Vers une révolution citoyenne au Québec ?

mardi 29 mai 2012.
 

Au Québec, le mouvement étudiant lutte courageusement depuis plus de 3 mois contre une hausse des frais d’inscription de 1 780 dollars sur 7 ans, décidée par le gouvernement libéral de Jean CHAREST. Ce mouvement a été qualifié par the Guardian "d’opposition politique la plus radicale au néo-libéralisme en Amérique du Nord".

« Quand l’injustice est loi, la résistance est un devoir »

Le gouvernement de Jean CHAREST a refusé pendant plus de deux mois d’ouvrir des négociations avec les organisations étudiantes. Aux revendications étudiantes, le gouvernement CHAREST n’a opposé que mépris, qualifiant les étudiants en grève d’enfants gâtés ne voulant pas assumer « leur juste part ». Il a, en parallèle, encouragé discrètement des actions judiciaires, intentées par des étudiants non–grévistes (proches du parti libéral), et visant à obtenir la reprise des cours à titre individuel. A ce mépris, les étudiants ont répondu en multipliant les manifestations, les occupations, voire les blocages (notamment du Pont Jacques Cartier). Le grand défilé du 22 mars à Montréal a rassemblé plus de 200 000 personnes. A la mobilisation des étudiants, le gouvernement a opposé les matraques et la répression ! Depuis le début du mouvement, plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées dans le cadre des manifestations. Chaque manifestation a occasionné son lot d’éclopés, victimes des violences policières. Les violences ont culminé lors de la manifestation de Victoriaville (04 mai) où trois manifestants ont été blessés au visage par des tirs de balles en caoutchouc.

Face à la détermination des étudiants, le gouvernement a dû se résoudre à engager un simulacre de négociations se traduisant par une augmentation encore plus importante des frais d’inscription (passant de 1625 sur 5 ans à 1780 dollars sur 7 ans). Le gouvernement aura tout tenté, jusqu’à faire adopter vendredi 18 mai une loi spéciale, la loi 78, restreignant fortement la liberté de manifestation. Cette « loi - matraque » interdit de fait les piquets de grève en exposant leurs participants à de fortes amendes : jusqu’à 125 000 dollars pour une association. Cette loi constitue une fuite en avant autoritaire d’un gouvernement incapable d’engager une négociation sérieuse avec les organisations étudiantes.

« Si la grève est étudiante, la lutte est populaire »

Cette loi aura constitué la « goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Elle a constitué un vrai faux pas de la part du gouvernement. Le corps social finit par réagir : le « Journal de Montréal » a publié une enquête selon laquelle 53% des québécois trouvent que le gouvernement va trop loin. Le mouvement est désormais soutenu par de vastes secteurs de la société (syndicats, écologistes, féministes, avocats,...). La manifestation contre la loi spéciale du 22 mai a réuni plus de 250 000 personnes, avec la participation de syndicats tels que la FTQ. Plusieurs centaines d’avocats se sont proposés d’aider bénévolement les étudiants à contester juridiquement la loi. Les associations étudiantes, appuyées par près de 70 organisations ont déposé récemment deux requêtes en Cour supérieure dans le but de contrer la loi spéciale.

Désobéissance civile

Les québécois organisent à présent la désobéissance civile à large échelle. Les manifestations nocturnes de casseroles se multiplient depuis la semaine dernière, surtout à Montréal et à Québec, réunissant par quartiers des milliers de manifestants et convergeant vers le centre ville. Elles se déroulent dans une ambiance pacifique malgré les arrestations massives (plus de 700 arrestations deux jours de suite).

Se dirige–t–on vers une révolution citoyenne au Québec ?

Les manifestations provoqueront–elles, comme en Islande, la chute du gouvernement ? Vers quoi aboutira ce mouvement, nul ne le sait actuellement. Amir Khadir, député de Québec solidaire, déclarait au journal Libération « Jean Charest pense qu’il va épuiser les étudiants. Mais il ignore la réalité du terrain. Même dans notre parti, où on est habitués à la mobilisation citoyenne, on ne comprend pas le mouvement. Ça dépasse tout ce qu’on a connu en trente ans, avoue-t-il. Le mouvement étudiant a planté une force au Québec impossible à déloger. Je ne vois pas comment ça va se régler. Va-t-il y avoir de la violence ? Des dérapages ? Je ne le souhaite pas. Mais une chose est sûre, le gouvernement n’aura rien fait pour empêcher une telle escalade. »

Nul doute que les deux élections partielles organisées le 11 juin dans les circonscriptions de LaFontaine et d’Argenteuil serviront de test politique. Souhaitons qu’elles constituent une cuisante défaite pour les libéraux.

CHAREST DEGAGE !


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