Situation d’urgence sociale pour la jeunesse

lundi 2 avril 2012.
 

1914... 2012 La jeunesse toujours sacrifiée

Le débat de la campagne électorale ne recueille pas l’enthousiasme populaire tant il apparait comme éloigné des préoccupations et enjeux des françaises et des français. C’est particulièrement vrai pour les jeunes auxquels elle semble ne pas s’adresser et dont elle fait peu de cas. Une enquête Ipsos révélait récemment que 87% des jeunes interrogés pensaient que les responsables politiques ne se préoccupaient pas de ce qu’ils pensent ni de leurs préoccupations. Une tribune publiée sur le site des jeunes communistes.

Elles sont pourtant très grandes, au niveau de l’ampleur de la situation d’extrême précarité dans laquelle la jeunesse s’enfonce depuis trente ans, dans notre pays mais aussi en Europe et dans le monde. Le président du SPF, Julien Lauprêtre a lui même alerté l’opinion sur le « raz de marée de la pauvreté chez les jeunes ».

Ainsi, nous sommes dans une situation d’urgence sociale pour cette jeunesse qui se sent abandonnée par la République.

Le mandat de Nicolas Sarkozy aura, là aussi, été celui de la régression. Indéniablement la génération de jeunes d’aujourd’hui est celle qui concentre les conséquences du grand bon en arrière libéral. La précarité touche la majorité d’entre eux, dans tous les domaines de leur vie, au point de les priver de se projeter sur l’avenir qu’ils et elles souhaiteraient.

Comment pourrait-il en être autrement ? Depuis plus de trente ans les politiques en direction de l’emploi des jeunes ont abouti à la création d’une usine à précaires. Les petits boulots, l’intérim, les contrats bidons, les TUC, CES, les contrats d’avenir, les contrats jeunes ou encore les contrats uniques d’insertion : voilà autant de mesures qui ont cassé la stabilité de l’emploi et la sécurité de leurs vies. C’est cette logique que la droite veut poursuivre. Refonder totalement la finalité et les contenus de la formation initiale pour diminuer le « coût du travail » pour les entreprises et les déresponsabiliser sur le plan social et démocratique. Ainsi, les « remèdes » à la situation des jeunes préconisés par la droite et le Medef ont invariablement le même goût : celui du diktat de la rentabilité financière et de la flexibilité des êtres humains au détriment des droits et des salaires. Pour eux les jeunes ne peuvent entrer dans le monde du travail que la petite porte : celle du sas de précarité ! En préférant le CAC 40 à l’être humain, ils sacrifient la jeunesse et son avenir.

Avec le Front de Gauche c’est une toute autre ambition que nous avons. Nous voulons permettre aux jeunes de se former et travailler en toute sécurité, en agissant contre la précarité et le chômage dont il et elles sont les plus lourds tributaires.

Une proposition de loi cadre a été déposée le 5 décembre 2011 sur le bureau de l’Assemblée au nom du groupe GDR intitulée « Permettre aux jeunes de prendre en main leur avenir ». Nous avons pris tous les deux l’initiative de cette loi et l’avons élaborée avec les jeunes et avec leurs associations dans leur diversité. Elle touche a tout ce qui fait leur vie . Elle veut répondre aux urgences sociales et sécuriser leurs parcours de formation et d’emploi quel que soit leur situation actuelle : étudi¬ant-e, en formation, en recherche d’emploi ou salarié. Cette proposition de loi porte quatre exigences.

La première est de rendre effectifs pour les jeunes les droits existants mais auxquels ils ne peuvent prétendre réellement qu’en développant les services publics du logement, du transport, de la santé et de l’éducation.

Deuxièmement elle permettrait de garantir l’autonomie financière des jeunes en mettant en place des mécanismes de lutte contre les bas salaires, une prise en compte des diplômes dans les conventions collectives et en rémunérant mieux les stages et l’apprentissage. Elle propose de créer une allocation d’études et une allocation de recherche d’emploi ou de formation ouverte aux jeunes qui n’ont pas encore cotisé.

Troisièmement elle répondrait à l’aspiration des jeunes d’être mieux accompagnés vers l’emploi en renforçant les droits des apprentis et les contenus de leur formation, en améliorant l’encadrement des stages, en facilitant les visas étudiants et en renforçant les moyens de Pôle Emploi, des missions locales et du service public de l’orientation. Elle permettrait aussi de développer une formation dans les entreprises pour favoriser l’accueil des jeunes en leur sein.

Enfin, il s’agit de renforcer la sécurisation des conditions de formation et d’emploi par des mesures visant à lutter contre le recours à l’emploi précaire et contre les détournements de l’apprentissage et des stages de leur objet par des sanctions pénales et financières, mais aussi en renforçant le droit d’alerte des syndicats en la matière. Cette loi propose de supprimer pour les jeunes les dérogations au code du travail accumulées au fil des années et de créer les conditions d’un meilleur respect des droits des jeunes au travail en renforçant les moyens de l’inspection du travail et l’information des salarié-e-s sur leurs droits.

Vouloir tout cela, ce n’est que justice pour tant d’années de précarité. Vouloir tout cela, c’est répondre à l’urgence pour la vie des jeunes, mais c’est aussi ouvrir le chemin pour sortir de la crise et engager de nouveaux progrès de civilisation par une autre répartition des richesses.

Cette proposition de loi est maintenant un bien commun. Elle est à disposition de tous les jeunes. Avec le Front de gauche et les jeunes communistes, ils ont des outils pour la mettre en débat, l’enrichir et construire une grande mobilisation de la jeunesse pour que demain, avec Jean-Luc Mélenchon et les députés du Front de Gauche, l’Assemblée Nationale fasse place aux jeunes !

Marie-George Buffet, Députée, ancienne Ministre.

Pierric Annoot Secrétaire Général du Mouvement Jeunes Communistes


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