Pour que l’humain d’abord devienne une priorité, c’est Jean Luc Melenchon le 22 avril prochain

vendredi 20 avril 2012.
 

Le 22 avril 2012 est une date fondamentale pour nombre de militants de gauche : l’espoir de voir la régression s’arrêter pour reprendre enfin le cours du progrès républicain basé sur notre devise nationale : Liberté, Egalité, Fraternité. Dans ces termes, le vote Front de Gauche devient incontournable. Par Gilles Sainati, co-animateur de la commission justice et Libertés du Parti de Gauche et membre du Syndicat de la Magistrature.

Plus d’une décennie de saccage des Libertés et de la République

Un très grand nombre d’observateurs s’accordent à dire que depuis plus de dix ans tout une série de libertés publiques ou/et individuelles ont reculées voire on été démantelées du fait d’un populisme pénal ou sous prétexte d’impératif de gestion.

Frénésie sécuritaire de la droite : Depuis 2002, ce sont plus de trente lois pénales et de procédure qui ont envahies l’espace civique avec le résultat désastreux que l’on sait. Un inventaire à la Prévert n’y suffirait pas, et pour le malheur de tous et de toutes cette inclinaison sécuritaire a débuté bien avant 2002 mais s’est accéléré par la suite. En voici la liste incomplète en annexe.

La mode sécuritaire importée des Etats Unis avait gagné les esprits de beaucoup au cours des années 1998/2002 y compris à gauche, sans que soit analysé le projet politique qui se cachait derrière. Il était pourtant simple et revendiqué : revenir non seulement sur les acquis du Conseil National de la Résistance mais aussi mettre à bas les fondements de la Répulique issus des Lumières .

Au cours de ces années, cette politique, que nous avons qualifié en son temps de décadence sécuritaire (1), a accouché d’un concept : la tolérance zéro. Celui-ci devait se substituer à la République sociale. Pour cela, les attaques se sont portées sur la structure de la République et il est vrai que le coup est en train de réussir.

Devant cette accumulation multiforme de réformes réactionnaires de nombreuses structures étatiques et républicaines sont en voie de décomposition : la justice bien sûr avec la caporalisation des parquets, la lente agonie des juges d’instruction, la déstructuration du statut de juge du siège et la désorganisation des tribunaux, l’administration pénitentiaire, mais aussi la police et la gendarmerie que l’on a fusionné, les services de renseignements, de contre espionnage..tout y est passé..

Parfois ce fut à l’occasion de juteuses externalisations comme les partenariat Public Privé dans la construction de nouvelles prisons, d’autre fois par l’achat massif de matériel de surveillance électroniques de tout acabit ( de la caméra en passant par le bracelet GPS..etc), investissements à la pertinence et l’efficacité hasardeuse.(2).

La machine à punir ( 3) a peu à peu remplacé la protection sociale universelle sur fond de discriminations et de discours d’exclusion..Le bourrage de crâne tous les soirs via des médias complaisants, une politique de la peur s’est mise en place.

Dès l’été 2003 j’intervenais en ce sens au rassemblement sur le Larzac ( La répression : le néolibéralisme par la peur http://www.dissident-media.org/larz...), mais les forces politiques de l’époque étaient tétanisées..incapables de proposer une alternative...

En 2000 nous avions été quelque uns a poser des actes et proposer des résistances en analysant ce curieux consensus politique. Déjà nous proposions « les droits de l’homme comme remparts contre le libéralisme économique sauvage ».. L’analyse de l’OMC, des règles européennes et de l’AGCS qui clôturaient cette politique étaient l’objet de toutes nos critiques..(http://www.ladepeche.fr/article/200...). Si pour nous, l’écologie devait être une préoccupation première, avant même que le GIEC ne donne ses conclusions alarmistes, cette révolution verte devait se faire sur une base : les droits de l’homme. L’économie de marché et l’accumulation capitaliste dévastait notre planète et si « un autre monde était possible », il a fallut le TCE et la victoire du Non pour commencer a entendre une réaction et la construction d’un discours politique autour de ces sujets.

Pas de Libertés sans Egalité

La formidable campagne du NON au TCE a été un moment d’éducation populaire intense. Le Résultat du vote a par la suite été volé au peuple, la trahison des élites ( 4) n’en a été que plus manifeste. A ce moment là, le V ème République a définitivement disparue et avec elle même l’idée même de République. Tout le monde l’a compris, le coup d’Etat lent et institutionnel qu’a mis en place Nicolas Sarkozy a acté cette situation et a voulu façonner l’Etat selon ses intérêts et ceux de ses amis...

La Res Publica, la chose publique n’était plus dans les préoccupations de la petite caste au pouvoir. Mediapart s’en fait régulièrement l’écho. Cette oligarchie se comporte en fait comme le dixième le plus riche de la population mondiale qui détient 83 % de la richesse. (L’Amérique du Nord et l’Europe possèdent plus de 60 % de cette richesse. La France est l’un des pays qui compte le plus de millionnaires.http://www.inegalites.fr/spip.php?a...).

L’accumulation capitaliste et la politique ouvertement menée par Nicolas Sarkozy en sa faveur nous conduisent dans un mur mais aussi vers une restriction de nos libertés. Pour maintenir de telles inégalités il faudra tôt au tard ( y compris dans notre pays) utiliser la force. L’étau se resserre.

L’égalité qui est attaquée est le fondement de nos libertés.

Cette politique qui n’envisage la société que comme une somme individus âpres au gain supprime tout espoir. Tous les services publics sont attaqués telle l’Education Nationale ferment de l’égalité républicaine...D’ailleurs ouvertement le pouvoir faisait voter une loi intitulée "Egalité des chances" en 2006 qui tout en postulant qu’il n’y avait plus d’égalité entre les citoyens mais simplement de chances multiples a saisir... truffait cette nouvelle baraka législative de nombres de dispositifs coercitifs (http://www.ldh-toulon.net/spip.php?..., la nouvelle société est en marche).

Bien évidemment la fraternité et la solidarité disparaissaient de l’horizon politique de nos gouvernants : la psychiatrie devenait asilaire, l’hôpital chaotique, la sécurité sociale et la solidarité nationale réservée « aux bons français »et les " fraudeurs" traqués drastiquement

Ne parlons de la culture réservée à une élite, son financement devenait sponsorisation commerciale.

Bâtir une réponse politique

Devant de tels défis cette élection présidentielle est vraiment un moment évident de choix fondamentaux, ce que j’ai nommé " la présidentielle de la bifurcation"(http://blogs.mediapart.fr/blog/gill... place la France) : Plus qu’un débat de société , nous serions à une bifurcation de l’Histoire des peuples et de l’humanité.

Bien sûr, il serait naïf de croire qu’un seul homme fusse t-il Jean Luc Melenchon puisse apporter des solutions instantanées..Notre crise écologique, énergétique, économique et financière n’est pas immédiatement soluble dans l’élection présidentielle mais elle doit être appréhendée par le grand nombre de citoyens sur les valeurs universelles de 1789.

Depuis le mois de novembre 2008 nous avons travaillé a quelques uns a débroussailler pour le Parti de Gauche les reformes nécessaires et urgentes dans le domaine des libertés et de la justice : il y a beaucoup d’abrogation en perspective...( 5)

Par ailleurs, sur le plan écologique, la planification me semble être un processus pertinent tant elle implique des solutions sur un temps long alors que l’hyper présidence actuelle versatile et agitée ne se situe que dans l’immédiateté..à l’image de stimuli publicitaires. Planfication coopérative, associativen démocratique...

Mais, me diriez vous, pourquoi pas Hollande ou Eva Joly dès le premier tour.. pour ne citer qu’eux.

Pour le premier, je n’arrive pas a trouver dans son programme les solutions face à l’immensité des enjeux , vider la mer à la petite cuillère il sera temps d’y réfléchir au second tour, sans risque actuellement d’un 21 avril 2002..

Pour ce qui est d’Europe Ecologie Les Verts et d’Eva Joly, cette dernière a bien oeuvré en France contre le corruption, certes, mais tout autant que le Syndicat de la Magistrature dont j’étais le secrétaire général à la même époque ( 6) .. L’écologie nécessite de mettre au coeur du projet politique l’égalité entre les humains ce que j’ai dû mal a entre apercevoir avec EELV. Si dans un mode fini, une croissance infinie n’est plus possible, dès lors le partage des richesses devient crucial et le point de départ obligé de tout programme politique.

Depuis plus de dix ans de nombreux militants attendaient ce moment, surtout après le rendez vous manqué de 2007 qui a vu la gauche s’exploser en chapelles... Alors pour que l’humain d’abord devienne une priorité, c’est Jean Luc Melenchon le 22 avril prochain.

Gilles Sainati

Notes :

1. La décadence sécuritaire, 2007, Editions La Fabrique

2. L’Etat démantelé ; enquête sur une révolution silencieuse ( 2010) Editions La découverte

3. La machine à punir, l’Esprit Frappeur édition 2001 & 2004

4. Europe, la trahison des élites Raoul Marc Jennar. Edition Fayard 2004

5. Quelle justice après la révolution citoyenne Editions Golias 2012

6. Les mauvais jours finiront, 40 ans de combats pour le justice et les libertés mars 2010, édition La Fabrique


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message