Il a été acté que celle-ci [la tribune] contiendrait pour l’essentiel la formulation du projet politique de la GA et qu’elle se conclurait par des formules qui ne constituent pas un appel au vote explicite. »

Nous tenons donc à manifester notre désapprobation sur la phrase qui conclut la tribune publiée par Libération le 22 mars 2012, sous la plume d’Hélène Adam, Myriam Martin et Pierre-François Grond. Cette phrase est rien moins qu’explicite :

« Dès lors nous pensons qu’il ne faut pas hésiter à affirmer que si nous sommes nombreux à exprimer notre force par notre vote le 22 avril pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon, la situation en sera nécessairement positivement bouleversée. »

Nous ne le faisons pas par respect légitimiste d’une organisation, dont la nouvelle direction ne se prive pas de fouler au pied l’esprit et la lettre des textes de référence du NPA (« Nos réponses à la crise », par exemple) et qui mène affectivement une campagne présidentielle marginale, sectaire et ouvriériste, sans aucune pertinence par rapport aux enjeux majeurs de la situation actuelle (« la tâche de l’heure »). Nous ne le faisons pas non plus par désaccord avec le contenu essentiel de cette tribune, y compris l’évaluation positive de la dynamique incontestable de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, soulignée dans la déclaration nationale de la GA.

Il nous semble tout simplement, comme nous l’avons exprimé dans la réunion nationale de la GA, qu’une prise de position si explicite, prise publiquement (et relayée, comme on pouvait s’y attendre, largement par la presse) par 3 des responsables les plus connus du NPA et de la GA, contribue à brouiller le message de la GA adopté consensuellement en tordant le bâton dans un sens qui n’est pas majoritaire au sein de notre courant.

Nous ne faisons pas de procès d’intention concernant un « ralliement » des trois signataires de la tribune au Front de Gauche ou au Parti de Gauche, sa seconde grande composante. Signalons quand même, pour simple rappel, que dans « soutien critique » s’il y a, il devrait aussi y avoir un volet critique un peu plus conséquent, au-delà des mentions faites dans la tribune sur la « république », la « nation » dont Jean-Luc Mélenchon se gargarise dans ses discours (sans parler de ses références constantes à l’Union de la gauche ou bien à la Gauche plurielle, de ses génuflexions devant le PCF et ses dirigeants historiques connus pour leur probité et attachement à l’émancipation des travailleurs, tels Marchais ou Leroy, ou de ses courbettes face aux appareils syndicaux actuels ou encore de ses révérences aplaties devant des gouvernements à la Chavez, etc...). Nous savons bien qu’une campagne électorale n’est pas forcément le lieu de tous ces débats, mais une discussion politique dans la perspective d’une nouvelle force appelle un peu plus de présence !

Outre les orientations politiques adoptées les 17 et 18 mars, la discussion a convergé vers la nécessité d’une bataille interne résolue au sein du NPA pour lui proposer une réorientation politique majeure, avec l’échéance cruciale d’une « conférence nationale décisionnelle avant l’été », acceptée par tous, même pour ceux qui sont sceptiques.

Nous sommes, comme beaucoup, atterrés et meurtris par le délabrement actuel et accéléré du NPA. Nous ne savons pas si nous avons, tous ensemble, une chance de l’emporter. Mais nous sommes absolument convaincus que l’avenir se prépare aujourd’hui et passe par une telle tentative résolue pour tenter de sauver ce que nous avons contribué à construire et le remettre sur les rails de l’émergence d’un large bloc anti austérité et du regroupement d’un pôle anticapitaliste en son sein.

La préparation collective de cet avenir, selon le résultat des élections et les positionnements des forces en présence, nous permettra de trouver les voies et les moyens de poursuivre dans le contexte qui prévaudra alors. Ne pas mener cette bataille ou s’y dérober ou rester sur le côté du chemin ne présage pas bien de notre capacité collective future à en mener d’autres, peut-être encore plus importantes.

C’est notre préoccupation. Nous souhaitons qu’elle soit largement partagée.

Le 23 mars 2012

Charles Aubin (Paris 10), Christophe Armen (Cergy), Josette Trat (Paris 18), Laurent (Cergy), Samy Johsua (Marseille).


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message