Avec la candidature Mélenchon pour qu’un nouvel avenir s’offre à la France et à l’Europe

vendredi 20 avril 2012.
 

C’est peu dire que l’enseignement supérieur et la recherche publics ont été particulièrement malmenés durant le dernier quinquennat. On peut légitimement se demander si le pronostic vital de ces belles institutions nationales n’est pas déjà engagé. L’échéance présidentielle est sans doute la dernière occasion de réagir pour remettre, dans ce domaine comme dans bien d’autres, notre monde à l’endroit. C’est la conviction qui est au cœur de cet appel.

Le pouvoir sortant classe parmi les grandes « réformes » de sa mandature la LRU (loi Liberté et responsabilité des universités), l’accélération du démantèlement des EPST (CNRS) et le développement des dispositifs de financement par projet (ANR, Idex, Labex, etc.). Les élites technocratiques et financières, ainsi que l’essentiel des médias abondent largement dans l’autopromotion de ce bilan qui, enfin, mettrait la France au niveau des standards européens d’une « société de la connaissance » et permettrait ainsi à son économie de tenir son rang dans la compétition mondiale. Les personnels, enseignants, chercheurs, administratifs et techniques, les étudiants et leur famille ont évidemment une tout autre évaluation de ces « performances », y voyant pour l’essentiel une dégradation des conditions de travail, un affaiblissement de qualité du service public et un accroissement des inégalités scolaires et sociales.

Dans le domaine du savoir comme dans bien d’autres (justice, santé, etc.), ces réformes ne font que manifester une vision néolibérale du monde dont la crise actuelle est loin d’avoir remis en cause l’hégémonie idéologique. Il s’agit d’aligner tous les services publics sur le fonctionnement hyperconcurrentiel d’un management privé dont on perçoit par ailleurs les dégâts qu’il a occasionnés dans la sphère économique. Même si en démocratie cette option politique est tout à fait défendable, elle ne saurait en aucun cas constituer l’horizon indépassable de notre modernité. Elle s’oppose radicalement à la vision progressiste d’un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les prochaines élections générales en France sont enfin l’occasion d’avoir un vrai débat sur ces questions de société qui, au-delà des valeurs propres au savoir, à son libre développement et à sa diffusion gratuite, engagent rien de moins que la justice sociale et l’émancipation du plus grand nombre.

C’est à cette vision progressiste que nous, universitaires et chercheurs signataires de cet appel, sommes profondément attachés dans toutes nos pratiques professionnelles et c’est cette vision que nous entendons faire valoir dans le débat présidentiel. Au-delà de nos différences syndicales ou politiques, nos luttes contre les « réformes » nous ont permis de converger vers un diagnostic partagé concernant les effets mortifères de ce dirigisme néolibéral. Sans prétendre énoncer un programme alternatif, et en ayant bien conscience qu’une autre politique dans ce domaine passe elle aussi par un tout autre partage de la richesse nationale que celui que nous subissons depuis trente ans, nous voudrions simplement ici affirmer les quelques convictions qui structurent une « boussole progressiste »  : organisation et fonctionnement démocratiques de nos structures (et non bureaucratisation), consolidation de l’emploi, défense des libertés académiques, sortie de « l’évaluationnite hyperindividualiste », réaffirmation de la coopération et non de la concurrence comme norme de travail, réorientation vers un financement stable de la recherche, gratuité des études supérieures.

Les programmes des différents candidats à la présidentielle sont désormais connus. C’est vers la candidature portée par le Front de gauche, celle de Jean-Luc Mélenchon, que s’oriente notre boussole car elle énonce des propositions claires pour l’enseignement supérieur et la recherche  : abrogation de la LRU et du pacte pour la recherche, gouvernement des universités et des organismes de recherche par des instances démocratiques et collégiales, financement récurrent de la recherche, création d’emplois sous statut de fonctionnaire, pour n’en citer que les principales.

Comme d’autres à gauche, cette candidature désigne clairement un ennemi, l’extrême droite, et des adversaires, la droite et le centre droit, dont les propositions pour l’enseignement supérieur et la recherche ne proposent finalement que de finir le travail de sape des services publics du savoir qui est bien engagé. Mais plus clairement que d’autres à gauche, cette candidature entend rompre radicalement avec ce dirigisme néolibéral et remettre nos services publics au cœur d’un projet de société progressiste. Elle veut que la gauche gagne durablement pour qu’un nouvel avenir s’offre à la France et à l’Europe.

PREMIERS SIGNATAIRES : Richard Sobel (économie, Lille-I), Moussa Naït-Abdelaziz (mécanique,Lille-I), François Thieuleux (physique, Lille-I), Roland Delacroix (sociologie, CNRS), PhilippeBon (Ifsttar), Franck Van De Velde (économie, Lille-I), Fabien Eloire (sociologie, Lille-I), LaurentCordonnier (économie, Lille-I), Karel Yon (sociologie, CNRS), Guy Joignaux (Ifsttar), Grégory Salle(sociologie, CNRS), Pierre Alary (économie, Lille-I), Isabelle Bruno (sciences politiques, Lille-II),Marc Delgrange (sport, Lille-III), Giovanni Luna (italien, Lille-III), Marc Richevaux (droit, littoral-Côted’Opale), Jérôme Riedi (physique, Lille-I), Nathalie Ethuin (sciences politiques, Lille-II), Yves Macchi(espagnol, Lille-III), Olinda Kleiman (portugais, Lille-III), Jean-Claude Darcheville (psychologie, Lille-III), Robert Horville (lettres modernes, Lille-III), Françoise Naour (chinois, Lille-III), Marc Steinling(médecine, Lille-II), Philippe Enclos (droit, Lille-II), Nicole Garnier (sociologie, Lille-I), PhilippeRousseau (langues anciennes, Lille-III), Lise Demailly (sociologie, Lille-I), Hassina Zeghlache(physique, Lille-I), Olivier Chantraine (information, communication, Lille-III), Cécile Vignal (sociologie,Lille-I), Fabrice Caudron (IAE, management, Lille-I), Bernard Convert (sociologie, CNRS), GérardTemperman (informatique, Lille-I), Judith Barna (anglais, Artois), Maryan Kochanowicz (mécanique,Valenciennes), Quentin Thommen (physique, Lille-I), Jean-Luc Debru (allemand, Lille-II),Bruno Ambroise (philosophie, CNRS), Marc Delepouve (mathématiques, Lille-I)…


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