Les gens ont le sentiment d’avoir renoué 
avec l’intelligence collective

lundi 7 mai 2012.
 

Depuis quelques années, et plus fortement après la campagne sur le traité constitutionnel européen, un constat s’imposait  : la parole populaire prenait une force nouvelle. Plus lucide sur les mécanismes du système libéral, plus consciente des enjeux de société et en réflexion constante sur les exigences du changement. Nous sentions alors comme une porte entrouverte. Il restait à l’ouvrir. À l’ouvrir complètement. C’est fait  !

Les rassemblements de plein air et les salles trop petites autour de notre candidat, Jean-Luc Mélenchon, sont le symbole de cette entrée fracassante du peuple dans la construction de ce que l’on n’osait plus appeler « des lendemains qui chantent ».

Car, au-delà du bonheur, du plaisir partagé, des cris et des chansons portés à l’unisson, le peuple de retour manifeste une volonté qui dépasse tous les enthousiasmes d’une campagne électorale hors du commun  : il se veut d’utilité publique.

Ceux qui viennent à la rencontre du Front de gauche nous le disent  : ils repartent avec le sentiment d’avoir renoué avec l’intelligence collective, le sens du partage et de la solidarité, le goût de travailler pour le bien commun, l’envie renouvelée de privilégier l’intérêt général à l’intérêt personnel. Et c’est là que notre slogan, « prenez le pouvoir », donne pleinement son sens. Reprendre sa vie en main, c’est le message que transmet si bien notre rassemblement quand beaucoup d’autres forces en appellent à la délégation de pouvoir. Le Front de gauche matérialise aussi une créativité dans l’action politique, avec ses artistes du quotidien et une prise d’initiatives publiques qui faisaient défaut depuis si longtemps. Il faudra sans doute du temps pour élargir encore davantage le cercle de l’engagement militant de cette France qui bouge, mais je crois que nous sommes sur la bonne voie.

Je suis de ceux qui, depuis des mois, ont sillonné la France et animé cette formidable dynamique  : de Saint-Gaudens à Saint-Quentin, de Limoux à Villié-Morgon, de la haute Auvergne cantalienne au bocage du Bourbonnais… non pas de ces gros meetings, avec le candidat, déplaçant des milliers de citoyens, mais de ces réunions où le contact direct, le témoignage de vie et le choix des mots construisent notre pensée politique et donnent du corps à nos exigences de transformation sociale. De ces rencontres où, chaque soir, cinq, dix ou vingt personnes nouvelles prennent le temps de nous rejoindre et de nous parler, nous tirons une dynamique de construction qui s’ancre dans la durée et sur les territoires. N’ayons pas de fausse modestie à le dire, nous tenons là une renaissance de la parole populaire, du partage de l’action politique, dans un pays qui était, il y a quelques mois encore, comme anémié par l’empreinte de la pensée libérale et de son lot de repli sur soi.

Certes, nous n’avons pas soudainement « découvert » le peuple. Mais nous avons mis en œuvre ce que nous avions souvent seulement énoncé  : la construction politique n’est pas du côté des « sachant », dans la délégation de pensée et d’idées à des élus et à des responsables de parti, elle est dans le vécu et l’analyse de ceux qui sont au cœur de la réalité sociale. Et c’est, j’en suis persuadé, cette prise de conscience que le Front de gauche est en passe de concrétiser durablement, après tant de balbutiements citoyens ici ou là, en particulier dans les collectivités locales où les communistes sont en mandat. Et par là, nous grandissons la politique.

Car, qui peut mieux que les Fralib, les M-Real, les Petroplus, les ArcelorMittal bâtir et proposer des alternatives à la faillite industrielle de tant de sites de production  ? Qui peut mieux défendre l’intérêt général, le bien commun que ceux qui placent leur emploi et celui de leurs enfants avant le profit de quelques privilégiés et de leurs héritiers  ? Qui peut mieux nourrir une proposition de loi pour donner aux salariés les droits qui leur reviennent que ceux qui déplorent, dans leur quotidien, l’absence de ces droits pour sauvegarder et transformer leur outil de travail dans le respect de leur santé et de l’environnement  ?

C’est cette approche qui nourrira désormais une pratique politique nouvelle dans les lieux de vie et de travail  : du plus petit village à la cité urbaine, de l’atelier de mécanique au comptoir de banque, de l’agriculture paysanne à la grande surface, du laboratoire de recherche au bloc chirurgical de l’hôpital de proximité… c’est bien la révolution citoyenne qui est en marche  !

André Chassaigne


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