Les pistes de l’ADN des populations des cinq continents font remonter à notre berceau commun, l’Afrique

lundi 16 avril 2012.
 

L’aventure de l’espèce humaine. De la génétique des populations à l’évolution culturelle, de Luca Cavalli-Sforza. Éditions Odile Jacob, 2011, 160 pages.

Jusqu’à récemment, l’étude de l’évolution de l’espèce humaine reposait essentiellement sur l’examen des crânes fossiles (paléoanthropologie).

Luca Cavalli-Sforza, professeur 
à Stanford (États-Unis), bouleversa la discipline 
en introduisant plusieurs autres disciplines  : génétique, archéologie et linguistique notamment. Ses premiers travaux, menés en 1948 dans l’Italie du Nord, concernaient l’hérédité des groupes sanguins. 
Cinquante années plus tard, l’auteur a pu répéter ses recherches à l’échelle du monde entier, avec l’aide de plus de cent laboratoires, en analysant l’ADN extrait 
de 52 populations des cinq continents. Il a ainsi prouvé que la cause principale des variations génétiques tenait aux migrations des populations.
Le plus ancien ancêtre commun à l’homme et au chimpanzé vivait en Afrique, il y a 6 millions d’années (Ma).

Le premier ancêtre de l’espèce Homo (Homo habilis) vivait encore en Afrique, il y a 2,5 Ma. La fameuse Lucy, petite femme appartenant à une espèce intermédiaire du genre Australopithecus, vivait il y a 3,2 Ma. Les premiers Homo d’Afrique (H. habilis, H. rudolfensis, H. ergaster) étaient bipèdes et savaient construire des outils. Il y a 2 Ma, Homo erectus migra d’Afrique dans tout l’Ancien Monde. La découverte du feu date de 1,7 Ma. Le premier fossile humain européen est une mâchoire vieille de 0,65 Ma trouvée à Heidelberg, en Allemagne. On trouve à cette époque en Europe du Nord, H. heidelbergensis et H. neanderthalis (l’homme de Néandertal). Il y a 60 000 ans environ, toutes les espèces humaines, nées hors d’Afrique, avaient totalement disparu quand survint la nôtre  : Homo sapiens sapiens, venant aussi d’Afrique. 
Le cerveau humain acquit son volume actuel (quatre fois celui du chimpanzé) il y a 300 000 ans. Les plus anciens hommes modernes (H. sapiens) habitaient la zone du Rift, en Afrique orientale.

La première colonisation du monde par les hommes partit d’Afrique et gagna l’Ancien Continent par le Moyen-Orient, l’Amérique par le détroit de Béring, puis l’Australie. Les premiers hommes étaient nomades, chasseurs-cueilleurs. Pendant un temps assez bref, l’homme de Cro-Magnon (H. sapiens sapiens) coexista avec l’homme de Néandertal, qui disparut il y a 28 000 ans environ. L’agriculture naquit, il y a 10 000 ans environ au Moyen-Orient, en Chine et au Mexique. Les populations se sédentarisèrent alors et des hiérarchies sociales (propriétaires et esclaves) apparurent. L’usage des métaux, il y a 3 500 ans, 
puis la domestication du cheval marquèrent le début des grandes invasions historiques.


Les analyses de l’ADN des populations du monde entier indiquent que la diversité génétique entre individus augmente lorsqu’on s’éloigne de l’Afrique. La transmission culturelle accompagne l’histoire des hommes dès l’origine et s’accentue considérablement avec l’apparition du langage, il y a plus de 60 000 ans. L’arbre génétique des populations humaines (fondé sur l’ADN) correspond à l’arbre des superfamilles linguistiques africaines, indo-européennes, amérindiennes ou indo-pacifiques.

Paul Mazliak, historien des sciences

http://www.humanite.fr/culture/les-...


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